Discussion des textes évangéliques

II - DISCUSSION DES TEXTES ÉVANGÉLIQUES

1 - Passages métaphoriques ayant trait à la Divinité de Jésus

a) Premier passage - « Moi et le Père sommes Un »

Le premier passage est donné par Jean dans son Évangile au chapitre 10:

« Moi et le Père, nous sommes Un. Les Juifs s'emparèrent alors de pierres pour le lapider. Il leur répondit en disant: "je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres venant de mon Père. Pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ?" Les Juifs répondirent: "ce n'est pas à cause des bonnes œuvres que nous te lapidons, mais à cause du blasphème, car alors que tu es un homme, tu te fais Dieu." - Jésus leur répondit: "N'est-il pas écrit dans votre livre sacré [Thora] « J'ai dit : Vous êtes des dieux. » - Si donc « elle a appelé "dieux" ceux à qui la Parole a été adressée -et «l'Écriture ne peut être anéantie - à combien plus forte raison «celui que le Père a sanctifié et qu'il a envoyé dans le monde ! » [Jean 10:30-36]

Nous répondons: Ce passage est en faveur de la thèse que nous voulons établir à propos de la question de l'union. Voici comment:

Lorsque les Juifs reprochèrent à Hadrat 'Issa sa déclaration « Moi et le Père, nous sommes Un », et c'est là proprement toute la question de l'union, croyant qu'il entendait ces paroles « Moi et le Père, nous sommes Un », dans leur signification littérale, et qu'il serait ainsi réellement Dieu, il écarta leurs reproches, en déclarant qu'il parlait en manière de métaphore. Puis il leur montra le fondement de la métaphore leur proposant une comparaison. Il leur dit:

« Dans votre Thora, on vous a appelé dieux. Vous n'êtes cependant pas réellement des dieux. Ce terme vous a été cependant appliqué dans un certain sens et ce sens est que la Parole vous a été adressée, et moi, je partage cela avec vous. »

Nous trouvons aussi dans notre livre sacré, le Coran, quelque chose de semblable. Le Maître des Prophètes a dit en s'exprimant au nom de Dieu le Très-Haut :

« Ceux qui veulent se rapprocher de Moi, n'y arriveront jamais mieux qu'en accomplissant Mes préceptes. Puis Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les œuvres surérogatoire jusqu'à ce que Je l'aime. Et quand Je l'aurai aimé, Je serai pour lui l'oreille par laquelle il entend, l'œil par lequel il voit, la langue par laquelle il s'exprime, la main par laquelle il accomplit des exploits ». [Hadith qudsi, cité dans Sahih Al-Boukhâri n°6021]

Or il n'est pas possible que le Créateur soit proprement présent dans chacun de ces membres ou qu'Il soit ces membres eux-mêmes. Mais le serviteur qui a fait tous ses efforts pour obéir à Dieu, Dieu lui donne force et assistance. Grâce à cela il est mis en mesure de parler avec sa langue et d'accomplir des exploits avec ses mains, et toute autre œuvre enfin qui rapproche de Dieu. C'est ainsi que celui qui donne à un autre de pouvoir frapper de l'épée, alors que sans Lui il n'aurait pu le faire, dirait: « Je suis la main avec laquelle tu frappes ». C'est là un genre de métaphore dont l'emploi est correct, parfaitement licite et incontestable.

'Issa, d'ailleurs, a indiqué dans ce passage le sens de la métaphore, en disant: « Parce que la Parole leur a été adressée ». Or il est impossible qu'il veuille entendre par Parole une expression matérielle formée de lettres, mais plutôt, a-t-il voulu dire par ce mot « Parole » un secret venant de Dieu, qu'il confie à qui il veut d'entre ses serviteurs. Ce secret leur apporte assistance pour supprimer l'obstacle qui les sépare de Dieu. Ils en arrivent ainsi à ne plus aimer que ce qu'Il aime, à ne haïr que ce qu'il hait, à répudier tout ce qui lui déplaît, à ne désirer que ce qu'Il désire, en toute parole ou action qui conviennent à sa Majesté (divine).

Quand, par la faveur divine, ils ont été amené à cet état, ils réalisent en eux la disposition fondamentale qui justifie la métaphore. La légitimité de cette interprétation, par le recours au sens métaphorique ci-dessus, est démontrée par le fait que 'Issa lui même s'est défendu de vouloir user, dans ce passage, du sens propre exprimant l'union, en disant: « Combien plus celui que le Père a sanctifié et qu'il a envoyé » !

Il s'y est nettement proclamé Envoyé de Dieu est s'est défendu de prétendre à la divinité comme les Juifs l'avaient cru. Il s'est attribué, par contre, les prérogatives des prophètes et la supériorité de ce rang sur ceux qui ne le sont pas, par ces paroles: « Combien plus celui qu'il a sanctifié et qu'il a envoyé ». C'est-à-dire: « je partage avec vous la disposition fondamentale qui justifie la métaphore et je vous dépasse de tous les degrés et de la prophétie et de la qualité d'Envoyé ».

