Le prophète (saws) a fait tuer plus de 900 Juifs des Banu Qurayza ? (Partie II)

Le prophète (saws) a fait tuer plus de 900 Juifs des Banu Qurayza ?

Partie II

Collectif Sahab Ed-Dine

Création : 14/03/2010

Mise à jour : 19/08/2010

2ème mise à jour : 19/03/2016

 

1.   Introduction

 

Les détracteurs de l’Islam et les missionnaires chrétiens en particulier prétendent que "Mahomet a fait tuer plus de 900 Juifs de sang froid et c’était un assoiffé de sang". 

Cette histoire a fait couler beaucoup d’encre et on peut raisonnablement dire que les détracteurs ne sont pas objectifs (ou totalement ignorants) en citant l'histoire de cette manière.

 

Cet article est dans la continuité du précédent (cf. l'article Muhammad (saws) ordonne de tuer les Banu Qurayza ? Etude historique critique (partie I)). On se propose ici d’accepter les faits sans esprit critique et de réfuter cette fois-ci les détracteurs par les sources qu’ils aiment tant utiliser.

2.   Synthèse des faits

 

 

Cet événement remonte à l’an 5 de l’Hégire (627 de l’ère chrétienne) et il se produisit lors de la « Bataille des Coalisés » ou « des Confédérés ». [cf. Ibn Sa'd, At-Tabaqat 3/74 ; Ibn Hishâm, al Sirâ 3/715; At-Tabari, Tarikh al Rassoul 3/593; Ibn Sayyid al Nas, Uyun al Athar, 3/68]. Il serait bon de restituer les faits dans leur cadre historique.

 

1 – Les polythéistes de la Péninsule ont prit l’initiative d’attaquer Médine et d’exterminer tous les musulmans. Les forces coalisées comptaient 12 000 hommes armés tandis que les forces musulmanes comptaient 3 000 hommes armés.

 

2 – Les Coalisés se sont retrouvés dans l’incapacité de prendre la ville de Médine en raison des tranchées creusées à cet égard tout autour de la ville par les musulmans. Cette méthode était alors inconnue des arabes et c’est le compagnon Salman Al-Farissî (raa) qui l’a suggéra au Prophète (sws). En effet, celui-ci lui dit : « Oh Envoyé de Dieu, lorsqu’en Perse nous craignions une attaque d’une cavalerie, nous creusions une tranchée autour de la ville. Creusons donc une tranchée autour de nous. » [cf. Ibn Hishâm]

3 – Enragés de ne pas pouvoir prendre d’assaut la ville, les coalisés jouèrent la diplomatie avec les Juifs de Banû Qurayza. L’entente était la suivante : les polythéistes attaqueraient les musulmans de l’extérieur de la ville et les Juifs les attaqueraient de l’intérieur. Se faisant, les Juifs rompèrent le Pacte de non-agression qui les liait aux musulmans.

 

4 – Après la conclusion de ce Pacte avec les Quraychites, les Juifs coupèrent les vivres des musulmans de la ville de Médine afin de les affamer. L’attaque finale contre les musulmans ne devait plus tarder.

 

5- Devant cette situation totalement catastrophique, apparut Nu’aim Ibn Mas’oud (raa) qui avait caché sa conversion à l’Islam aux polythéistes. Il demanda au Prophète (sws) ce qu’il devait faire. Ce dernier lui autorisa de ruser pour semer la zizanie dans le camp ennemi afin d'éloigner les agresseurs qui cernaient les musulmans de toute part.

 

6 – Nu’aim Ibn Mas’oud (raa) joua donc la carte de la diplomatie en faisant croire aux Coalisés que les Juifs les avaient trahi et qu'ils regrettaient d'avoir rompu leur pacte avec Muhammad (sws). En outre, ils demanderaient des otages arabes aux Coalisés afin de garantir leur coopération avec eux, mais qu'en réalité, ils comptaient les livrer au Prophète (sws) pour lui prouver qu’ils n’avaient pas trahi le Pacte de Médine. 

