Le Prophète (sws) aurait ordonné le meurtre de 'Asmâ bint Marwân ?

Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) aurait ordonné le meurtre de 'Asmâ bint Marwân ?

Sâlik al-Hânif

Création : 23/08/2010

Modification : --/08/2012

Article en cours de modification - Barak Allahou fikoum

1. Introduction

Beaucoup d'islamophobes - et malheureusement même des personnes se réclamant de l'islâm - avancent l’idée que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) aurait ordonné de tuer 'Asmâ bint Marwân parce que celle-ci l'insultait. Qu'en est-il réellement ?

Remarque : les traductions des sources du récit en vert ne sont pas les nôtres et sont issues du site islamophobe "islam-document". Elles laissent à désirer, principalement sur les dénominations des personnages et sur les expressions employées.

2. Mise au point sur les sciences du hadîth

2.1. L'interdiction de mentir sur le compte du Prophète (paix et bénédictions sur lui)

En lisant les pages de l'histoire de la civilisation musulmane, nous nous rendons compte que les savants musulmans avaient un très grand souci de l'exactitude des informations qui leur parvenaient du prophète (paix et bénédictions sur lui). D'autant plus, que mentir sur le prophète (paix et bénédictions sur lui, était compris comme mentir sur l'Islâm, et indirectement sur Dieu. C'est pour cela que Dieu a dit dans le Saint-Coran :

يا أيها الذين آمنوا إن جاءكم فاسق بنبأ فتبينوا أن تصيبوا قوما بجهالة فتصبحوا على ما فعلتم نادمين

Traduction approchée :

« Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. »

[Saint-Coran, Sourate 49 verset 6]

Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) rappelle également ce principe coranique dans plusieurs hadiths authentiques :

‏لا تكذبوا علي فإنه من يكذب علي ‏ ‏يلج ‏ ‏النار

« Ne mentez pas à mon sujet car celui qui ment volontairement sur moi, qu’il prenne sa place en Enfer. » [Boukhârî, hadîth n°106 & Mouslim, hadîth n°1]

Ce hadith est, dit-on, rapporté par plus de 70 compagnons du prophète (paix et bénédictions sur lui) et il est considéré comme étant « mutawâtir lafzi » (c’est-à-dire notoire verbal).

2.2. Les 5 critères que doit remplir un hadîth pour qu'il soit déclaré authentique

Pour qu'un hadîth soit déclaré authentique, il doit respecter 5 critères, à savoir : la continuité de la chaîne de transmission, l’honorabilité et la fiabilité de chaque transmetteur, l'absence de marginalités et de défauts dans le hadîth.

Nous lisons dans l'excellent ouvrage de Mahmoud at-Tahhân ceci :

Le Valide-sûr [aç-çahîh]

[...]

b) Au sens terminologique : celui dont la chaîne des transmetteurs est continue et dont chacun de ces transmetteurs est témoin honorable ['adl] fiable [dâbit], et cela jusqu'à la fin de la chaîne, sans qu'il y apparaisse de marginalité ou de défaut.

[...]

a) Liaison et continuité de la chaîne des transmetteurs : C'est-à-dire que chaque rapporteur dans la chaîne a recueilli l'information directement de qui l'a précédé, cela du début de la chaîne jusqu'à la fin.

b) L'honorabilité des transmetteurs : Chacun de ses transmetteurs est musulman, pubère, doué de raison, non "pervers" et dont la bonne réputation n'est pas entachée.

c) Sûreté des transmetteurs : Chacun de ses transmetteurs est totalement fiable, que ce soit la fiabilité de mémoire par coeur ou de transcription.

d) Absence de marginalité : Que le hadîth ne soit pas marginal. La marginalité est définie par l'opposition de qui est sûr et témoin honorable avec qui sont plus sûrs et plus honorables que lui.

e) Absence de défaut : Que le hadîth ne présente aucun défaut. Le défaut ['illa] est défini comme étant une cause trouble et subtile qui entache le caractère valide-sûr [çahîh] du hadîth, bien qu'en apparence, il en semble dénué.

[...]

Il apparait clairement du commentaire de la définition ci-dessus que les conditions que le hadîth valide-sûr doit réunir obligatoirement pour qu'il soit ainsi désigné valide-sûr, sont au nombre de cinq : Liaison et continuité de la chaîne de ses transmetteurs - honorabilité des transmetteurs - sûreté des transmetteurs - absence de défaut - absence de marginalité.

Si un de ces cinq conditions n'est pas remplie, alors le hadîth n'est pas désigné comme valide-sûr.

Source : Mahmoud At-Tahhan, Précis des sciences du hadîth, édition al Qalam, Paris 2004, p.46-47

De même que dans le très bel ouvrage du docteur Abdelmadjid Ihaddadene, professeur à l'I.E.S.H. de Paris, ceci :

Les traditionnistes s'accordent sur cinq critères que chaque hadîth doit satisfaire pour être catégorisé dans les hadîth authentiques. Ces critères sont les suivants :

1. La continuité de la chaine de transmission (ittisâl as-sanad) : la chaîne ne doit pas comporter de vides ou de personnes anonymes à partir du premier rapporteur jusqu'au Prophète (paix et bénédictions sur lui). [...]

2. La probité religieuse de chaque transmetteur ('adala) : Chaque transmetteur doit être musulman, majeur, ne commet pas de grands péchés (notamment le mensonge) et ne récidive pas dans les petits péchés.

3. La probité intellectuelle (Dabt) : Chaque transmetteur ne doit pas être en opposition avec les transmetteurs sûrs, ne doit pas avoir une mémoire déficiente, ne commet pas d'erreurs grossières, ne doit pas être distrait. Il doit préserver ses écrits (notamment contre des rajouts externes).