En effet, si l'exemple qu'il leur a proposé n'écartait pas d'une manière décisive le sens littéral que les Juifs s'étaient imaginé, en cela il les eût trompés et il eût égaré leur croyance. Or l'erreur dans ce domaine conduit à la colère de Dieu, ce qui ne convient pas aux Prophètes et aux Envoyés qui ont charge de guider vers la Vérité. Car retenir la lumière quand le besoin s'en fait sentir, n'est pas permis à un Prophète. Comment en serait-il ainsi pour 'Issa, alors qu'il est dit dans leurs livres (des chrétiens), « qu'il a été envoyé pour le salut du monde », enseignant ce qui doit être attribué à Dieu et ce qui, au contraire, répugne à sa nature.

Il serait, en effet, sauveur du monde, s'il leur montrait quel est Dieu à adorer. Si c'était lui-même Dieu qu'il faut adorer et qu'il les eût détournés de cette croyance en leur proposant la comparaison en question, il leur aurait ainsi enjoint d'adorer un autre que lui et les aurait détournés de l'adorer lui-même, étant toujours supposé que c'est lui, Dieu qu'il faut adorer. Ce serait là tromperie et supercherie peu compatibles avec la qualité de celui dont on prétend qu'il est venu pour le salut du monde, moins encore de celui qui du milieu de la foule s'est levé comme conseiller et comme guide, et qui, de plus, s'est réclamé de sa qualité d'Envoyé (Prophète) de Dieu, avec mission de guider et de conseiller.

Si l'on dit qu'il ne leur a proposé cette comparaison que pour leur donner le change et pour détourner de sa personne leur malice, nous répondons que la crainte des Juifs ne convient pas à celui qu'ils prétendent être le Dieu de l'univers et le Créateur des Êtres.

Je me demande ce que pourra dire encore l'adversaire après que ces vérités lui auront dévoilées à ses yeux plus clairement que le lever du jour et comment il pourra, se refusant à interpréter ce passage et autres semblables, continuer à tâtonner dans la nuit, alors que le fondateur de sa religion l'interpréta lui-même le tout premier.

b) Deuxième passage - « Qu'ils soient un avec Toi comme Nous ».

Jean, que nous avons déjà mentionné, l'indique dans son Évangile au chapitre 372:

« Père Saint, garde-les dans ton nom que Tu m'as donné "afin qu'ils soient un avec Toi comme Nous" ». [Jean 17:11]

Ce passage est semblable à celui qui précède. Il confirme que 'Issa (as) rejette le sens propre, en faveur de la métaphore indiquée. La preuve en est que 'Issa (as) prie Dieu pour ses disciples, afin qu'Il les garde dans son Nom comme Il le garde lui-même et que cette protection les conduise à l'union divine.

Puis employant la particule de comparaison, il dit: « comme nous », c'est-à-dire que cette unité soit comme mon unité avec Toi. Si donc son unité avec Dieu lui conférait le droit à la divinité, il s'ensuivrait nécessairement qu'il aurait demandé pour ses disciples d'être, des dieux. La seule pensée en est déjà une honte, même pour qui rejette tout contrôle de sa raison; combien plus pour celui qui a gardé la moindre rectitude de pensée!

Tout le passage, au contraire, s'appuie sur la métaphore indiquée, à savoir que 'Issa (as) a demandé à Dieu de déverser sur eux Ses dons avec les bienfaits de la sollicitude et de son assistance pour les guider vers le but désiré par Lui et qui est Seul Digne de sa Majesté.

Ils en viennent ainsi à ne plus désirer que ce qu'Il désire, à n'aimer que ce qu'Il aime, à ne haïr que ce qu'Il hait, à ne rien dire ni faire qui ne Lui agrée et qu'Il ne souhaite voir arriver. Quand ils ont atteint cet état, la métaphore employée devient alors pleinement légitime.

La preuve du bien-fondé de cette explication c'est que celui qui aurait un ami en parfait accord avec ses desseins et ses désirs, de sorte qu'il aime ce qu'il aime, qu'il haïsse ce qu'il hait, il lui serait possible de dire: « Moi et mon ami nous sommes un ».

En outre, 'Issa a montré dans le même passage, que son unité avec le Père était métaphorique et que lui-même n'était pas vraiment Dieu. Voici ses paroles: « Qu'ils soient Un avec Toi, comme Nous ».

Il veut dire par là: s'ils obtiennent de Toi une assistance qui les amène à ne désirer que ce que Tu désires, leur unité avec Toi sera semblable à ma propre unité avec Toi, puisque telle est ma condition à Ton égard. Je ne désire, en effet, que ce que Tu désires et n'aime que ce que Tu aimes.

