Pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font !

Pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font !

Par Karim & Mouminbilah

Création 23/05/2010

 

Analysons maintenant ce verset biblique :

« Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort. » (Luc 23,34)

Dans ce verset, Jésus (as) demande à Dieu qu’il pardonne aux Juifs et aux romains (“ils” dans le verset 23,34a) ce qu’ils font en raison de leur ignorance. Imaginez la scène maintenant, la personne qui est censée se faire tuer pour racheter l’Humanité toute entière est en train de se faire crucifier et demande, par dans le même temps, à Dieu de pardonner les agissements de ses ennemis. Pourquoi ? Quand on demande à Dieu de pardonner à telle ou telle personne, n’est-ce pas en raison de ses péchés ou de l’erreur commise ? Alors pourquoi Jésus(as) qui se fait crucifier pour le rachat de l'humanité demande à Dieu de pardonner ceux qui étaient en train d'accomplir cet acte salvateur pour l'humanité ? Les derniers instants du "fils de dieu" sur terre sont inconsistants avec sa mission de sauver l'humanité de ses péchés. Il aurait mieux fallut que le dieu des chrétiens s'exclame de la sorte : Père ! Gratifie les ! car par ma mort, ils auront la vie éternelle ! N’est-ce pas une contradiction manifeste entre l’enseignement chrétien et la réalité des écritures ?

L’explication est simple, tout le monde connaît le commandement « tu ne tueras point », n’était-ce pas plutôt parce qu’ils assassinaient un homme innocent qu’il demande à Dieu de leur pardonner ? N’est-ce pas plus logique ? Si c’est effectivement Jésus (as) qui est sur cette croix, il n’a pas l’air heureux de donner sa vie pour le monde malgré que pour les chrétiens c’est sa mission principale. C’est un argument de plus qui s’ajoute à la longue liste des problèmes de la crucifixion et de son but.

En réalité, ce verset fait partie des 7 paroles que Jésus prononça sur la croix selon l’ensemble des évangiles. Ces paroles sont:

 

1/ « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné? » (Marc 15,34 / Mathieu 27,47)

2/ « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,34)

3/ « Amen, je te le dis, tu seras ce jour avec moi au paradis » (Luc 23,43)

4/ « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23,46)

5/ « Femme vois ton fils...vois ta mère » (Jean 19,26-27)

6/ « J’ai soif » (Jean 19,28)

7/ « Tout est accompli » (Jean 19,30)

 

Raymond E. Brown dit dans son livre “la mort du messie” p.1070:

 

« Même le tout dernier mot de Jésus, prononcé juste avant sa mort, n’est pas le même en Marc-Mathieu, chez Luc et chez Jean »

 

Ces mots sont différents entre chaque évangile et prouvent l’incertitude quant à la fin de la crucifixion qu’ont pu rencontrer les évangélistes par leurs témoignages discordant qu’ils ont récoltés. Les témoins, qui sont-ils? Quelle est la chaîne de transmission ininterrompue des témoins transmetteurs de ces informations contradictoires? Cette problématique endommage grandement la sûreté et l’authenticité des rapports inclus dans les récits de la vie de Jésus( as) selon les évangiles canoniques. Passons à l’analyse de ce verset: premièrement vérifions son authenticité dite “douteuse” selon les savants chrétiens:

 

En effet, ce verset n'apparaît pas dans tous les plus anciens manuscrits de Luc. Il n’est pas dans le P75, le Codex Vaticanus, Codex Bezae, le Codex Koridethi, le correcteur du Sinaïticus, et les versions Syriaques et Coptes du Sinaïticus.

 

Raymond E. Brown nous informe des possibilités reconnues pour le fait que ce verset n’existe pas dans tous les manuscrits anciens:

 

-         Elle fut prononcée par Jésus (dans le contexte de la crucifixion ou ailleurs) et conservée seulement chez Luc. Plus tard certains copistes, la jugeant inacceptable, la supprimèrent.

-         Elle fut prononcée par Jésus, mais ne fut pas conservée chez Luc. Elle circula comme un logion indépendant et ne fut insérée qu’au deuxième siècle dans le contexte actuel par un copiste qui pensa qu’elle correspondait bien aux sentiments de cet évangile. D’autres copistes l’ignorèrent. (on évoque une histoire du même genre pour le récit de la femme adultère, qui fut finalement inséré au début de Jean). Cette position est celle de MTC, p.180.

-         Elle ne fut pas prononcée par Jésus mais formulée par Luc (ou dans la tradition Lucanienne immédiatement précédente) comme une expression appropriée de ce que Jésus dut penser: en réalité, il pardonna en silence. Plus tard, certains copistes, la jugeant inacceptable, la supprimèrent.

-         Elle ne fut pas prononcée par Jésus mais formulée dans la pensée chrétienne postévangélique comme appropriée à Jésus et insérée par un copiste dans le récit Lucanien de la Passion car ce contexte lui paraissait particulièrement adapté. 

(Raymond E. Brown, “La mort du Messie”, p. 1074)

 

Faut-il voir comme certains l’ont soutenu que les chrétiens ont élaboré cette prière  en écho à la version Massorétique de Isaïe 53,12 ou il est dit:

 

« Il a porté les péchés d’un grand nombre et intercédé pour les transgresseurs »

 

Bizarrement la version des LXX (Septante) ne porte pas la même phrase:

 

« Il fut livré à cause de leurs péchés »

 

Cet argument n’est donc pas valable pour la simple et bonne raison qu’on ne sait quelle version est la plus authentique entre les deux. Le texte Massorétique est plus récent que son homologue grec, mais l’ancienneté n'est pas non plus garante d'une quelconque authenticité. Nous savons aussi que Luc avait l’habitude de travailler à partir de la Septante.

