Le prophète (sws) aurait ordonné le meurtre d'Abou 'Afak !?!

Le prophète (sws) aurait ordonné le meurtre d'Abou 'Afak !?!

Collectif Sahab Ed-Dine

Création : 30 août 2010

 

1. Introduction

 

Les missionnaires chrétiens avancent l’idée que le Prophète (saws) aurait ordonné de tuer Abou 'Afak. Nous allons démontrer encore une fois le mensonge qui se cache derrière cette allégation. 

Remarque : les traductions en vert ne sont pas les nôtres et sont issues du site islamophobe islamophobe "islam-document". Elles laissent à désirer principalement sur les dénominations des personnages et sur les expressions employées. 

2. Les sources

- Version d'ibn Hishâm, Conduite d'Allah 675:

Abu Afak était un membre des Banu Amir ibn Awf, du clan des Banu Ubayda. Il avait montré de la désapprobation quand l'apôtre d'Allah a tué al Harith ibn Suwayd ibn Samit, et il a  déclaré:

"J'ai vécu longtemps mais je n'ai jamais vu une assemblée ou un rassemblement de gens plus fidèles à provoquer leur soumission ainsi que leurs alliés quand ils sont appelés, autant que les fils de Qayla quand ils se regroupent. Les gens qui renversent les montagnes et ne se soumettent jamais,

un cavalier qui est venu chez eux les a divisés en deux , en disant: "ça permis! ça interdit! et ce genre de discours. Si vous aviez cru dans la gloire et la royauté, vous auriez suivi Tubba."

L'apôtre d'Allah a dit:

-Qui s'occupera de ce vaurien pour moi?

Alors Salim ibn Umayr, frère des banu Amir ibn Awf, un des "pleureurs", partit et le tua. Umama ibn Muzayriya a dit à ce sujet:

Vous avez opposé un mensonge à la religion d'Allah et à l'homme valable! Par celui qui était votre père , le mal est le fils qu'il a produit!

Un hanif m'a donné un coup dans la nuit en disant:

-Prends ça! Abu Afak , en dépit de ton âge!

Mais je ne sais pas si c'est un homme ou un djinn qui t'a assassiné au plus noir de la nuit ; je n'en dirai rien.

- Version d'ibn Sa'd , Tabaqat II 31-2:

Alors eut lieu l’expédition de Salim ibn Umayr al Amri contre Abu Afak , le juif, au mois de shawwal, du douzième mois de l’Hégire. Abu Afak , qui était des Banu Amir ibn Awf , et qui était un vieil homme , ayant atteint l’âge de 120 ans. Il était juif, et excitait les gens contre l’apôtre d'Allah et composait des vers satiriques. Salim (...) dit:

-Je fais le voeu de tuer Abu Afak ou de mourir devant lui.

Il attendit une opportunité de le faire, jusqu’à une certaine nuit très chaude, où Abu Afak dormait à l’air libre. Salim le sut, et il plaça son sabre juste au niveau de son foie, puis appuya fort jusqu’à atteindre le lit. L’ennemi d’Allah hurla et les gens qui était à sa suite se dépêchèrent à son secours, l’emportèrent puis l’inhumèrent.

3. Analyse de l'allégation

Le Prophète (sws) aurait selon eux ordonné l'assassina d'Abou 'Afak simplement parce que cet homme, qui était un poète, aurait émis des proses satiriques contre l'Envoyé de Dieu (sws). 

Notons qu'il était âgé de 120 ans. Ce qui est intéressant ici et qui balayera très vite cette attaque contre l'Islam et en particulier Muhammad (sws) c'est d'une part les versions contradictoires entre le rapport d'Ibn Hisham et celui d'Ibn Sa'd, et surtout le fait qu'il n'y a aucune chaîne de transmission dans ces récits

En Islam, l'origine d'une source est primordiale, c'est pour cela que les savants de tout temps se sont acharnés sur les chaînes des transmetteurs pour déceler ceux qui pouvaient être véridiques des menteurs ou des gens faibles dans l'apport de récit ou d'histoire concernant le Prophète (sws). 

A partir du moment où il n'y a aucune source, un récit est rejeté immédiatement, car il peut provenir d'une source juive, chrétienne ou encore polythéiste couvert par l'anonymat ou l'hypocrisie d'une fausse conversion à l'Islam pour l'endommager et lui faire du tord. 