[...]

4. La non-marginalité ('adam ash-shudhûdh) : Lorsqu'un hadîth a satisfait au trois conditions précédentes, il peut être considéré comme marginal (Shâdh) lorsqu'il est en opposition avec la version de transmetteurs plus sûrs. [...]

5. Absence de vice caché ('adam al-'illa) : Le critère précédent fait partie en réalité de ce critère important, car la marginalité est une forme de vice caché. Beaucoup de traditionnistes le citent séparément pour montrer l'importance d'une comparaison systématique de toutes les versions du même hadîth ou avec d'autres hadîth comprenant le même thème. Le vice caché peut se présenter au niveau de la chaîne de transmission, du texte du hadîth ou des deux à la fois. [...]

Source : Dr. Abdelmadjid Ihaddadene, Introduction aux sciences du hadîth, éditions Le Relais, Paris, 2009, p. 97-101

La même information est rapportée dans le très volumineux ouvrage du docteur Temsamani Chebagouda :

L'information (maqboûl) valide est celle qui remplit les conditions d'admission qui sont : la continuité (al ittisâl) de la chaîne (isnâd), l'honnêteté du transmetteur ('adâla), la fiablité (dabt), l'exemption de marginalité (khoulouwou mina choudoûd), l'absence de défaut ('illa).

Source : Dr. Temsamani Chebagouda, Les sciences du Hadîth, revue et préfacé par Chaykh al-Hafiz 'Abd al 'Aziz ibn Seddiq, éditions LeSavoir, Janvier 2007, p. 249

Maintenant, posons-nous la question suivante : est-ce que le hadîth mentionnant le meurtre d'Asmâ bint Marwân respecte ces 5 critères ? Citons d'abord les sources.

3. Les rapports en question

L'histoire a été rapportée dans plusieurs sources islamiques. Je vais essayer de citer les principales sources, s'il plait à Dieu, et ensuite je ferai un tableau récapitulatif.

1) al-Wâqidî (129/130 - 206/207/209 H.), "Kitâb al-Maghâzî" (Le livre des expéditions), tome 1, p.172-174

Voilà comment le site islamophobe islam-document traduit la citation d'al-Wâqidî qui fait tout de même près de deux pages...

Version d'al Waqidi , Livre des expéditions 10 :

Vers le cinquième jour du mois de ramadan, il y eut l’assassinat de Asma bint Marwan, une femme...

Elle offensait et provoquait le parti musulman. A cause de cela, Umayr annonça qu’il allait la tuer, dès que le prophète rentrait de Badr. 

Ainsi, la nuit, il se faufila chez elle pendant que ses enfants dormaient autour d’elle. Le plus jeune était encore accroché à son sein. Avec le sabre, il la transperça.

Pour la prière du matin, il était déjà de retour à Médine. Muhammad lui demanda aussitôt s’il l’avait tuée. Il avait peur de la question. Ensuite, il fut tout de suite rassuré.

Outre le fait que c'est totalement raccourci et résumé assez frauduleusement, nous remarquons que ce site ne traduit pas la partie dans laquelle il est dit que 'Asmâ bint Marwân incitait les gens à combattre le prophète (paix et bénédictions sur lui). Les arabophones pourront juger de la pertinence de leur traduction.

Quoi qu'il en soit, mis à part cet "oubli" de leur part, volontaire ou pas, l'idée du passage est globalement correcte.   

2) Ibn Ishâq (m. 151 H.) / Ibn Hishâm (m. 213 H.) "As-Sîra" (La biographie du Prophète)

Nous lisons dans la Sîra d'ibn Ishâq, reprise par Ibn Hishâm ceci :

L'expédition de 'Umayr b. 'Addy al-Khatim pour tuer 'Asmâ', fille de Marwân

Et l'expédition de 'Umayr b. 'Addy al-Khatmî contre 'Asmâ', fille de Marwân. Elle est de Banû 'Umayyah b. Zayd. Lorsque Abû 'Afâk fut tué, elle devint hypocrite. 'Abd Allâh b. al-Hârith b. al-Fudayl, sur l'autorité de son père qui a dit : "Elle était l'épouse d'un homme de Banû Khatmah, appelé Yazid b. Zayd. Elle a dit en insultant l'Islam :

Comme ils sont humiliés : les banû Mâlik, les Nabît,

    Les 'Awf et les Banû al-Khazraj !

Vous avez obéi à un étranger, d'une autre tribu,

    Qui n'est ni de Murâd, ni de Madhij.

Espérez-vous en quelque chose de bon de lui après qu'il a tué vos chefs

    Comme un affamé qui attend le potage du cuisinier ?

N'y a-t-il pas quelqu'un qui a de la dignité et qui profiterait d'un moment d'inadvertance

Pour couper les espoirs de ceux qui attendent quelque chose de lui ?!

Alors Hassân b. Thâbit lui répondit par ces vers :

Banû Wâ'il, Banû Wâqif et al-Khatmah

    Sont inférieurs aux Banû al-Khazraj

Quand elle a appelé à la folie, malheur à elle

    Par ses lamentations, et la mort viendra

Elle excita un jeune homme noble,

    Généreux en son intérieur et en son extérieur

Et il l'a couverte de sang rouge

    Dans la nuit et il n'a pas commis un péché.

Lorsque l'Envoyé d'Allâh (paix et bénédictions sur lui) en fut informé, il a dit : "Qui me vengerait de la fille de Marwân?" 'Umayr b. 'Addy al-Katmi a entendu cette parole de l'Envoyé d'Allâh (paix et bénédictions sur lui) et lui dit : "Ô Envoyé d'Allâh ! Je l'ai tuée?" L'Envoyé d'Allâh (paix et bénédictions sur lui) dit : "Tu as pris la défense de Dieu et de son Envoyé ; Ô 'Umayr." Celui-ci dit : "Ai-je à supporter quelque conséquence à ce sujet, ô Envoyé d'Allâh ?" Celui-ci répondit : "A son sujet même deux chèvres ne se donneraient pas des coups de corne !"