Dans le même temps, il fit croire aux Juifs que les Coalisés doutaient de leur sincérité et que de toute façon au moindre problème, ils lèveraient le siège et les laisseraient seuls face à Muhammad (sws). Pour cela, il leur suggéra de demander des otages aux Coalisés en guise de confiance.

7 - A leur rencontre pour les préparatifs militaires contre les musulmans, les Coalisés et les Juifs se rendirent compte que chacun demandait ce que Nu’aim (raa) leur avait suggéré, la confiance entre les deux parties ne régnaient plus, ce qui fit voler en éclat le pacte.

8 - Un vent violent et glacial eut raison des dernières velléités des Coalisés à l'encontre de Médine.

 

8 - Le siège de la ville de Médine est levé après plus d’une vingtaine de jours.

[25 jours selon Ibn Ishâq ; 21 jours selon al-Waqidî cf. Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu, traduit de l’arabe par Hamza Lamine Yahiaoui, éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Saidâ / Beyrouth, 2009, p.652].

 

9 – Après la levée du siège, les musulmans décidèrent d’attaquer les forts des Juifs qui se trouvaient près de la ville afin de leur faire payer leur traitrise lors du siège de la ville de Médine.

10 - Ka’b ibn Asad, un juif, proposa 3 solutions aux siens :

       A/ La conversion à l’Islam

       B/ Qu’ils tuent eux-mêmes leurs femmes et enfants pour aller ensuite combattre les musulmans 

            (ceci afin qu’ils ne leur restent plus aucunes attaches en ce monde)

       C/ Qu’ils attaquent les musulmans un jour impensable, le jour du Shabbat afin que les musulmans soient prit par surprise

Cependant, ils n'acceptèrent aucune des trois conditions proposées. 

11 – Les Juifs se rendirent à la seule condition que Sa’d Ibn Mu’adh juge leur contentieux avec le Prophète (sws), ce que ce dernier accepta. 

 

12 – Sa’d Ibn Mu'adh (et non le Prophète (sws) !) appliqua la Loi de la Thora et décida de mettre à mort tous les mâles en âge de prendre les armes (cf. Deutéronome 20, 10-14).

 

13 – Le nombre de tués varie entre 40 et 900 selon les sources.

 

 

Voilà pour la synthèse des faits.

 

3.   Précisions sur l’histoire

   3.1   Y'a-t-il des preuves de la trahison des Juifs ?

Huyayy ibn Akhtab al Nadari, des Banû Nadhir, incita les Juifs de Banû Qurayza et notamment l'un de leurs leaders Ka'ab ibn Sa'd, à violer leur Pacte, leur faisant miroiter une occasion inespérée de se débarrasser du Prophète (sws). Cette situation est intervenue à un moment critique pour les musulmans, assiégés par 10,000 combattants arabes païens, principalement des Qurayshites et des Ghatafân. 

Les Banû Qurayza acceptèrent et convinrent de prendre à revers les musulmans déjà occupés à faire face aux coalisés. Il est rapporté que le Prophète (sws) envoya Az-Zubayr ibn al-'Awwam (raa) [Al-Bukhârî, al Sahih, 3/306; Muslim, al Sahih, 7/138] pour enquêter au sujet de l'attitude des Banû Qurayza, puis il envoya ensuite Sa'd ibn Mu'adh, Sa'd ibn 'Ubadah, Abd Allah ibn Rawahah and Khawwat ibn Jubayr [Ibn Hisham, al Sirâ, 3/706] pour vérifier la rumeur disant que les Banû Qurayza rompirent leur Pacte et les quatre confirmèrent, ce qui désola les musulmans et abaissa leur moral.