Pareillement ces autres paroles: « Père Saint, garde-les dans ton Nom! », par lesquelles il implore pour eux Dieu qui détient entre Ses mains les bienfaits et les maux. S'il avait été Dieu lui-même, il aurait été capable de les garder sans implorer l'assistance d'un autre et sans lui demander de les garder. Combien admirables toutes ces indications où il nous prévient de l'emploi du sens métaphorique et nous détourne du sens littéral !

Une déclaration du même genre a été faite par Paul dans la lettre qu'il a envoyée à Corinthe, quand il eut compris la signification de ces passages; il dit:

« Celui qui s'appuie sur Dieu devient avec Lui un seul esprit » [1 Corinthiens 6:17]. Cette déclaration montre qu'il y a vu le même sens que nous, et compris que ces passages ne sont pas proposés au sens propre.

c) Troisième passage - « Je leur ai donné la gloire.. afin qu'ils soient un comme nous sommes un ».

Jean le mentionne dans son Évangile, également au chapitre 372:

« Sanctifie-les dans Ta Vérité. Ta parole, en particulier, est la Vérité. Comme Tu m'as envoyé au monde, je les ai aussi en envoyé au monde. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils soient eux aussi sanctifiés dans la Vérité. Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin qu'eux aussi soient un, que tous soient un, comme Toi, Père, Tu es un en moi, et comme je suis en Toi, afin qu'eux aussi soient un en nous pour que le monde croie que Tu m'as envoyé. Et moi je leur ai donné la Gloire que Tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un ».

Ce passage est très clair et corrobore ce que nous avons dit. La preuve en est que 'Issa a levé le voile de l'équivoque et a indiqué le sens de la métaphore par ces paroles: « Et moi je leur ai donné la gloire que Tu m'as donnée, afin qu'ils soient un », c'est-à-dire que :

« cette Gloire les rassemble dans leur dispersion et fasse que dans toutes leurs actions ils rivalisent de soumission à ton égard, aimant ce que Tu aimes, haïssant ce que Tu hais, désirant ce que Tu désires. Ils deviendront ainsi pareils à un seul homme par la conformité de leurs opinions, de leurs actions et de leurs croyances, comme nous sommes un, c'est-à-dire comme je suis un avec Toi parce que la Gloire que Tu m'as donnée a fait que je n'aime que ce que Tu aimes, ne désire que ce que Tu désires, ne hais que ce que Tu hais, ne déteste que ce que Tu détestes et qu'aucune action enfin, ni aucune parole n'émane de moi, sans que Tu n'y consentes ».

Sa condition à l'égard de Dieu étant ainsi établie, il a indiqué ici que lui obéir, c'était obéir à Dieu, et qu'obéir à Dieu c'était aussi lui obéir. C'est là le propre des prophètes envoyés de Dieu.

Puis mettant en pleine lumière le sens métaphorique, il a ajouté: « Comme Toi, Père, Tu es en moi, et moi en toi, afin qu'ils soient, eux aussi, Un en Nous », voulant dire par là: « Si leurs paroles et leurs actions rivalisaient pour être en accord avec Ton désir, Ton désir étant le mien, nous serions tous par là comme un seul être, en raison de la conformité de nos volontés ».

Il ne s'en tient pas là, par crainte que l'imagination trop faible ne s'attachât à la lettre de ces passages, et il déclare qu'il est un envoyé et dit:

« Afin que le monde croie que Tu m'as envoyé ». Il se fait plus explicite encore et déclare: « Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais aussi pour ceux qui croient en moi, afin qu'ils soient tous un, comme nous sommes un », voulant exprimer par là que son unité avec Dieu n'entraîne pas sa propre divinité ; sinon ce serait aussi le cas pour l'unité des autres avec Dieu, puisqu'il lui avait également demandé de les rendre un avec Lui.

Admirons donc tout ce qu'il y a de beauté dans ce passage. Des choses évidentes, qu'on déclare prendre dans leur sens vrai ; d'autres qui ont un sens apparent mais on déclare que ce n'est pas ce sens apparent que l'on a en vue, et tant d'autres merveilles enfin dont nos (adversaires) se détournent au passage ! Que Dieu bénisse celui qui a dit: « Combien qui raillent une parole vraie et dont le seul malheur est d'être faibles d'esprit! Les oreilles de chacun n'en retiennent que ce qui est à la mesure de ses aptitudes et de sa science ».

Dans le même Évangile de Jean, on trouve le témoignage que l'interprétation donnée plus haut correspond bien au sens qu'on a voulu exprimer:

« Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi seulement, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit, voit Celui qui m'a envoyé » [Jean 12:44], ayant fait de la soumission à sa personne la soumission à Dieu lui-même ; puis, se considère comme chargé de manifester ce qui est en Dieu, il dit: « et celui qui me voit, voit aussi Celui qui m'a envoyé » [Jean 12:45], c'est-à-dire: « c'est moi qui manifeste réellement ce qui est en Lui, j'ordonne ce qu'Il ordonne et je défends ce qu'Il défend et toutes mes décisions émanent de Lui ». Or c'est là, la condition des Prophètes fidèles.