'Umayr retourna à son peuple. Les Banû Khatmah ce jour-là parlaient beaucoup du cas de Banû 'Asmâ, la fille de Marwân. elle avait alors cinq fils qui étaient déjà des hommes. Lorsque 'Umayr b. 'Addy vint à eux d'après l'Envoyé d'Allâh (paix et bénédictions sur lui), il dit : "Ô Banû Khatmah ! J'ai tué la fille de Marwân ; faites-moi la guerre, vous tous et n'attendez pas."

Ce fut le premier jour où l'Islâm devint puissant dans la maison de Banû Khatmah. Auparavant, celui qui embrassait l'Islam, cacha son Islam. Les premiers parmi les Banû Khatmah à se convertir à l'Islam furent : 'Umayr b. 'Addy - surnommé le lecteur et 'Abd Allâh b. 'Aws et Khuzaymah b. Thâbit. Le jour où la fille de Marwân fut tuée, des hommes de Banû Khatmah embrassèrent l'Islamn après avoir vu sa puissance.

Source : Ibn 'Ishâq, Muhammad, Traduction, introduction et notes 'Abdurrahmân Badawi, éditions AlBouraq, 2001, tome II, p.562-563       

La traduction du site islam-document :

- Version d'ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 995-6:

Elle faisait partie des Banu Umayya ibn Zayd. Quand Abu Afak a été assassiné, elle a témoigné de sa colère. (...) Critiquant l’islam et ses fidèles, elle disait:

Enculés de Banu Malik et al Nabit et de Awf et enculés de Khazraj. Vous obéissez à un chef qui n’est même pas de chez vous.

(...)

Espérez-vous quelque chose de positif de lui. Après le meurtre de vos chefs?

Comme un homme affamé attendant la soupe du cuisinier?

N’y a t-il aucun homme d’honneur qui voudrait l’attaquer par surprise et briser ainsi les espoirs de ceux qui espèrent tant en lui.

Quand l’apôtre entendit ce qu’elle avait dit, il déclara:

-Qui voudrait me débarrasser de la fille de Marwan ?

Umayr ibn Adiy al Khatmi qui était avec lui l’entendit et la nuit-même il alla dans sa main et la tua.

Le matin, il revint voir l’apôtre et le dit ce qu’il avait fait.

-Tu as aidé Allah et son apôtre, ô Umayr!

Quand j’ai demandé si j’allais porté sur le moi les conséquences de cet acte, l’apôtre déclara:

-Deux chèvres ne se taperont pas la tête pour elle.

Et Umayr rentra chez lui.

Ensuite, il y eut une grande émotion parmi les Banu Khatma, le jour de l’affaire de Asma bint Marwan. Elle avait cinq fils, et quand Umayr vint les voir de la part de l’apôtre, il leur déclara:

-J’ai tué Asma bint Marwan, ô fils de Khatma. Affrontez-moi si vous le voulez, ne me faites pas attendre! 

C’est ce jour où l’islam est devenu puissant parmi les Banu Khatma ; avant, c’étaient le musulmans qui devaient cacher leur état.

Le premier d’entre eux qui accepta l’islam fut Ummayr ibn Adiy, appelé “le lecteur", puis Abdullah ibn Aws et Khuzayma ibn Thabit. Le jour après l’assassinat de Bint Marwan, les hommes des Banu Khatma devinrent musulmans, parce qu’ils avaient vu la puissance de l’islam.

Il y a un petit mensonge dans la version traduite par "islam-document" à savoir qu'ils n'ont pas précisé qu'Ibn Ishâq affirme que tous ses 5 fils étaient des hommes et non des nourrissons comme nous l'avons lu dans les versions précédentes. De plus, ils n'ont pas mentionné que dans la tribu de 'Asmâ bint Marwân, les musulmans étaient persécutés et étaient obligés de cacher leur foi. Outre, ces petits "oublis" de leur part, volontaires ou pas, l'idée du texte est là.

3) Ibn Sa'd (m. 230 H.), "Kitâb at-tabaqât al-kabîr" (le grand livre des générations), tome 2, p.25

- Version d'ibn Sa'd , Tabaqat 2/30-1:

Puis advint le raid d'Umayr ibn Adi ibn Kharashah al Khatmi contre Asma bint Marwan, des Banu Umayyah ibn Zayd, quand il restait cinq nuits au mois de ramadan, au début du dix-neuvième mois de l'Hégire de l'apôtre d'Allah. Asma était la femme de Yazid ibn Zayd ibn Hisn al Khatmi. Elle avait coutume de dénigrer l'islam, d'offenser le prophète et de pousser les gens contre lui. Elle composait des poèmes. Umayr ibn Adi alla à sa rencontre de nuit, entra chez elle. Ses enfants dormaient autour d'elle. Il y en avait même un qui pendait à sa poitrine, qu'elle allaitait. Il la chercha de sa main, car il était aveugle, et écarta l'enfant. Il plongea son sabre dans sa poitrine jusqu'à ce qu'il ressorte dans le dos. Ensuite, il fit la prière du matin à Médine avec le prophète.

L'apôtre d'Allah lui dit:

-As-tu assassiné la fille de Marwan?

Il dit:

-Oui. Dois-je faire autre chose?

Il dit:

-Non. Deux chèvres ne se cogneront pas pour elle.

C'est une formule qui fut entendue pour la première fois provenant de l'apôtre d'Allah.

L'apôtre d'Allah appelait Umayr "le voyant".