 

Il est rapporté dans l’Hégésippe que “Jacques, le frère de Jésus” pria avant d’être lapidé par les pharisiens:

 

« Seigneur, Dieu, Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Eusèbe He 2, 23, 16)

 

Sur ce passage, regardons le commentaire intéressant qu’en fait le célèbre savant catholique américain Raymond E. Brown:

 

« La prière fut elle attribuée d’abord à Jacques, le grand héros des judéo-chrétiens, puis transférée plus tard à Jésus? Ou l’influence se produisit-elle en sens inverse: un logion de Jésus favorable aux juifs, conservé dans les cercles judéo-chrétiens, fut intégré dans le martyr de Jacques, le frère de Jésus? Notons que rien dans le  récit d’Hégésippe ne nie que Jésus ait prononcé une telle prière. »

 

Les savants les plus réputés ne savent qui prononça à la base cette déclaration et qui l’imputa à qui dans les débuts du christianisme. Il est vrai que cet appel de Jacques ressemble mot pour mot à ce que Jésus est censé avoir prononcé sur la croix. Mais Jacques n’étant pas parmi ceux qui furent témoins de ces faits lors de la crucifixion, il semble peu probable qu’on le lui rapporta par la suite ; et si c'était le cas, nous demandons d’en apporter la preuve et le témoin qui lui transmis ces paroles, puisqu’en Luc, qui est le seul à avoir écrit ce verset, tous les témoins de la scène de crucifixion se tenaient “au loin”. Selon nous, la thèse selon laquelle cette phrase de Jacques, le frère de Jésus, puisse avoir été insérée par la suite sur le compte de son frère Jésus pour montrer sa miséricorde envers l’ennemi, selon son enseignement que nous trouvons dans les évangiles (prière du “notre Père” ou “bénissez ceux qui vous maudisse” etc.), est plus probable que l’inverse en vue des arguments apportés.

 

Voyons ce qui est dit sur ce verset par rapport à l’apparat critique textuel contenu dans les Bibles actuelles:

 

Bible Annotée :

Le verset Luc 23:34 manque dans B, D.

 

Bible du Semeur :

Ces paroles de Jésus sont absentes de certains manuscrits.

 

Bible de Jérusalem :

Ce verset est à maintenir, malgré son omission par de bons témoins.

 

TOB :

La prière de Jésus manque chez plusieurs témoins anciens…

 

Ce verset, pose donc bien des problèmes d’authenticité, mais ce n’est pas tout, passons sur l’analyse de son sens et l’effet produit si l’on en tient compte authentiquement. Le dilemme des chrétiens se situe ici principalement :

-         soit ils acceptent que ce verset n’est pas authentique dans ce cas la Bible est corrompue.

-         soit ils admettent que Jésus (as) n’était pas pour sa crucifixion (en partant du fait que ce soit bien lui sur la croix) et que les juifs commettaient une exaction qui ne peut se transformer en un pardon du péché. C’est à eux de choisir ce qu’ils préfèrent...

 

Après que Jésus(as) se soit caché des juifs qui le voulaient mort, et qu’il les ait accusé de vouloir accomplir l’œuvre du Diable, désormais il demande à Dieu de leur pardonner leur ignorance? Comment donc pouvoir imaginer avec toutes ces données que Jésus (as) soit venu se livré lui-même pour se faire tuer afin de sauver l'humanité toute entière de ses péchés ?

 

En Jean 8,44, Jésus (as) dit aux juifs que ce qu’ils veulent faire (c’est à dire de le mettre à mort) relève du diable et qu’il ne provient pas de Dieu. Puis, il demande à Dieu de leur pardonner ce qu’ils étaient en train d'accomplir. Pourquoi demande-t-il cela puisque, selon le dogme chrétien, c’est Dieu qui  lui fit accomplir cet acte ? Pis encore ! puisque Jésus serait Dieu, pourquoi se demande-t-il à lui même de pardonner à ses ennemis ?! Au contraire ! Ne fallait-il pas mieux remercier ces juifs et ces romains pour leurs bienfaits pour l'humanité ? En effet, sans eux, pas de rédemption !

Dieu se servirait donc du diable pour accomplir son œuvre sur lui-même?

Pourquoi a-t-il attendu 30 ans avant de commencer sa mission alors qu’il aurait suffit qu’il se fasse mourir plus jeune pour sauver le monde? Pourquoi pardonne t-il les péchés des gens pendant ses 3 ans de mission en accomplissant des miracles ou autres, alors qu’il aurait fallut qu’il se rende pour se faire tuer et laver le péché définitivement? Toutes ces incohérences prouvent que le christianisme et ses dogmes ne tiennent sur rien et sûrement pas sur les écritures.

Voici ce qu’en dit Jésus(as) à propos de sa future capture et mise à mort (selon les chrétiens) lorsqu’il s’adressa aux juifs:

 

“Or maintenant vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité, que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a pas fait ! Vous faites les œuvres de votre père. " Ils lui dirent : " Nous ne sommes pas nés de la prostitution ; nous n'avons qu'un seul Père : Dieu. "Jésus leur dit : " Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne viens pas de moi-même ; mais lui m'a envoyé. Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? C'est que vous ne pouvez pas entendre ma parole. Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui : quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge.” (Bible de Jérusalem, Jean 8,40-44)

Concluons par cette magnifique phrase qui ne peut qu'embarrasser le chrétien :

Comment un acte maléfique et satanique (selon Jean 8,44) peut-il être une œuvre salvifique pour les chrétiens?