   3.2   Qui a ordonné l'exécution de la tribu juive ?

 

Les détracteurs de l’Islam insistent sur le fait que c’est le Prophète (sws) qui ordonna cette mise à mort, or selon les propres sources qu’ils utilisent ce n’est pas le Prophète (sws) qui l’ordonna mais Sa’d Ibn Mou’adh comme nous pouvons le voir :

 

"Point n°1350/47 : […] à propos des Banû Quraizah, qui devaient synchroniser leur attaque de derrière quand l’envahisseur principal lancerait son assaut contre les Musulmans de front. La contre-offensive du Prophète (sws), également diplomatique, l’emporta et les Mecquois et leurs alliés se retirèrent calmement. Après leur départ, les Banû Quraizah durent payer pour leur trahison. Quand ils capitulèrent après un siège, le Prophète (sws) concéda que leur sort serait décidé par un arbitre choisi par eux-mêmes."

Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam, El-Najah, 6ème édition, 1998, tome II

 

Le Prophète (sws) dit selon le récit d’at-Tabari : « Je m’en remet de votre sort à la décision de votre chef Sa’d ibn Mu’adh ». Les juifs dirent : « Nous aussi, nous nous en remettons à lui » [Chroniques d'At-Tabarî p.545].

Rappelons aussi que ce sont les juifs qui choisirent leur arbitre qui sera celui qui donnera la décision finale, à savoir Sa’d ibn Mu’adh. D’autres récits avancent que c’est le Prophète (sws) qui choisit comme juge Sa’d.

   3.3   Selon quelle loi a été jugée l'affaire ?

Sa'd Ibn Mu'adh a jugé selon la Thora. Cette peine est contenue dans le Pentateuque, en effet, nous lisons :

"Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui offriras la paix.  Si elle accepte la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi.  Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras.  Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée.  Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés." 

(Deutéronome, 20 :10-14)

La peine de morts n'a concerné que ceux qui étaient en âge de prendre les armes. Les enfants et les femmes ont été épargnés. Il est très étrange que les juifs ou les chrétiens reprochent aux musulmans d’avoir pratiqué ce massacre (bien que les récits sont forts douteux comme il a été démontré dans la partie I, voir à rejeter catégoriquement), alors que leur Dieu commanda cette même ordonnance dans leur sainte-Bible, la Parole de Dieu selon eux (Voir Les versets de l'épée de la Bible). 

C'est d'ailleurs parce que leur sort fut décidé en vertu de leurs lois religieuses que l'un des chefs juifs, Huyayy ibn Akhtab al Nadari, lors de ces derniers instants se tourna vers le Prophète et lui dit : Par Dieu ! Je n'ai pas de regrets de m'être opposé à toi, mais le fait est que quiconque tente de tromper Dieu est finalement trompé lui-même [cf. Ibn Hichâm]. Puis, il se retourna vers les siens et leur dit : Ô vous les gens ! il n'y a pas de mal dans l'application des lois de Dieu, Ceci était la directive de Dieu, ça a été décidé, c'est un châtiment que Dieu a prévu pour les enfants d'Israël. [cf. Ibn Hichâm] Confirmant ainsi que la loi a été tirée de la Thora des Juifs.

Le professeur Hamidullah (rahimulah) résume bien l'histoire de cette manière :

"Point 956 : Wensinck (*) exprime bien ce qu’aurait fait n’importe qui, même chez les peuples les plus civilisés, lorsqu’il met ainsi en relief la situation : « Le Prophète avait traité avec les Banu’n-Nadîr avec indulgence, mais ils provoquèrent le terrible siège du fossé ; c’était courir de trop grands risques que de pardonner cette fois-ci aux Banû Quraizah ». Il y a tout lieu de croire que si les Quraizah s’étaient rendus inconditionnellement, le Prophète (sws) se serait contenté de les éloigner de Médine ; car il avait déjà agit ainsi envers les Juifs des Banu’n-Nadîr, qui avait pourtant préparé un attentat contre sa propre vie. Mais, comme nous l’assure Ibn Hicham (**), ils capitulèrent à condition que le Prophète (sws) acceptât l’arbitrage de Sa’d ibn Mu’adh (***), un Musulman ausite, leur allié. Ils pensaient évidemment au comportement du Khazrajite ‘Abdallâh ibn Ubaiy, qui avait déjà vigoureusement intercédé en faveur de ses alliés des Juifs de Qainuqâ’. Le Prophète (sws) consentit à cet arbitrage. Sa’d étant hospitalisé depuis quelque temps à cause des blessures qu’il avait reçues pendant la guerre du Fossé, le Prophète Muhammad (sws) n’avait pas pu lui parler depuis plusieurs semaines. Transporté de l’ « hôpital militaire » sur un âne, il se rendit devant le Prophète (sws) ; il demanda d’abord aux membres de sa propre tribu s’ils acceptaient tout ce qu’il déciderait. Ils y consentirent. Ensuite il pose la même question au Prophète (sws) ; celui-ci aussi répondit affirmativement. L’arbitre décida que la loi juive du Pentateuque même (Deutéronome, XX, 10-14 en l’occurrence), serait appliquée à ces Juifs.[...]"