4) Al-Moutahhâr ibn at-Tâhir al-Maqdissî (m. 355 H.), "Al-Bad'ou wal Târîkh" (Le Commencement et l'Histoire), tome 4, p.194

[...] Puis survint l'expédition contre 'Asmâ bint Marwân. C'était une infidèle qui tenait des propos obscènes et qui invectivait le prophète (paix et bénédictions sur lui) et qui incitait les gens à combattre les musulmans. Le prophète (paix et bénédictions sur lui) lui envoya donc 'Oumayr ibn 'Addîy al-Ansârî qui la tua. Il dit alors : "A son sujet même deux chèvres ne se donneraient pas des coups de corne ! " [...]

5) 'Alî ibn 'Oumar al-Harbî (m. 386 H.), "Al-Fawa'îd al-Mountaqâ 'an ash-Shouyoukh al-'Awâlî" (Les profits sélectionnés parmi les sheikhs distingués), p.268-269, hadîth n°50

50 - 'Alî nous a informé que Ja'far nous a rapporté que Muhammad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ ash-Shâmî nous a rapporté que Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî Abou Ibrâhîm al-Wâsitî selon Moujâlid ibn Sa'îd selon ash-Sha'bî selon Ibn 'Abbâs (que Dieu l'agrée lui et son père) qui dit :

Une femme parmi les Banou Khatmah dénigrait le prophète (paix et bénédictions sur lui) d'une manière qui lui était propre. Puis il ajouta : Le prophète (paix et bénédictions sur lui) eu vent de cela. Puis cela lui devint insupportable et dit : "Qui se débarrassera d'elle pour moi ?" Alors un homme de son peuple dit : "Moi ô Messager de Dieu" C'était une vendeuse de dattes. Il dit : Il est allé la voir et lui dit : "As-tu des dattes ?" Elle lui répondit : "Oui" et elle lui montra ce qu'elle avait. Il lui dit alors : "Je voudrai de meilleures qu'elles." Il dit alors : Elle rentra pour lui montrer. Et il ajouta : Il entra derrière elle et regarda à droite et à gauche et il ne vit rien excepté de la nourriture (khiwân: terme perse). Il l'a frappa alors à la tête jusqu'à ce qu'elle meurt.

Puis il revint vers le Prophète (paix et bénédictions sur lui) et lui dit :  "Ô Messager de Dieu, je m'en suis débarrassé". Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) dit alors : "A son sujet même deux chèvres ne se donneraient pas des coups de corne !" Et il fit d'elle un exemple.

6) Al-Qoudâ'î (m. 454 H.), "Mousnad ash-Shihâb", tome 2, p.46-48, hadîth n°856, 857 et 858

L'avantage de cette source, c'est qu'elle regroupe toutes les chaînes de transmission de cette histoire ainsi que ses variantes.

856 - Le cheikh [Abou at-Tâhîr] Muhammad ibn al-Housayn ibn Muhammad [ibn Sa'doune] al-Mousalllî est venu nous informer qu' Abou al-Hasan 'Alî ibn Muhammad ibn al-Hassan al-Harbî al-Hanbalî as-Soukarî nous a rapporté qu'Abou al-Fadl Ja'far ibn Ahmad ibn Muhammad as-Sabbâh al-Jarjarâ'î nous a rapporté que Muhammad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ ash-Shâmî nous a rapporté que Muhammad ibn Hajjâj al-Lakhmî, Abou Ibrâhîm al-Wâsitî, nous a rapporté selon Moujâlid ibn Sa'îd selon ash-Sha'bî selon ibn 'Abbâs qui dit :

Une femme parmi les Banou Khatmah invectivait le prophète (paix et bénédictions sur lui) d'une manière qui lui était propre. Le prophète (paix et bénédictions sur lui) a eu vent de cela. Puis cela lui devint insupportable et il dit : "Qui se débarrassera d'elle pour moi ?" Alors un homme de son peuple dit : "Moi Ô Messager de Dieu" C'était une vendeuse de dattes. Il ajouta ceci : "Il lui [demanda] ce qui était meilleur que ce qu'elle avait". Il ajouta encore : "Elle est alors entrée dans la cave et il est rentré derrière elle, puis il regarda à droite et à gauche et et il ne vit rien excepté de la nourriture (khiwân: terme perse) puis il l'a frappa à la tête jusqu'à la mort. Puis il revint vers Messager de Dieu et lui dit : "[Ô Messager de Dieu] je t'en ai débarrassé". Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) dit alors : "A son sujet même deux chèvres ne se donneraient pas des coups de corne !" 

857 - Abou 'Abd Allâh al-Housayn ibn Muhammad ibn Ahmad ar-Raqî as-Sâkin nous a informé "kâna bibilbiss ijaza" qu'Abou Bakr Ahmad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ nous a informé que Muhammad ibn al-Hajjâj Abou Ibrâhîm al-Wâsitî nous a informé selon Moujâlid selon ash-Sha'bî selon ibn 'Abbâs qui dit :

Une femme parmi les Banou Khatmah dénigrait le prophète (paix et bénédictions sur lui). Puis il ajouta : Le prophète (paix et bénédictions sur lui) eu vent de cela. Puis cela lui devint insupportable et dit : "Qui se débarrassera d'elle pour moi ?" Alors un homme de son peuple dit : "Moi ô Messager de Dieu" C'était une vendeuse de dattes. Il dit : Il est allé la voir et lui dit : "As-tu des dattes ?" Elle lui répondit : "Bien entendu" et elle lui montra ce qu'elle avait. Il lui dit alors : "Je voudrai de meilleures qu'elles." Il dit alors : Elle entra dans le dépôt (ar: at-turbah, sûrement l'endroit où elle entreposait ses dattes) et il ajouta qu'il entra derrière elle et regarda à droite et à gauche et il ne vit rien excepté de la nourriture (khiwân: terme perse). Il l'a frappa alors à la tête jusqu'à ce qu'elle meurt.