Et ce qui montre encore de la façon la plus claire que ce n'est pas le sens réel de ces passages que l'on a en vue, mais qu'ils sont employés dans le sens métaphorique dont il a été question, c'est que l'Évangéliste Jean, fils de Zébédée, l'auteur de l'Évangile auquel ces passages sont empruntés, l'un des disciples qui comptent pour eux parmi les plus grands, au point d'être appelé le Bien-Aimé du Maître, lorsqu'il eut compris les acceptions indiquées et que ces passages étaient détournés de leur sens réel vers le sens métaphorique ci-dessus, Jean, dans sa première épitre que l'on trouve au livre des Actes, déclare ce qui suit:

« Dieu, nul ne l'a vu. Si donc nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et sa charité est parfaite en nous, et nous connaissons que nous demeurons en Lui et que Lui aussi demeure en nous, parce qu'Il nous a donné de son Esprit. Et nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils "pour le salut du monde" ». [1 Jean 4:12-14]

Il y a dit également:

« Celui qui confesse que Jésus est le fils de Dieu, Dieu, demeure en lui et lui aussi demeure en Dieu ». [1 Jean 4:15]

Ce disciple, vénérable à leurs yeux, a tenu ce langage pour signifier la présence de Dieu disant: « Et par là nous savons que, nous demeurons en Lui et que Lui aussi demeure en nous ». Si donc ce disciple, vénérable à leur yeux, avait compris que la présence dont 'Issa (as) avait parlé dans les passages précédents entraînait la divinité, il se serait attribué la divinité à lui-même et aux autres en disant: « Et par là nous savons que nous demeurons en Lui et qu'Il demeure aussi en nous ». En réalité, ils ne croient pas cela de Lui, ni aucun des autres disciples et adeptes de 'Issa, Il faut donc qu'il ait compris ces passages dans le sens métaphorique signalé par nous.

Autre preuve dans le fait qu'il a lui-même laissé entendre le sens métaphorique par ces paroles: « En ce qu'il nous a donné de son Esprit ». Il veut dire par là qu'Il nous a prodigué de sa grâce et de sa perfection, par quoi nous apprenons ce qui convient à sa Grandeur, Il nous a ensuite assistés, pour que nous y conformions notre conduite de sorte que nous ne désirions plus que ce qu'Il désire et que nous n'aimions plus que ce qu'Il aime. On en revient ainsi de nouveau à l'emploi du sens métaphorique indiqué.

Il reste cependant dans ce 3ème passage des considérations plus subtiles qu'on ne peut déduire que par l'exercice d'une réflexion attentive. Ainsi, lorsqu'il dit ('Issa): « je leur ai donné la Gloire que Tu m'as donnée », d'après le sens littéral, ce terme est pris dans son acception totale, car 'Issa a désigné d'abord la gloire au sens courant du mot, puis l'a spécifiée en disant: « celle que tu m'as donné », Il semblerait qu'il désigne par là tous les éléments que comprend la Gloire.

Comme si quelqu'un disait: « J'ai donné à un tel les dirhems que tu m'as donnés ou le cadeau que tu m'as envoyé » : il semblerait désigner la totalité (des présents). Mais si l'on veut être impartial, l'on verra que ce n'est pas le sens propre que l'on a en vue, car les éléments de la gloire qui lui a été départie comprennent la qualité de prophète et celle d'envoyé, avec tout ce qu'elle comporte: rang, ascension au Ciel et puissance d'accomplir des merveilles extraordinaires. Et toutes ces choses ne sont pas comprises dans ce qu'il donne. D'où la nécessité de prendre le terme dans une acception bien déterminée, autrement, il faudrait le supprimer.

Il reste donc que par le « don », il a voulu exprimer qu'il leur communiquait la science ce qui convient à Dieu. Il demanda ensuite pour eux l'assistance toute spéciale d'en haut, pour agir en vertu de cette science. Il dit donc: « Sanctifie-les dans Ta Vérité », c'est- à-dire: « Moi je leur ai fait connaître ce qui convient à Ta Majesté », et c'est là le role des Prophètes-envoyés. « Guide-les maintenant toi même, et assiste-les, afin qu'ils agissent «en conséquence ». C'est là le propre de Dieu qui Seul a le pouvoir de créer les actions (humaines).

Si l'on dit: Pourquoi ne serait-il pas possible de comprendre dans la Gloire qui lui a été donnée l'union qui lui a valu d'être Dieu ? (bien qu'il soit prouvé que ce n'est pas ce qu'il a voulu dire et que cette union (spéciale) n'est pas donnée, et qu'elle n'est donc pas visée malgré qu'elle soit comprise sous le vocable général (de gloire).