Or, nous savons que les récits provenant de ces sources sont la plus part du temps inventées, faibles ou mensongères. Sur ce seul point, l'allégation est réfutée

Cette histoire n'est rapportée par aucun des livres authentiques de plus. Parfois, il existe des récits qui sont faibles, douteux, mensongers ou autre mais qui ont un "isnad" (chaîne de transmission) qui permet de définir justement leur degré d'authenticité. Ici, pour ces récits, il n'y en a pas du tout et en Islam le fait de ne pas avoir d'isnad est considéré comme le plus bas degré de la faiblesse d'un récit et personne ne le prend en considération.

Dans le récit d'Ibn Ishaq (repris ici par Ibn Hisham), c'est le Prophète Muhammad (sws) qui demande à quelqu'un de le tuer. Dans le récit d'Al-Waqidi (reprit ici par son disciple Ibn Sa'd), c'est Salim (raa) qui décida tout seul de tuer Abou 'Afak ! Quelle belle contradiction pour commencer ! 

Car dans un cas, c'est le Prophète (sws) qui l'ordonne et dans l'autre, c'est un Compagnon en prend l'initiative. Quelle version est la plus authentique parmi ces 2 versions ? 

Du fait qu'il n'y a aucune source, aucune chaîne de transmission pour ce récit et qu'il n'est pas connu des sources authentiques, alors le problème est vite réglé: c'est un mensonge ou une histoire inventée mis sur le compte du Prophète (sws) et reprit par les islamophobes.

4. Conclusion

 

Pour conclure sur cette mort, retenons les points suivants :

 

1) Il n'y a aucune chaîne de transmission dans ce récit qui pourrait nous faire vérifier sa teneur en véracité

2) Il demeure une contradiction évidente entre les 2 versions rapportées

Notre observation s'arrête là. Ce n'est pas parce qu'un récit est rapporté dans un livre historique qu'il est forcément pertinent. En parlant de la science du hadith, les initiés connaissent les célèbres citations suivantes :

"Cette science est une religion. Voyez de qui vous puisez votre religion" (rapporté par Mouslim)

"Cette science sera cultivée dans les générations à venir par les plus dignes de foi d'entre ses représentants. Ils la protègeront contre les altérations des hérétiques, contre les entreprises des menteurs et contre les interpolations des ignorants" (introduction, Ad-Darimî).

Observez que ces deux citations ont été émises au tout début de l'avènement de l'Islam. Il est donc normal de trouver des ahadiths faibles, forts ou moyens et de trouver des récits qui n'ont aucune chaine de transmission. Ces récits n'ont pas de valeur. Gardons en tête le rappel du Coran :

Traduction approchée :

« Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. »

[Saint-Coran, Sourate 49 verset 6]

 

Le Prophète (saws) rappelle également ce principe coranique dans un hadith authentique :

 

‏ ‏لا تكذبوا علي فإنه من يكذب علي ‏ ‏يلج ‏ ‏النار ‏

 

« Celui qui ment volontairement sur moi, qu’il prenne sa place en Enfer »

Ce hadith est rapporté par plus de 70 compagnons du prophète (saws) et il est considéré comme étant « mutawâtir lafzi » (c’est-à-dire notoire verbal). On le trouve notamment dans les ouvrages suivants :

[1] Sahih Al-Bukhârî, n°106 

[2] Sahih Muslim, n°1 

[3] Abou Na’im, Houliya Al-Awliyâ, 8/431 

[4] Ibn Hazm, Oussoul Al-Ahkâm, 1/215 

[5] Adh-Dhahabî, Siyar A’lâm An-Nubalâ, 5/410 

[6] Ahmad Shâkir, ‘Oumda At-Tafsir, 1/151 

[7] Al-Albânî, Sahih Ibn Mâja, n°29 

[8] Al-Albânî, Sahih At-Tirmidhî, n°2660 

[9] Al-Albânî, Sahih Al-Jâmi’, n°7436 et 7437

Source: DORAR.NET

Notre observation s'arrête là. 

Dieu Sait Mieux ce qu'il en est - Allahou A’lam !