Le comportement du croyant par Al-Hassan Al-Basrî

Au Nom de Dieu, Clément et Miséricordieux

« …Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin ! »

Saint-Coran, Sourate 20 Verset 47

Avant de commencer je prononcerai l’invocation de Moise(que la paix de Dieu soit sur lui) :

« Seigneur, ouvre-moi ma poitrine, et facilite ma mission, et dénoue un nœud en ma langue, afin qu'ils comprennent mes paroles »

Saint-Coran, Sourate 20 Versets 25 à 28

Le comportement du croyant par Al-Hassan Al-Basrî[1]

rapporté par Ibn Al-Jawzî[2]


Certes, parmi les comportements du croyant :

il doit avoir une force dans la religion,

une fermeté accompagnée d'une douceur,

une foi accompagnée d'une conviction,

une science accompagnée d'une indulgence,

une indulgence accompagnée d'une science,

une intelligence accompagnée d'une douceur,

une belle apparence tout en étant pauvre,

une richesse accompagnée d'une modération,

des dépenses accompagnées d'une sollicitude,

une miséricorde envers celui qui est essoufflé,

l'acquittement des droits [d'autrui],

une rectitude accompagnée d'une équité.

Il n'est pas injuste envers celui qu'il hait ;

il ne commet pas de péchés afin d'aider celui qu'il aime ;

il ne calomnie pas ;

il ne fait pas de clins d'œil ;

il ne dénigre pas ;

il ne tient pas de  propos futiles ;

il ne se divertit pas et il ne s'amuse pas.

Il ne sème pas la discorde ;

il ne convoite pas ce qui ne lui appartient pas ;

il ne nie pas les droits qui sont à sa charge ;

il ne dépasse pas les limites dans les quantités ;

il ne se réjouit pas de la turpitude dont est atteint autrui

et il n'éprouve pas de plaisir lorsqu'un malheur atteint autrui.

Le croyant fait preuve de recueillement dans sa prière

et s'empresse de s'acquitter de l'aumône légale.

Ses propos sont une guérison,

sa patience est une piété,

son silence est une réflexion,

son regard est une leçon.

Il fréquente les savants afin d'apprendre,

il se tait lorsqu'il est avec eux, afin d'être sain et sauf.

Il parle afin de rapporter une récompense,

s'il se comporte bien, il se réjouit,

et s'il se comporte mal, il demande pardon [à Allah].

Si on lui fait des reproches, il cherche à contenter,

si on se moque de lui, il fait preuve d'indulgence,

s'il subit une injustice, il patiente,

si on l'opprime, il s'éloigne,

il ne cherche de protection qu'auprès d'Allah,

il ne demande l'aide que d'Allah.

Il est posé lorsqu'il est en public,

il est très reconnaissant lorsqu'il est seul,

il est satisfait de ce qu'il possède,

il loue [Allah] pour l'aisance.

C'est un patient lors des malheurs,

le désespoir ne l'atteint pas

et il n'est pas vaincu par l'avarice.

S'il s'assoit avec ceux qui font du vacarme, on l'inscrit parmi ceux qui invoquent [Allah],

et s'il s'assoit avec ceux qui invoquent [Allah], on l'inscrit parmi les insouciants.

Le croyant a un visage souriant,

un bon comportement.

Il est bienfaisant et généreux,

il est clément et entretient ses liens de parenté.

On coupe les liens de parenté avec lui et lui, il les entretient,

on lui fait du mal et il supporte, on l'humilie et il honore.

Il est d'une grande patience lors des malheurs

et il supporte les différents préjudices ;

la vie terrestre n'a aucun valeur pour lui,

c'est pour cela qu'il n'y construit pas de demeure et qu'il n'y change pas de vêtements,

il a une grande confiance [en Allah] et il ne pense pas du mal d'Allah.

Le croyant est paisible,

tendre,

pieux,

pur,

vertueux,

satisfait,

il ne se fait pas piquer deux fois par un même terrier[3],

il est pâle,

il a les cheveux ébouriffés,

il convoite peu,

il est intelligent en ce qui concerne sa religion,

et il est naïf en ce qui concerne sa vie terrestre.

Le croyant est très respectueux,

généreux avec son voisin,

il obéit au Tout-Puissant,

il fuit les châtiments de l'Enfer,

son âme témoigne de la Science d'Allah,

ses membres invoquent Allah,

sa main est tendue vers le bien,

il se fatigue à faire son examen de conscience

et les gens sont à l'abri de lui.

Le croyant est franc s'il promet,

il agrée rapidement,

il est loin de la colère,

il apprend si on l'instruit,

il comprend si on lui explique ;

celui qui le prend pour ami est à l'abri,

celui qui le fréquente y gagne,

il a la raison complète,

il œuvre beaucoup,

il a peu d'espoir,

il a un bon comportement,

il dissimule sa colère.

Ibn Al-Jawzî, Al-Hassan Al-Basrî: sa piété, sa sagesse, sa dévotion, son ascétisme et ses sermons, aux éditions Sabil, 2008, p.167-170

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Notes personnelles :

[1]. Al-Hassan Al-Basrî (642 - 728 ou 737), surnommé Abû Sa'îd, était le serviteur de Zayd Ibn Thâbit. Sa mère s'appelait Khayra et elle était la servante d'Oum Salama (qu'Allah l'agrée) l'épouse du Messager d'Allah (saws). On rapporte qu'Oum Salama (qu'Allah l'agrée) l'allaita lorsqu'il était petit, d'où le fait que la tradition rapporte que sa sagesse et sa connaissance sont dues à cela.

Il n'a pas connu l'Envoyé de Dieu (saws), mais il a connu ses illustres compagnons et c'est d'eux qu'il tira ses connaissances et sa sagesse bien légendaire. On rapporte que 'Umar Ibnou Al-Khattâb implora la bénédiction divine en sa faveur de la sorte : "Seigneur fais-lui don de la compréhension de la religion et fais qu'il soit aimé des gens". Pour en savoir plus  sur sa biographie voir le lien suivant : ISLAMOPHILE

[2]. Ibn al-Jawzî (509/510 - 1115/1116) était un savant du hadith et un commentateur du Coran originaire d'Irak, connu également pour son expertise en Histoire et sa maitrise de la langue arabe. Il avait l'habitude de beaucoup écrire. Son petit-fils Abû Al-Muzafar rapporte dans son Mirât az-Zamân (8/482) : "J'ai entendu mon grand-père dire alors qu'il était sur le minbar : "Avec mes deux doigts que voici, j'ai écrit 2 000 volumes et j'ai été la cause de la conversion de 20 000 personnes". Il aurait écrit en tout 152 livres.

[3]. Probablement une référence au très célèbre hadith du Prophète (saws) : ” Le Croyant ne doit pas se laisser piquer deux fois (par un animal) sortant d'un même trou ”  (rapporté par al-Bukhârî n°5668 ; Muslim n°5317 ; Abû Daoud n°4220 ; Ahmad n°8572 ; ad-Dârimî n°2662) c'est-à-dire qu'il ne ne tombe pas deux fois dans le même piège.