Nous répondons: il y a de quoi pleurer sur une argumentation aussi piteuse ! La Divinité se prête-t-elle donc à être donnée? Les gens de raison sont tous d'accord sur une pareille impossibilité. Et y a-t-il là autre chose qu'une pétition de principe ? sans le recours à aucune sorte de preuve en dehors des significations littérales que nous avons déjà expliquées et retirées dé leurs mains:

Le fondateur de leur religion les a d'ailleurs lui-même interprétées, se défendant de les prendre d'une manière absolue et de les employer dans leur sens propre.

2- Passages ayant trait à l’humanité de 'Issa(as)

Une difficulté de ce genre, en outre, ne se tranche pas par simple supposition et exige une argumentation par preuves solides, en particulier pour un personnage dont la nature humaine est évidente, clairement établie, avec tous ses tenants et aboutissants et toutes ses notes “essentielles”, comme l’animalité, la parole, la fatigue, la faim, la soif, le sommeil, la gestation dans le sein maternel, et la souffrance, d’après ce qu’ils prétendent du moins, dans la Crucifixion, où il a dit: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” [Marc 15:34] Or tout cela est contraire à la Divinité.

            a) Le figuier maudit

Comment peut-on le nier d’ailleurs, alors qu’on trouve dans l’Evangile de Marc ce qui suit:

« Et le lendemain, ils sortirent de Béthanie et il eut faim. Et il aperçut de loin un figuier qui portait des feuilles. Il s’en approcha pour y chercher des fruits, mais lorsqu’ils s’en fut approché, il n’y trouva rien d’autre que des feuilles, car on n’était pas au temps des figues ». [Marc 11:12-13]

Il a témoigné dans ce passage qu’il éprouvait la faim et qu’il croyait les choses autrement qu’elles n’étaient, car il crut que l’arbre portait des fruits, en quoi il se trompait; et il crut que c’était l’époque des figues ou bien que l’arbre avait porté des fruits en dehors de l’époque des figues, ce qui dans l’un ou l’autre cas était contraire à la réalité.

On pourrait demander quel intérêt il y avait alors à détruire cet arbre? 

Nous répondons: il ne l’a fait que pour confirmer ses disciples dans leur foi et pour les porter à multiplier des œuvres capables d’obtenir, (entre autres) de pareils effets. Les prophètes et les saints, quand ils reçurent l’assurance du paradis, ce fut celle d’un paradis entouré d’épreuves rebutantes. Endurer la faim et l’accepter (de bonne grâce) compte parmi les éprouves les plus rudes; or les malheurs que l’on endure minent le rempart de la piété chez les initiés, et chez le vulgaire, entraînent la perte d’un grand nombre.

En leur montrant donc une pareille action comme une conséquence des bonnes œuvres, il les engageait eux aussi à multiplier ce qui porte de tels fruits, mettait dans leur cœur le mépris des misères de la vie et de ses souffrances. Il montrait en outre que l’épreuve de la faim et de la souffrance envoyée aux Prophètes ne signifiait pas un manque de considération pour leur personne ou leur dignité, mais avait pour but de les tenter et de les éprouver. Celui qui aura supporté l’épreuve avec reconnaissance et soumission, sera capable d’accomplir de pareilles choses.

Ce qui justifie encore cette interprétation, c’est le discours de Hadrat Issa à Pierre dans la suite de ce passage; alors que ce dernier lui avait dit: « Maître, ce figuier que tu as maudit, s’est desséché” - “Si vous aviez de la foi en Dieu, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un dit à cette montagne: ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et qu’il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit se fera, il le verra s’accomplir pour lui ». [Marc 11:21;23]

Tout cela montre bien que le dessèchement de l’arbre n’est qu’un simple prodige, car il leur a conféré de pouvoir par la sainteté, transporter les montagnes et les jeter dans la mer, ce qui est plus considérable que de dessécher un arbre. Il y a encore une autre chose de ce genre qu’il a présentée dans l’Evangile et qu’il a expliquée clairement.

C’est quand il a dit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui observe mes commandements fera les œuvres que je fais et de plus grandes encore il fera ». [Jean 14:12]

Confirmation nous en est, d’ailleurs, donnée dans le passage même que nous examinons où il est nettement question de la faim et de la recherche d’un fruit sur l’arbre. Par là se trouve également renversée l’affirmation de celui qui dit: “Il n’a accompli ce prodige que pour montrer qu’il avait le pouvoir de faire périr ce qui est vivant”.