* Cf. Wensinck, dans Der Islam, II, 289. Pour la guerre des Quraizah en général, voir mon Battelfields, 206-208

** Ibn Hichâm, p. 689, II, 16-7 : cf. Tabarî, I, 1487 : Ibn Sa’d, 2/I, p.53-4

*** Ibn Hanbal, VI, 142 : Bukhârî, 63/12/4 ; Halabîyab, II, 119

Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam, El-Najah, 6ème édition, 1998, tome I

   3.4   Comment furent traités les prisonniers ?

Les femmes et les enfants furent confiés à l’ancien Rabbin ‘Abdallah ibn Salam, converti à l'Islam. D’autres sources disent qu’ils furent gardés chez une femme appelée Kayssa bint al-Harith. Les hommes qui allaient être exécutés se trouvaient chez Ousama ibn Zayd.

Le professeur Hamidullah dit :

"Point 956 : [...] Selon Humaid b. Hilâm (cité par Samhûdî, 2ème éd., p. 308), il décréta aussi que les maisons de ces juifs fussent données aux Musulmans d’origine mecquoise, pour qu’ils devinssent un peu plus indépendant des Ansâr. Le Prophète (sws) non seulement n’avait rien suggéré à l’arbitre, mais se trouva embarrassé de ne plus pouvoir revenir sur le consentement donné ; il ne s’était pas attendu à ce sévère verdict d’arbitrage, il murmura : « C’était leur destin, décidé par Dieu du haut des sept cieux » (*). Mais il manifesta sa clémence en maintes façons, que voici :

Point 957 : On traita bien les prisonniers. Ainsi on leur donna à manger (des dattes, selon le Charh as-siyar al-kabîr de Sarakhsî, II, 264, ou éd., Munajjed, §2000). Un certain Musulman (Thâbit ibn Qais), ayant parlé au Prophète (sws) en faveur d’un condamné, disant que celui-ci lui avait fait du bien à l’époque pré-islamique, le Prophète Muhammad (sws) épargna la vie de ce Juif (Ibn Bâtâ), ainsi que celle de ses enfants ; il lui rendit même toute sa famille et tous ses bien (**). Un autre Juif, Rifâ’ah ibn Samau’al, s’était réfugié chez une vieille musulmane ; celle-ci se rendit auprès du Prophète (sws) et lui dit : « Fais-moi cadeau de la vie de Rifâ’ah ; il promet de célébrer les offices et même de manger de la viande de chameau. » Le Prophète Muhammad (sws) consentit également (***)."

* Ibn Hichâm, p. 689 ; Ibn Sa’d, 2/I, p.54

** Ibn Hichâm, p. 691

*** Id.,p. 692

Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam, El-Najah, 6ème édition, 1998, tome I

Comme nous pouvons le voir, la peine sévère fut décidée par l'arbitre choisi par les Juifs eux-mêmes. Cet arbitre décida de juger selon les lois sévères de la Thora. Ce n'est donc pas le Prophète (sws) le responsable de cette sentence mais bel et bien l'allié des Juifs, Sa'd Ibn Mu'adh. De plus, comme nous le voyons, le Prophète (sws) essaya de faire libérer plusieurs prisonniers.