Puis il revint vers le Prophète (paix et bénédictions sur lui) et lui dit :  "Ô Messager de Dieu, je t'en ai débarrassé". Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) dit alors : "A son sujet même deux chèvres ne se donneraient pas des coups de corne !" Et il fit d'elle un exemple.

858 - Muhammad ibn Ahmad al-Asbahânî nous a informé qu'al-Hasan ibn 'Alî at-Toustarî et Dhou an-Noun ibn Muhammad ont dit : Al-Hasan ibn 'Abd Allâh al-'Askarî nous a informé que Yahya ibn Muhammad, le client des Banoû Hashim nous a informé qu'Abou Bakr ibn 'Abd al-Wahhâb nous a informé qu'al-Wâqidî qu''Abd Allâh ibn al-Harîth ibn Fadl selon son père

Il y avait [une femme du nom] 'Asmâ bint Marwân, qui appartenait aux Banou Oummaya ibn Zayd. Son mari s'appelait Yazîd ibn Zayd ibn Hisn al-Khatmi. Elle avait l'habitude d'exciter les gens contre les musulmans, et elle les offensait et dénigrait par ses poèmes. 'Oumayr ibn 'Addîy s'est alors dit que si Dieu faisait revenir le prophète (paix et bénédictions sur lui) en bonne santé de la bataille de Badr alors il la tuerait. Alors 'Oumayr pénétra chez elle de nuit et la tua. Puis il alla à la rencontre du Prophète (paix et bénédictions sur lui) et pria la prière du matin avec lui. Et le prophète (paix et bénédictions sur lui), [...] jusqu'à ce qu'il rentra chez lui. Puis il dit à 'Oumayr ibn 'Addîy : "L'as-tu tué ?" - "Oui !" et il ajouta : "Ô Prophète de Dieu, subirai-je les conséquences de son meurtre ?"  Alors le Messager de Dieu (paix et bénédictions sur lui) dit : "A son sujet même deux chèvres ne se donneraient pas des coups de corne !". Et c'est la première fois qu'on entendit ces paroles du Messager de Dieu (paix et bénédictions sur lui).

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7) Al-Khatîb al-Baghdâdî (m. 463 H.), "Târîkh Baghdâd" (Histoire de Bagdâd), tome 15, p.119

Il cite ici une des versions rapportées par al-Qoudâ'î et dont la chaîne de transmission comprend Muhammad ibn Hajjâj al-Lakhmî et Moujâlid.

8) Al-Qâdi 'Iyâd (m. 544 H.), "Ash-Shifâ" (la Guérison), partie 2, p. 952

L'auteur cite la version d'Ibn 'Abbâs sans mentionner entièrement la chaîne de transmission. Il s'agit en réalité de la version contenant Muhammad ibn Hajjâj al-Lakhmî et Moujâlid dans la chaîne de transmission.

9) Ibn 'Asâkir (m. 571 H.), "Târikh Madînat Dimashk" (Histoire de la ville de Damas), tome 51, p.224-225

L'auteur cite la version contenant Muhammad ibn Hajjâj al-Lakhmî et Moujâlid dans la chaîne de transmission.

10) Bashkouwâl (m. 578 H.), "Kitâb al-Ghawâmid wal Moubhamât" (Le livre des ambiguïtés et des indéterminés), tome 2, p.530-532, hadîth n°531 & 514

L'auteur cite, avec chaîne de transmission, la version rapportée par al-Wâqidî et celle rapportée par Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî.

11) As-Souhaylî (m. 581 H.), "ar-Rawd al-Ounouf fî Sharh as-Sîrâ an-Nabawîyah lî Ibn Hishâm" (Les jardins vierges dans l'explication de la biographie prophétique d'Ibn Hishâm), tome 7, p.499

Comme le titre de l'ouvrage l'indique, l'auteur cite la version d'ibn Hishâm.

12) Ibn al-Jawzî (m. 597 H.), "al-Mountadhim fî târîkh al-moulouk wal oumam" (Sélection ordonnée dans l'histoire des rois et des nations), tome 3, p.135 & tome 4, p.262-263

C'est la version d'ibn Sa'd qui est rapportée ici comme la note de bas de page le précise.

13) Ibn Taymiyyah (m. 728 H.), "As-Sârim al-Masloul 'alâ châtim ar-Rasoul" (L'épée dégainée envers celui qui insulte le Messager), tome 2, p.195

Ibn Taymiyyah cite ici la version d'al-Wâqidî et celle qui aurait été transmise par 'Ibn 'Abbâs, mais il ne cite pas de chaîne de transmission.

14) Ibn Sayyid an-Nâs (m. 734 H.), "'Ouyoun al-Athar fî Founoûn al-Maghâzî wash-Shamâ'îl was-Siyar" (Regard sur l'héritage dans l'art militaire, les bons caractères et les biographies), tome 1, p.441

L'auteur rapporte ici la version d'Ibn Sa'd.

15) Shams ad-Dîne adh-Dhahabî (m. 748 H.), "Târîkh al-Islâm" (Histoire de l'Islâm), tome 1, p.85

L'imâm adh-Dhahâbî cite ici al-Wâqidî qu'il résume.

16) Ibn Kathir (m. 774 H.), "Al-Bidaya wal Nihâya" (Le commencement et la fin), tome 8, p.20-21

Ibn Kathîr résume ici l'histoire sans citer de chaîne de transmission.