Dans ce cas il faudrait que l’auteur du passage évangélique ait menti quand il dit: “Il eut faim” et quand il dit: “et il s’approcha pour y chercher un fruit”. Il a fait de ce désir (de 'Issa) la cause de sa démarche. - L’explication qu’ils donnent est-elle vraiment autre chose qu’une grossière aberration de leur esprit! Car il ne s’est approché de l’arbre que pour y chercher un fruit. Comme celui qui dirait: Ayant eu faim, j’aperçus un arbre et je m’y portai pour y chercher un fruit. N’y trouvant rien, par une malédiction je la desséchai, afin que l’on comprit que je suis un dieu capable de faire périr les vivants. Leur langage est celui des gens bornés. Qu’Allah est loin de tout cela!

            b) Quatrième passage: L’ignorance du “jour et de l’heure”

Le quatrième passage est donné par Matthieu dans son Évangile au chapitre 24 : « Quant à ce jour et à cette heure, nul ne les connaît, ni les Anges qui sont au Ciel, ni le Fils, seul le Père ». [Matthieu 24:36]

Il fait dans ce passage profession d’humanité pure, écartant de lui la Science propre à la divinité, et c’est là une des meilleures preuves de cette humanité pure. Mais leurs divagations les a portés à entendre ce passage, comme si les mots “Anges” et “Fils”, faisaient partie d’une même énumération avec le “jour” et “heure”. Ce qui reviendrait à dire: «Quant à ce jour et à cette heure, ainsi que les Anges et le Fils, nul ne les connaît, si ce n’est le Père

De tels esprits sont bien étonnants, comment n’ont-ils pas senti que les attributs divins, même s’ils ne sont pas établis par des preuves solides, ne laissent pas cependant d’apparaître clairement. Considère donc combien est forcée cette interprétation qui choque rien qu’à l’entendre et combien d’expressions évidentes elle contredit. En outre, quand le partisan de cette théorie se trouva acculé et qu’on lui eût demandé quel mot dans ce passage posait une interrogation sur les Anges et le Fils, pour permettre une réponse pertinente, il recourut au mensonge et dit: Hadrat 'Issa a compris qu’on l’interrogeait sur les Anges et le Fils et a répondu sur les deux à la fois.

De plus, l’auteur de cette interprétation y a eu recours pour ne pas dénier à Allah la science qu’il faut lui attribuer, mais l’interprétation qu’il donne tombe dans la même difficulté, sauf qu’elle suppose en Allah une ignorance plus grande encore.

Et voici qui le prouve: S’il considère “Fils” et “Anges” comme énumérés avec “jour” et “heure”, le sens serait alors: “Quant à connaître l’ “heure” même, ainsi que la nature du Fils et des Anges, le père seul le peut”.

Or, 'Issa (as) quand il emploie le mot “Fils” se désigne lui-même, et quand il emploie le mot “Père” il désigne Dieu. Voilà donc ramenée cette même ignorance qu’ils ont voulu écarter, mais plus grande encore, car d’après le sens littéral du passage cité, 'Issa (as) s’était défendu de posséder la connaissance de l’Heure exacte, et dans cette interprétation, il se serait défendu de connaître et l’Heure exacte et sa propre nature et la nature des Anges. Quels esprits étranges que ceux-là! L’homme sage doit remercier Allah de l’avoir gardé d’un pareil dérèglement, il n’a que dérision pour qui voulant écarter une moindre ignorance, arrive à en affirmer une plus grande.

Il est donc clair que s’écarter du sens obvie de ce passage est pure divagation. Il serait indigne d’un homme de perdre son temps à s’en occuper.

            c) Cinquième passage: « Celui que tu as envoyé, 'Issa (as) »

Le cinquième passage est donné par le même Jean, dans son Evangile, au chapitre 37 [2]: « Ayant dit cela, Jésus leva les yeux au Ciel et dit: “Père l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. Comme tu lui as donné autorité sur toute chair afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Et ceci est la Vie Eternelle qu’ils te connaissent comme le seul Dieu véritable et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». [Jean 17:1-3]

Dans ce passage, il attribue au Christ la qualité d’envoyé, or cette qualité ne peut se rapporter à l’humanité Christ, car (il faut dire ici) que le Christ est un terme qui désigne chez eux l’ensemble d’une substance composée de divinité et d’humanité.

Si quelqu’un prétendait que ce terme (de Christ) n’est pas pris en rigueur, la phrase ci-dessus ne serait pas correcte alors, et serait contredite par l’impossibilité d’user d’une pareille tournure dans le langage ordinaire. Ainsi de dire: “J’ai vu de l’encre”, alors qu’on veut signifier le sulfate de fer en tant que tel et indépendamment de sa qualité d’encre, ne serait juste d’aucune manière.

Et encore, à supposer qu’on ait pu démontrer que la langue de l’Evangile a cette particularité de pouvoir, en exprimant le tout, signifier seulement la partie. Le ferait-on, il resterait que ce que nous avons dit constitue une réponse suffisante, en raison de la ressemblance de cette langue avec l’arabe. Et si on ne le faisait pas, l’objection tomberait d’elle-même et point ne serait besoin de la réponse donnée.