   3.5   Combien de traitres exécutés ?

 Les sources divergent grandement quant au nombre de personnes exécutées pour haute trahison. Ibn Ishâq en mentionne 700 hommes tandis qu'Ibn Kathir n'en mentionne que 400 ; d'autres encore vont jusqu'à 900.

« Al-Laith a rapporté d’après Abi az-Zubayr d’après Jabir selon lequel ils étaient 400, et Allah est le plus savant. » 

Ibn Kathîr, As-Sîra : la biographie du Prophète Mohammed (sws) - Les débuts de l’Islam, éditions Universel, 2007, p.652

L'imâm as-Zouhri, quant à lui, estime ce nombre à 40 comme cela est rapporté dans le "Kitâb al-Amwâl" d'Ibn Zanjawayh.

« [...] Le messager de Dieu (paix et bénédiction sur lui) s'est dirigé vers les Banou Quraydha et les a assiégé jusqu'à ce qu'ils acceptent le jugement de Sa'd b. Mou'adh. Ce dernier (Sa'd) a alors jugé que leurs hommes soient exécutés, que leurs enfants et leurs biens soient partagés. Ce jour-là quarante d'entre eux furent exécutés excepté 'Amrou b. Sa'd. [...]  » 

Ibn Zanjawayh, Kitâb al-Amwâl, tome 1, p. 299, des éditions"King Faysal Center for research and islamic studies" , Arabie Saoudite, 1986, tradition n°461

Une seule femme fut exécutée en application de la Loi du Talion pour le meurtre d’un musulman qu’elle commit auparavant sur ordre de son mari al-Hakam. Le musulman s’appelait Khallad ibn Suwayd (raa).

le Prophète (sws) avait pour habitude d'accorder sa grâce aux prisonniers de guerre, les rançonnait ou à défaut les exilait. Pendant la bataille de Uhud, nous pouvions voir certains des anciens prisonniers de la bataille de Badr avaient étaient libérés par le Prophète (sws). De même, certains des Banu Nadhir se mirent à attaquer les musulmans avec les polythéistes et les Banu Quraydha.

Ces exemples montrent que les graciés ne prenaient pas en compte la clémence du Messager d’Allah (sws). Se sont ‘Ali ibn Abi Talib et Zoubayr ibn al-‘Awwam (raa) qui mirent à mort les hommes de Quraydha.

   3.6   Tous ceux qui étaient en âge de porter les armes ont été exécutés ?

Certains juifs qui avaient été loyaux et respectueux du Pacte conclu avec les musulmans furent épargnés et mis hors de cause:

"Le siège continua durant 25 jours, durant lesquels les musulmans permirent aux juifs qui avaient refusé de trahir le Prophète (Paix sur lui) durant la Bataille du Fossé de partir et aller où bon leur semblait en reconnaissance de leur fidélité."

Muhammad Al-Ghazali, Fiqh us-sîra, p.346

Note : Nous avons vu précédemment que la durée du siège dépendait du rapporteur.

   3.7.   Pourquoi en être arrivé jusque là ?

Muhammad Redha rapporte

Il est des historiens occidentaux qui se sont indignés du massacre des Quraydha de cette façon. Mais il faut rappeler que ces derniers avaient trahi le Pacte conclu avec le Messager d’Allah (sws) qui leur garantissait la sécurité et la liberté confessionnelle et du culte. Ils se sont retournés contre lui dans les moments les plus délicats de l’Histoire de l’Islam, en nouant alliance avec ses ennemis comme ils ont mené la guerre contre les musulmans. Ce qui leur valut la condamnation à mort. Ceci dit, l’histoire notamment moderne, compte bien des exemples de représailles aussi rigoureuses. Ainsi, Muhammad ‘Ali Pacha le Grand, avait massacré les Mamlouks dans al-Qal’a, car ils conspiraient contre lui. En les éliminant, il se débarrassa de leur hostilité et de leur danger.