17) Ibn Hajar al-'Asqalânî (m. 852 H.), "al-Isâba fî Tamyîz as-Sahâba" (La bonne méthode afin de distinguer les Compagnons), tome 7, p.524, notice n°6073

Ibn Hajar cite ici la version d'Ibn Ishâq qu'il résume.

18) Al-Mouttaqî al-Hindî (m. 975 H.), "Kanz al-'Oumâl" (Le Trésor des travailleurs), tome 12, p.429, hadîth n°35491

La version citée ici est celle rapportée selon Ibn 'Abbâs, mais elle est rapportée sans chaîne de transmission.

19) Muhammad ibn Youssouf as-Sâlihî (m. 942 H), "Souboul al-Houdâ war-Rashâd fî Sîrat Kheyr al-'Ibâd" (Les voies de la guidance dans la biographie du meilleur des serviteurs), tome 6, p.36

L'auteur ne cite pas de chaîne de transmission, mais c'est la version d'Ibn Sa'd qu'il utilise.

Récapitulatif sur les sources du récit

Nous pouvons répartir en 3 les sources du récit.

Ainsi, toutes les versions que nous trouverons dans les ouvrages islamiques se rapporteront à l'une des 3 versions citées.

4. Critique extrinsèque : Analyse des chaines de transmission des versions du hadîth

4.1. Version n°1

En réalité, il ne s'agit pas réellement d'une version. Les auteurs que j'ai classés dans cette colonne ne citent pas de chaîne de transmission complète, ils renvoient, quand ils le font, vers la version 2 ou 3.

Nous pouvons tout de même souligner les rapports d'Ibn Ishâq et d'Ibn Sa'd. Ils font indirectement référence à ce qu'al-Wâqidî a rapporté. Notamment parce qu'Ibn Sa'd était son élève bien qu'il ne dit pas explicitement que c'est de son maître qu'il rapporte le hadîth. De même, Ibn Ishâq a repris cette version car nous voyons qu'il fait remonter l'information à al-Hârîth ibn al-Foudayl comme le fait al-Wâqidî.

4.2. Version n°2 : Celle rapportée par al-Wâqîdî et al-Hârîth ibn Foudayl

A/ Al-Harîth ibn Foudayl (ou Fadl)

C'est le premier rapporteur de la version d'al-Wâqidî ainsi que celle d'ibn Ishâq.

1042 - al-Hârith ibn Foudayl al-Ansârî al-Khatmî - Abou 'Abd Allâh le médinois : de confiance ; fait partie de la 6ème génération [selon la classification d'Ibn Hajar, c'est-à-dire les suivants qui n'ont pas rencontrés les compagnons du prophète (paix et bénédictions sur lui)].

On voit donc qu'il faisait partie de la 6ème génération selon la classification de l'érudit Ibn Hajar. Ce qui veut dire qu'il n'a jamais connu les Compagnons encore moins le prophète (paix et bénédictions sur lui). Son hadîth est donc détaché (ar: moursal). Ainsi, cette version du hadîth est au minimum détachée et ne peut servir de preuve, car l'imâm Mouslim explique dans l'introduction de son recueil de tradition :

وَالْمُرْسَلُ مِنَ الرِّوَايَاتِ فِي أَصْلِ قَوْلِنَا، وَقَوْلِ أَهْلِ الْعِلْمِ بِالْأَخْبَارِ لَيْسَ بِحُجَّةٍ

Et par principe de base, le hadîth détaché (moursal) est chez nous, et chez les gens de science dans les hadîths (akhbâr est aussi synonyme de ahâdith), n'est pas une preuve."

B/ Muhammad ibn 'Oumar al-Wâqidî

1. Al-Boukhârî (m. 256 H.), "at-Târikh al-Kabîr" (Le grand historique), tome 1, partie 1, p. 178, notice 543

543 - Muhammad ibn 'Oumar al-Wâqidî. Médinois. Juge de Baghdâd. Il a rapporté selon Ma'mar et Mâlik. Ils se sont tut à son sujet. Ahmad et Ibn Ma'în l'ont délaissé. Il est mort en 207 ou un peu plus tard.

2. Mouslim (m. 261 H.), "al-Kouna wal-Asmâ" (Les "Kounâ" * et les noms des transmetteurs), partie 1, p.499, notice n°1952

* Kounâ (pluriel) - sing: Kounya - : On désigne quelqu'un par le lien de paternité ou de maternité qui le lie avec son enfant aînée, fille ou garçon. Par exemple : Abou al-Hasan (le père d'al-Hasan) pour désigner 'Ali Ibn Abî Talîb, que la paix de Dieu soit sur eux. Ou encore la mère des croyants Oum Habîba (la mère de Habîba), que la paix de Dieu soit sur elle, pour désigner Ramla bin Abî Soufyân, l'épouse du prophète (paix et bénédictions sur lui).

1952 - Abou 'Abd Allâh Muhammad ibn 'Oumar ibn Wâqid al-Wâqidî. Il est rejeté dans le hadîth.

3. An-Nasâ'î (m. 303 H.), "Kitâb ad-Dou'afâ wal Matroukîne" (Le livre des faibles et des rejetés [dans le hadîth]), p. 217, notice n°557

557 - Muhammad ibn 'Oumar al-Wâqidî : Il est rejeté dans le hadîth.

4. Ibn al-Jawzî (m. 597 H.) dans "Kitâb ad-Dou'afâ wal Matroukîne" (Le livre des faibles et des rejetés [dans le hadîth]) tome 3, 87-88, notice n°3137

3137 - Muhammad ibn 'Oumar ibn Wâqid, Abou 'Abd Allâh, al-Aslamî, al-Wâqidî, juge de Bagdâd.

- Ahmad ibn Hanbal a dit : C'est un menteur qui inversait les hadîths, comme ceux du fils du frère az-Zouhrî avec ceux de Ma'mar, etc.