'Issa (as), d’ailleurs, corrobore lui-même cela par ses paroles: “Afin qu’il donne à tous ceux que tu lui as donnés, la vie éternelle” [Jean 17:2]. Puis expliquant la “vie éternelle”, il dit: “Et la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent comme le seul Dieu véritable et Celui que tu as envoyé, Jésus-Christ”. [Jean 17:3] Il a attribué par là à Dieu le Très-Haut la divinité et l’unicité et s’est déclaré lui-même son envoyé. 

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La mise en page de la suite pour bientôt insha'Allah

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Pareillement la déclaration de Paul l’Apôtre, à son sujet, lorsque, décrivant la résurrection, il dit:

« Alors le Fils se soumettra à celui qui lui a soumis toutes choses ». [1 Corinthiens 15: 28] Il attribue au Fils la soumission à Dieu le Très-Haut lors de la Résurrection et c’est là fait des esclaves qui sont soumis à la majesté divine. Il attribue, d’autre part, à Dieu, la puissance de soumettre toutes choses à sa majesté, et c’est là le fait de Dieu.

Paul dit aussi dans son épître adressée aux Ephésiens: « Je ne cesse de rendre grâces pour vous et de faire mémoire de vous dans mes prières, afin que le Dieu de Notre Seigneur Jésus - Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de connaissance » [Ephésiens 1: 16-17]. Il exprime clairement ici que le don est sollicité du Dieu du Christ Jésus et ayant dépeint Dieu comme le Père Glorieux, il le déclare le Dieu du Christ, ce nom désignant chez eux la troisième essence.

Il a fait les mêmes déclarations dans le livre des Epîtres, en disant: « Dieu est l’unique. Et le médiateur entre les hommes et Dieu, c’est l’ homme Jésus-Christ » [1 Timothée 2: 5]. Un texte évangélique dit clairement à son tour: « N’appelez personne maître sur terre, vous n’avez qu’un seul maître, le Christ; et n’appelez personne père sur terre, vous n’avez qu’un seul père, celui qui est dans les Cieux » [Matthieu 23: 9].  Il établit une distinction d’altérité, car 'Issa (as) s’y attribue l’exclusivité de l’enseignement sur terre, et attribue à Dieu la paternité exclusive. Dans son langage, quand il emploie le terme “Père”, c’est Dieu qu’il veut désigner. Il aurait ainsi décrit Dieu comme étant unique. Parlant ensuite de l’élévation de Dieu(au-dessus de toute chose), il a ajouté: “Vous n’avez qu’un père celui qui est les cieux” [Matthieu 23: 9]. Ce passage est donné par Matthieu dans son évangile, chapitre 76 [3].

Il est en outre surprenant de les voir nier sa soumission (à Dieu le Très-Haut) qui exclut (de lui) la divinité, alors qu’il a dit lui-même, lors de la résurrection de Lazare, après avoir levé les yeux au Ciel: « Père, je te remercie parce que tu m’écoutes, et je sais que tu m’écoutes en tout temps, mais à cause de cette foule ici présente, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé » [Jean 11:42]. Ce passage est donné par Jean dans son évangile. 'Issa (as) a dit aussi, la nuit où il fut crucifié, comme ils le croient du moins: « S’il est possible que ce calice s’éloigne de moi! » [Matthieu 26: 39] en implorant Allah. De même encore ce qu’il a dit quand il fut en croix, toujours suivant leur croyance: « Eloi, Eloi, lama sabakhtani? » [Marc 15: 34] Paroles qui sont en araméen et dont le sens est: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné? »

Quel Dieu ce peut-il être là, qui doute ainsi que ce calice puisse passer loin de lui, qui élève la voix pour demander à Dieu pourquoi il l’a abandonné, puis qui établit une distinction entre sa volonté et la volonté de son Dieu en disant: « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » ! [Matthieu 26: 39]— Ces paroles se trouvent rapportées dans l’évangile de Matthieu. Il distingue également entre lui et son Dieu en disant: « Que votre cœur ne se trouble point, croyez en Dieu et croyez en moi ». Ces paroles sont citées dans l’Evangile de Jean au chapitre 32 [21 de sa réédition en 1981]. Puis il a rendu encore plus nette cette distinction, en disant au chapitre 7 de cet Évangile: « Celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, aura la vie éternelle » [Jean 5: 24]. Il a ainsi déclaré qu’il était envoyé par un autre, et l’on sait que celui qui envoie est autre que l’envoyé. Il a ensuite donné comme condition de la vie éternelle de croire en Celui (Allahu ta’âlâ) qui l’a envoyé et d’écouter les paroles par lesquelles lui-même nous renseigne sur Dieu. Et c’est là, exprimées clairement, les qualités des Prophètes et des envoyés de  Dieu. Ces qualités sont manifestes, elles ne peuvent échapper à personne, sauf à l’aveugle qui ne saurait voir la lune.

            d) Sixième passage: “Moi, un homme qui vous ai dit la Vérité

Sixième passage que donne aussi Jean dans son Evangile au chapitre 21:

