Les théories du complot : génériques, rationnelles et irrationnelles

Les théories du complot : génériques, rationnelles et irrationnelles

Par David Ray Griffin

Les critiques les plus fréquentes qui s’adressent à la théorie dissidente proposée par le Mouvement pour la vérité sur le 11/9 la désignent sous l’appellation de théorie du complot. Cette désignation tire avantage du fait que la locution “théorie du complot” a pris une connotation si péjorative que l’affirmation “je ne crois pas aux thèses conspirationnistes” est presque devenue un réflexe. Derrière la connotation péjorative se profile la présupposition qui veut que les théories du complot soient par essence irrationnelles. Toutefois, employer le terme de cette façon sème la confusion.

Un complot, selon mon dictionnaire, est “une entente pour perpétrer à plusieurs un acte illégal, perfide ou malfaisant”. Soutenir une théorie du complot au sujet d’un événement quel qu’il soit revient donc systématiquement à soutenir que cet événement est causé par tel type d’entente ou qu’il en résulte. Disons qu’il s’agit là de la définition générique du terme.

On est un théoricien du complot au sens générique du terme, si on croit que des hors-la-loi ont comploté pour cambrioler des banques, que des cadres d’entreprises se sont entendues avec des scientifiques à leur solde pour dissimuler la réalité du rôle de l’activité humaine dans le réchauffement de la planète et que des Présidents des Etats-Unis ont comploté avec des membres de leurs administrations pour se lancer dans des guerres sous de fallacieux prétextes. Autrement dit, nous sommes tous des théoriciens du complot au sens générique du terme.

Donc, nous ne pensons visiblement pas que toutes les théories du complot sont irrationnelles. Bien sûr, certaines d’entre elles le sont effectivement, parce qu’elles se fient à des préjugés plutôt qu’à des preuves pertinentes. Elles ignorent tous les éléments probants qui contredisent les préjugés, elles violent tous les principes scientifiques, et ainsi de suite.

En d’autres termes, il faut faire la différence entre les théories du complot rationnelles et celles qui ne le sont pas. Michael Moore a fait ce distinguo dans sa boutade célèbre :

A ce jour, je n’entre pas dans les théories du complot, sauf celles qui sont vraies”.

Pour appliquer ce distinguo aux événements du 11 septembre, nous devons reconnaître que tout le monde est tenant d’une théorie du complot au sens générique du terme, parce que tout le monde pense que les attentats du 11 septembre sont le résultat d’une entente secrète pour perpétrer des actes illégaux, perfides et malfaisants. Ce n’est que sur l’identité des conjurés que les gens ne sont pas d’accord. La théorie officielle du complot soutient que les conjurés sont Oussama ben Laden et d’autres membres d’al-Qaida. Les théories divergentes soutiennent que les conjurés sont, ou au moins comprennent, des gens faisant partie de nos propres institutions.

A la lumière de ce disitinguo, on mesure que la plupart des critiques à l’encontre des théories divergentes relatives au 11 septembre sont doublement fallacieuses. D’abord elles font abstraction du fait que la thèse officielle est une théorie du complot au sens générique du terme. Ensuite, elles sous-entendent que les théories du complot sont en soi irrationnelles. Sur cette base fallacieuse, elles concluent, sans examen sérieux des éléments tangibles, que les théories divergentes sur le 11 septembre sont irrationnelles.

Source : David Ray Griffin, 11 septrembe : La faillite des média, une conspiration du silence, Collection Résistances, éditions Demi-Lune, p.20-22