- Yahya a dit : Il n'est pas de confiance et il dit une autre fois : Il ne vaut rien, son hadîth ne doit pas être écrit.

- Al-Boukhârî, ar-Râzî et an-Nasâ'î ont dit : Il est rejeté dans le hadîth.

An-Nasâ'î et ar-Râzî ont mentionné qu'il inventait les hadîths.

- Ad-Dâraqoutnî a dit : Il y a de la faiblesse en lui.

- Ibn 'Addîy a dit : Ses hadîths ne sont pas préservés, le fléau vient de lui.

5. Al-'Ouqaylî (m. 322 H.), "Kitâb ad-Dou'afâ al-Kabîr" (Le grand livre des transmetteurs faibles), p.1265-1267, notice n°1670

1670 - Muhammad ibn 'Oumar ibn Wâqid al-Wâqidî (Médinois)

[...]

al-Boukhârî a dit : Il est rejeté dans le hadîth. L'ont rejeté : Ahmad, Ibn Noumayr, Ibn al-Moubârak ainsi qu'Ismâ'îl ibn Zakariyah.

[...]

J'ai entendu Yahya ibn Ma'în dire : "Muhammad ibn 'Oumar ibn Wâqid ne vaut rien". Et autre part il dit : "Al-Wâqidî est faible dans le hadîth."

Abou 'Abd Allâh a dit : "Ahmad a dit : C'est un menteur."

[...] Abou Dawoûd a entendu 'Alî ibn al-Madinî dire : al-Wâqidî a rapporté 30 000 hadîths étranges.

6. Shams ad-Dîne adh-Dhahabî (m. 748 H.) dans "Mîzân al-I'tidal" (la Balance de la qualité d'honorabilité), tome 6, p.273, notice n°7999

7999 - Muhammad ibn 'Oumar ibn Wâqid al-Aslâmi. Leur client est al-Wâqidî, le médinois, le juge. Auteurs de plusieurs ouvrages. Il fait parti de ceux qui sont avancés dans la science malgré sa faiblesse [dans le hadîth].

- Ahmad ibn Hanbal a dit : C'est un menteur qui inversait les hadîths, comme ceux du fils du frère az-Zouhrî avec ceux de Ma'mar, etc.

- Ibn Ma'în a dit : Il n'est pas de confiance.

- Et il dit une fois : Son hadîth ne doit pas être écrit.

- Al-Boukhârî et Abou Hâtim ont dit : Il est rejeté.

- Abou Hâtim aussi et an-Nasâ'î ont dit : Il invente les hadîths.

- ad-Dâraqoutnî a dit : Il y a de la faiblesse en lui.

[...]

- Abou Ghâlib fils de la fille de Mou'âwiyah ibn 'Amrou a dit : J'ai entendu ibn al-Madinî dire : Al-Wâqidî invente les hadîths.

[...]

- Abou Dâwoud a dit : Il m'est parvenu qu''Alî ibn al-Madinî a dit : al-Wâqidî rapportait 30 000 hadîths étranges.

[...]

Le consensus [des savants] a statué sur la faiblesse d'al-Wâqidî.

Ainsi, al-Wâqidî est faible, rejeté et réprouvé dans le hadîth, mais bien plus il fut traité de menteur et aurait rapporté environ 30000 hadîths étranges... La simple présence de ce rapporteur dans les chaînes de transmission annule totalement l'authenticité de la tradition...

C/ Les transmetteurs inconnus

Quand on regarde une des deux chaînes de transmission de cette version du hadîth qui contient al-Wâqidî, nous nous rendons compte qu'il existe même des personnes inconnues :

1) al-Hasan ibn 'Alî at-Toustarî

2) Dhou an-Noun ibn Muhammad

Ainsi, il n'existe pas de critique et d'agrément concernant ces deux rapporteurs. Ainsi, cette version est encore plus affaiblie.

4.3. Version n°3 : Celle rapportée par Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî et Moujâlid ibn Sa'îd

Cette version du hadîth est déclinée en plusieurs chaînes de transmission mais elles passent toutes par Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî et Moujâlid ibn Sa'îd.

A/ Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî al-Wâsitî

1. Shams ad-Dîne adh-Dhahabî (m. 748 H.) dans "Mîzân al-I'tidal" (la Balance de la qualité d'honorabilité), tome 6, p.101, notice n°7357

7357 - Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî al-Wâsitî - Abou Ibrâhîm. A vécu à Baghdâd.

[...]

- al-Boukhârî a dit : Il est réprouvé dans le hadîth.

- Ibn 'Addîy a dit : C'est lui qui a inventé le hadîth de la Harissa.

- ad-Dâraqoutnî a dit : C'est un menteur.

- Ibn Ma'în a dit : "c'est un menteur sournois" et il dit une fois : "Il n'est pas de confiance."

2. Al-'Ouqaylî, "Kitâb ad-Dou'afâ" (le livre des transmetteurs faibles), partie 4, p.1210-1211, notice n°1599

1599 - Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî al-Wâsitî.

Ahmad ibn Mahmoud al-Harawî nous a rapporté que 'Outhmâne ibn Sa'îd a dit : J'ai demandé à Yahya : Comment est Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî al-Wâsitî ? Il répondit : C'est un menteur.

Muhammad ibn 'Issâ nous a rapporté qu''Abbâs a dit : J'ai entendu Yahya ibn Ma'în dire : Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî racontait le hadîth suivant : "Gabriel m'a nourrit de Harissa", il habitait dans "Foussayl al-Karakh" [à Baghdâd]; Il n'est pas de confiance.

Âdam m'a rapporté qu'il a entendu al-Boukhârî dire : Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî est rejeté dans le hadîth.