Muhammad Redha, Biographie de Muhammad (sws), le Messager de Dieu, éditions Al-Maktaba al-Assrya 2009, p.660

Muhammad Al-Ghazâli dit

C’est en effet la mort ; mais la responsabilité des conséquences de cette condamnation incombait à ceux dont les actes l’avaient nécessité, à ces stratégies malignes qui n’ont pas eu l chance d’aboutir. Autrement, des milliers de musulmans auraient péri et auraient alors été foulés par les Coalisés qui s’étaient rués de toutes les régions, exhortés et soutenus par les juifs. L’aventure de ceux qui ambitionnaient le commandement était peut-être à l’origine de ce fléau subi par les Banu Quraydha. Si Huyyay ibn Akhtab et ses semblables acceptaient de cohabiter avec l’Islam en jouissant de leur fortune, ils n’auraient ni subi ni causé à leur peuple la rigueur de cette peine. Mais les peuples payent de leur sang les erreurs monumentales de leurs dirigeants .A notre époque (celle dont l’auteur vivait), les Russes, les Allemands et d’autres peuples ont payés cher les illusions de leurs hommes politiques totalitaristes »… « L’attitude des juifs à l’égard de l’Islam n’a pas changé. Nombre de musulmans furent tués froidement par les juifs quand ils occupèrent la Palestine. Curieusement, les juifs ne s’en sont pas pris aux Européens qui les avaient massacrés pendant la Seconde Guerre Mondiale ; évitant toute confrontation avec eux, ils se sont acharnés sur les musulmans ; ils ont oublié leur paisible coexistence avec eux durant 12 siècles pour leur faire subir les pires tourments qui continuent en Palestine sous le regard approbateur et le soutien de l’Occident.

Muhammad al-Ghazali, Fiqh as-Sira, éditions Maison d’Ennour 2006, p.228-229

Un copte chrétien, Nabil Luqa Bebawi, connaisseur de la Chari'ah Islamique, fait le même constat :

Lors du siège de Médine par les Coalisés, qui dura plus d’un mois (…), les Quraydha adoptèrent une attitude hostile vis-à-vis des musulmans. Médine était assiégée de toute part : les forces de Quraysh l’assiégeaient en se plaçant de l’autre côté des tranchées, les Coalisés et les montagnes voisines firent le reste. Pendant le siège, les Quraydha coupèrent les vivres et l’approvisionnement aux femmes, aux enfants, aux vieux, parmi les musulmans de la ville, sachant que le siège durerait longtemps. Ils envisageaient, ainsi, d’affamer ces populations et de provoquer leur mort. Ces actes étaient en contradiction totale avec le Pacte  de Confiance qui exigeait des Quraydha de soutenir les musulmans contre les incroyants de Quraysh et leurs alliés « Coalisés ». Or, ils appuyèrent ces derniers et les approvisionnèrent. 

Nabil Luqa Bébawi, Muhammad (sws) le Prophète calomnié, éditions al-Bouraq 2006, p.153

4.   Conclusion

Nous pouvons dire que les musulmans se sont défendus contre des traitres qui menaçaient leur extermination totale. Le Prophète (sws) n'a pas décidé de la sentence, mais c'est plutôt Sa'd Ibn Mu'adh qui l'a choisie selon l'accord des Juifs eux-mêmes. Il appliqua donc, non pas la "shari'a", mais la loi moisaïque. En d'autres termes, les traitres juifs furent jugés d'après leur propre Loi par leur propre allié... comble de l'ironie... Le nombre des exécutés varie entre 40 et 900. Le premier chiffre de 40 personnes exécutées comme le rapporte l'imâm az-Zouhri (et qui n'est jamais mentionné par les polémistes) est plus proche de la réalité des faits que ceux qui mentionnent entre 400 et 900 exécutés. Il semblerait que les chiffres qui dépassent la centaine soient une exagération des historiens.

Voilà notre dernier mot sur la question. Allahou A'lam - Dieu Sait mieux ce qu'il en est !