Joa.8 39-40

Héb.3 162

« Jésus leur dit: Si vous étiez des enfants d’Abraham (as), vous feriez les oeuvres d’Abraham, mais maintenant vous voulez me faire mourir, moi un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu » [Jean 8: 39-40], et dans le même chapitre également: « J’ai encore beaucoup de choses à dire à votre sujet et à juger. Mais celui qui m’a envoyé est vérité, et ce que j’ai entendu de lui, c’est de cela que je parle dans le monde » [Jean 8: 26], et encore au même chapitre: « Car je n’ai point parlé de moi-même, mais parce que le Père qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que j’avais à dire et à proférer. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Et ce que je dis, je les dis suivant ce que le Père m’a prescrit de dire. » [Jean 12: 49-50]

Dans ce passage, il a affirmé son humanité par ces paroles: « Moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de l'Eternel » [Jean 8: 50], c’est-à-dire: “Je suis un homme”. Et il a déclaré qu’il était envoyé et qu’il ne faisait que ce qui lui était presrcit, par ces paroles: « Je vous ai dit la vérité que j’ai entendue de l'Eternel », et par ces paroles: « D’après ce que le Père m’a prescrit, je parle ». L’Apôtre Paul a montré également sa qualité d’Envoyé pur et simple, en disant dans son épître aux Hébreux: « Considérez cet Envoyé, le grand-prêtre de notre foi, Jésus-Christ, qui a la confiance de celui qui l’a envoyé et qui est comme Moïse dans toute sa maison ». Il déclare par là que Jésus est l’un de leurs Pontifes et qu’il est envoyé par un autre et qu’il a sa confiance. L’Apôtre le représente ensuite semblable à Moïse dans toute sa maison, c’est-à-dire les communautés auxquelles il a été envoyé, ainsi qu’il ressort de ses paroles dans la suite du texte, où l’auteur parlant de 'Issa (as), écrit: « C’est nous la communauté des croyants qui sommes sa maison » .

Ayant donc établi que “Toute sa Maison” veut dire sa propre nation, le sens du passage cité est alors: “Et il est semblable à Moûçâ dans sa nation”. C’est là une déclaration de sa qualité d’Envoyé pur et simple.

Hébr. 3-4

Joa.15 1-2

Dans la même épître on trouve aussi ce qui en éclaire le sens. L’auteur en effet y dit: “Il faut que chaque maison soit construite par quelqu’un, mais celui qui a construit toute chose, c’est Dieu”, voulant dire par là que chacun de ces deux envoyés a été un don fait à sa nation, mais qu’en vérité l’auteur de tout don, c’est Dieu le Très-Haut. Cette interprétation trouve un appui dans l’Evangile et c’est: “Je suis la vraie vigne et mon Père est le “planteur” de tout sarment en moi”. Jean donne ce passage au chapitre du Paraclet (autre nom de Saint-Esprit.)

Ajoutons que dans la langue d’où a été traduite l’épître en question, “l’homme de confiance” veut dire le “Serviteur” de celui qui l’a créé.

3- Considérations sur le sens du mot “Hulûl” (Habitation divine dans l’âme; compénétration) le privilège théopathique spécial à 'Issa (as)

Ici doit intervenir une considération: c’est que l’emploi du langage méthaphorique que nous venons d’étudier, c’est-à-dire l’usage du terme de “hulul” et de l’expression “Moi et le Père nous sommes Un”, n’a nullement été concédé, ni au fondateur de notre religion révélée (Muhammed aleihissalâm) ni à aucun autre d’entre les musulmans. Mais que, d’autre part,  'Issa (as) lui aussi était le fondateur d’une religion révélée, et que chaque religion révélée jouit de privilèges qui lui sont particuliers. Or, comme Hadrat ‘Isâ, lorsqu’il usait de ces termes, s’est dégagé en proposant (aux Juifs) une comparaison, du soupçon de les entendre suivant leur sens littéral, il demeure prouvé qu’il avait bien été autorisé par Allah à en user librement et à recourir à ce style métaphorique.

Il en est de même pour l’emploi des termes de “paternité” et de filiation” et nous mentionnerons l’acception qui le porta à les employer.

4- Récapitulation

Je me demande alors quelle excuse invoquera l’adversaire, alors que 'Issa (as) affirme lui-même son humanité, qu’il se dit envoyé, et soumis, et tout ce qu’il fait à ce qui lui est commandé, et alors qu’il interprète lui-même métaphoriquement les versets précédents dont le sens littéral entraînerait l’union (divine): tantôt il écarte ce sens en invoquant devant les Juifs l’exemple qui a été donné, tantôt il déclare clairement qu’il est un envoyé; ailleurs il implore Allahu ta’âlâ dans l’attitude de l’esclave soumis; il en sollicite les bienfaits pour ses disciples, en disant: “Garde-les dans ton Nom que Tu m’as donné”, et: “Sanctifie-les par ta Vérité”.