Avis des chercheurs occidentaux

IV - Avis des chercheurs occidentaux

Nous portons à présent au lecteur l'avis des chercheurs occidentaux autour de l'histoire d'Ibn Mas'oud et des Mou'awidhatayne.

Comme le rapporte la spécialiste Vivane Comerro dans son ouvrage sur "les traditions sur la constitution du mushaf de 'Uthman", éditions OIB 2012, p.1 : "En 1857, à Paris, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, devant l'intérêt croissant des études islamiques en Europe, met au concours le sujet suivant : "L'histoire critique du texte du Coran". C'est un chercheur allemand Theodor Nöldeke (1836-1930) qui remporte le prix - à égalité avec les contributions de Michele Amari (1806-1889) et Aloys Sprenger (1813-1893) - grâce à une étude issue de sa thèse de doctorat en latin. Celle-ci sera publiée en allemand en 1860 à Göttingen sous le titre de Geschichte des Qorâns. Cet ouvrage, révisé et complété par Friedrich Schwally entre 1909 et 1919, deviendra la base de toutes les recherches coraniques jusqu'à une époque récente."

La première source que nous citerons sera donc celle de Theodor Noldeke.

A) Theodor Nöldeke (1836-1930), Friedrich Schwally, Gotthelf Bergstrasser et Otto Pretzl, "Geschichte des Qurans" (trad. Histoire du Coran), Editions Brill 2013, p. 245-247

D'autre part, le nombre de sourates dans le codex d'Ibn Ma'sud n'est pas explicitement établi dans l'Itqân (c-a-d l'ouvrage de l'imâm as-Souyoutî mort en 911 de l'hégire), dans al-Fihrist (ouvrage d'ibn Nadim) le résultat des calculs consiste en seulement 110 sourates. Ceci est très étrange. Comme ce codex est plus court de 3 sourates, ce total aurait du être de 111 [...] D'un autre côté, Ibn Mas'ud a deux ou trois sourates en moins (1, 113 et 114) que la recension autorisée.

Étant donné que toutes la recherche moderne s'appuie sur l'ouvrage cité, nous nous contenterons d'ajouter que quelques références :

B) Alfred Louis de Prémare, Aux origines du Coran, questions d'hier, approches d'aujourd'hui, éditions Téraedre 2010, p. 87

Ibn al-Nadim et Souyouti, d'après leurs sources respectives, nous fournissent chacun également, avec des variations, une liste des sourates telles qu'elles se trouvaient ordonnées dans le codex d'Ibn Mas'ud. L'ordre des sourates, ici encore, est différent ; de plus, la sourate d'ouverture, la Fâtiha, n'y figure pas ; il y manque aussi les deux petites sourates prophylactiques - 113 et 114 -

C) M.A. Amir Moezzi, Le Coran silencieux et le Coran parlant, éditions CNRS 2011, pages 78-79

Et puis Ibn Mas'ud aurait considéré comme des prières, et non des révélations coraniques, la première sourate (al-Fâtiha) ainsi que les deux dernières, dites al-mu'awwidhatân, de la vulgate officielle.

D) Shady Hekmat Nasser, The Transmission of the variant readings of the Qur'an, the problem of tawatur and the emergence of shawadhdh, éditions Brill 2012, p. 90

[...] Ibn Mas'ud a nié la nature coranique des al-mu'awwidhatayn.

E) Comité international d'historiens et d'anthropologues des religions, sous la direction de Dionigi Albera et Katell Berthelot, Dieu une enquête : Judaïsme, christianisme, islam, ce qui les distingue, ce qui les rapproche, éditions Flammarion, 2013, p. 40 et 47, partie écrite par Gilles Dorival

Toutefois, il est sûr qu''Uthmân n'a pas réussi à détruire toutes les recensions concurrentes, dont certaines ont subsisté assez longtemps [...] Celle d'Ibn Mas'ud n'offrait pas les sourates 1, 113 et 114 [...] La recension d''Uthmân comprend 114 sourates ; celle d'Ubayy, 116 ; celle d'Ibn Mas'ud 111.

Vous pouvez consulter également les sources suivantes :

    1) Angelika Neuwirth, Nicolas Sinai et Michael Marx, "The Qur'an in context, Historical and literary investigations into the qur'anic milieu", editions Brill, 2010, p. 798

    2) Mondher Sfar, "Le Coran est-il Authentique ?", 2010, p. 39 dans son chapitre "deux brèves prières écartées du Coran"

    3) John Gilchrist, "Jam' al-Qur'an", Editions Mercsa 1989, p. 67

Et d'autres encore qu'il serait fastidieux de citer ici, cependant la méthodologie est toujours la même. Les chercheurs occidentaux reprennent tous les travaux des premiers auteurs de "Geschichte des Qurans" (Histoire du Coran) de Theodor Noldeke, Friedrich Schwally, Gotthelf Bergstrasser et Otto Pretzl qui ont basé leurs travaux sur les auteurs anciens comme Ibn Nadim dans son "al-Fihrist" (le répertoire) d'Ibn an-Nadim et de l'Imam as-Suyuti dans son "al-Itqan fi 'Ulum al-Qur'an" (le guide parfait des sciences islamiques).