Faire fortune à tout prix

I. 2/. CHRISTOPHE COLOMB ET SA PROUESSE :

b)Faire fortune à tout prix.

Après ce long intermède revenons à Colomb pour parler de ses commanditaires. On a souvent parlé à tors de la Reine Isabel la Catholique mettant ses bijoux au "clou" pour obtenir les fonds nécessaires au financement de l'expédition. Cette légende ne peut effacer cependant, l'histoire, les noms, et la nature de ceux qui financèrent le premier voyage de Colomb. C'était des personnes en chair et en os que ceux qui risquèrent leur argent, espérant en retours s'enrichir même au prix de massacres. C'est au bout de sept ans que la Reine Isabel fut convaincue par son entourage que l'entreprise proposée par Colornb n'était pas une Chimère. Isabel la Catholique proposa alors à son Fermier Général, le richissime Luis de Santangel, de mettre ses bijoux en gage pour financer l'aventure "vers les Indes", ce qui créa cette légende. Son Fermier Général lui répond cependant : 

Citation:

"Il n'est pas nécessaire, Sérénissime Altesse, que Vous donniez Vos bijoux en gage. Il sera très petit le service que je rendrais à Votre Altesse en lui prêtant de ma caisse personnelle 1.000.000."(1)

La somme offerte par de Santangel ne comblant que les deux tiers des frais prévus pour l'expédition, le troisième tiers (500.000 maravedis) fut avancé par les armateurs "Los Pinzones", comme on appelait les frères Pinzon de Palos, qui prirent personnellement part à l'aventure également dans l'espoir de s'enrichir. Isabel était surtout intéressée à étendre "aux Indes" l'emprise du christianisme, alors que Colomb, de Santangel et "Los Pinzones" n'avaient que des objectifs d'enrichissement personnel. Dans une de ses lettres aux rois catholiques, émouvante de sincérité, Colomb explique son comportement criminel envers les Indiens - récompense de leur cordiale hospitalité pour laquelle il ne tarit pas d'éloges dans son livre de bord : 

Citation:

"Je jure de nouveau", leur écrit-il, "que j'ai mis davantage de diligence à servir Vos Altesses qu'à mériter le Paradis."(2)

Il était arrivé au Nouveau Monde le 12 octobre 1492 pour constater que les Indiens étaient des personnes "dociles et aimables, pacifiques et sans convoitise, aimant leur prochain comme eux-mêmes"(3). Cependant, le jour suivant son arrivée, dans une autre lettre aux rois catholiques, il montre sa "diligence à les servir" par la hantise de l'OR qui s'empare de lui. Il le cherche avec exaltation; il montre à tout indigène des échantillons d'or pour leur demander par des signes où on en trouve. Il n'avait pas pris le temps de méditer sur la grandiose prouesse qu'il avait accomplie, et le 15 du mois de son arrivée il écrivait déjà aux rois catholiques : 

Citation:

"à l'aide de Notre Seigneur, je ne manquerai pas de découvrir le lieu où il se trouve(l'or)".(4)

L'essentiel était de savoir que l'or existait en ces lieux. Pour se le procurer, rien de plus facile en "christianiserait" les Indiens pour en faire de "dociles serviteurs", comme il les appela, pour leur faire arracher cet or aux entrailles de la terre ou recueillir dans les cours d'eau. Ce fut pour cela que, arrivé le 12 octobre au Nouveau Monde, dès le 13 on remarque déjà dans toutes ses lettres quotidiennes comment la fièvre de l'or s'empare de lui, sans jamais oublier, en pieux chrétien(!?), de faire de Dieu son complice dans sa besogne de chercheur d'or. Pour gagner cet or il fallait des esclaves, soit! on fera la chasse à l'homme. C'est pour cela, qu'à propos d'esclavage au bénéfice de l'industrialisation de l'Europe, on peut dire catégoriquement que Colomb fut le premier esclavagiste, le PIONNIER de la mise en esclavage des Indiens du Nouveau Monde. Deux jours après son arrivée chez les "dociles et pacifiques", comme il les appela, il écrit aux rois catholiques : 

Citation:

"Quand Vos Altesses en donneront l'ordre on pourra les amener tous en Castille ou les garder ici à l'Ile (l'Ile de La Española) en esclavage. Car avec cinquante hommes on pourra les tenir subjugués tous et en faire ce que l'on voudra."(5)

________________________________________

1/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, page 170. 

2/. Idem, tome II, page 27.

3/. Idem, tome I, page 204. 

4/. Cristobal Colón, LOS CUATRO VIAJES DEL ALMIRANTE Y SU TESTAMENTO, éd. Espasa-Calpe, Madrid 1971, page 36. 

5/. Idem, page 33. 

Web : basile-y.com 

© 2000 Copie autorisée si sans modification et si auteur Basile Y. cité