3. Ad-Dâraqoutnî (m. 385 H.) dans "Kitâb ad-Dou'afâ wal Matroukîne" (Le livre des faibles et des rejetés [dans le hadîth]), notice n°461

461 - Muhammad Ben al-Hajjâj Al-Lakhmî Al-Wâstî.

Il ment.

[Il rapporte ses hadîths] selon Al-Malik ibn 'Oumayr et Moujâlid

4. Ibn Hajar al-'Asqalânî (m. 852 H.) dans "Lisân al-Mîzân", tome 7, p.52-53, notice n°6623

6623 - Muhammad Ben al-Hajjâj Al-Lakhmî Al-Wâsitî, Abou Ibrâhîm, habite à Baghdad. [Il a rapporté ses hadîths] selon 'Abd Al-Malik Ben 'Amîr et Moujâlid et selon Sharîh Ben Younouss et Wahya Ben Ayoub Al-'Âbidân et Muhammad Ben Houssân Al-Tamyîmî et d'autres.

- Al-Boukhârî a dit : Il est réprouvé dans le hadith.

- Ibn 'Adîy a dit : Il a inventé le hadith.

- Ad-Dâraqoutnî a dit : C'est un menteur.

- Yahya Ben Ma'în a dit : "C'est un menteur sournois" et une fois il dit : "Il n'est pas de confiance".

[...]

- Abou Dâwoud a dit : Il n'est pas de confiance.

- Abou Ahmad Al-Hâkim a dit : Il efface les hadiths.

- Al-Azdî a rapporté selon Mujâlid l'histoire de Qouss ibn Sâ'idah, qui n'a aucun fondement et qui est inventé.

- Ibn Tâhir a dit : C'est un menteur et l'histoire de la harissa l'a démasquée.

B/ Moujâlid ibn Sa'îd

Shams ad-Dîne adh-Dhahabî (m. 748 H.), "Mîzân al-I'tidal" (la Balance de la qualité d'honorabilité), tome 6, p.23-24, notice n°7076

7076 - Moujâlid ibn Sa'îd al-Hamdânî - Célèbre - Il a rapporté des hadîths bien qu'il y a de la faiblesse en lui.

[...]

- Ibn Ma'în et d'autres que lui ont dit : On ne peut pas se servir de lui comme preuve.

- Ahmad a dit : Il fait remonter [jusqu'au prophète (paix et bénédictions sur lui)] beaucoup [de hadîths] que les gens ne font pas remonter [jusqu'au prophète (paix et bénédictions sur lui)] ; Il ne vaut rien.

- An-Nasâ'î a dit : "Il n'est pas fort." Al-Ashj a mentionné qu'il était chiite.

- Ad-Dâraqoutnî a dit : Il est faible.

- Al-Boukhârî a dit : Yahya ibn Sa'îd le rendait faible, et Ibn Mahdî ne rapportait rien de lui.

C/ Muhammad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ ash-Shâmî

Certaines versions du hadîth comporte en plus ce rapporteur qui est considéré comme faible par les savants de la critique des transmetteurs.

Ibn Hajar al-'Asqalânî (m. 852 H.), "Taqrîb at-Tahzîb" (Approche de la synthèse),  p. 522, notice n°5698

5698 - Muhammad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ ad-Dimashkî, Abou 'Abd Allâh az-Zâhid, a vécu à Abadân (en Iran), Réprouvé dans le hadîth, fait parti de la 9ème génération [selon la classification d'Ibn Hajar, c'est-à-dire comme il l'explique en introduction ceux qui font parti des plus petits parmi la génération des suivants des suivants].

D/ Al-Housayn ibn Muhammad ibn Ahmad ar-Raqî as-Sâkin

D'autres chaine de transmission contiennent en plus ce transmetteur qui est inconnu. Ce qui affaibli encore plus cette version du hadîth.

4.4. Conclusion quant aux rapporteurs

Il existe en réalité deux versions du hadîth :

1) L'une passe par al-Wâqidî, qui est considéré comme étant un menteur ayant rapporté plus de 30 000 hadîths étranges, et qui remonte jusqu'à al-Hârîth ibn al-Foudayl qui n'a jamais connu le prophète (paix et bénédictions sur lui). Ainsi, cette première version est faible.

2) L'autre version aurait été rapportée par Ibn 'Abbâs mais par Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî, un forgeur de traditions prophétiques très connus et Moujâlid qui est faible dans le hadîth.

Ainsi, l'histoire de 'Asmâ bint Marwân est faible, mais pire encore, elle est complètement inventée car dans les deux versions, il s'y trouve des forgeurs de traditions ! Suis-je le seul à affirmer cela ? Qu'ont dit les savants musulmans sur cette tradition ?

5. L'authentification du texte par les savants du hadîth

Toutes les authentifications de ce hadîth que j'ai trouvées déclarent que ce hadîth est inventée...

A/ Ibn 'Addîy (m. 365 H.), "Al-Kâmil fî Dou'afâ ar-Rijâl" (Le complet sur les transmetteurs faibles), tome 7, p.324-327, notice n°1644

Ibn 'Addîy a mentionné l'histoire d' 'Asmâ bint Marwân dans la biographie de Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî. Après avoir mentionné les savants qui l'accusent de mensonge, et après avoir cité l'histoire qui nous intéresse il dit ceci concernant la chaine de transmission du hadîth de 'Asmâ qui a été rapportée par Muhammad Ibn Al-Hajjaj Al-Lakhmi selon Mujalid selon Ash-Shu'abi selon Ibn 'Abbas :

Le Sheikh a dit : Cette chaîne de transmission est comme la chaine de transmission du hadîth de Qouss [une autre histoire inventée]. Elle n'est rapportée selon Mujalid que par Muhammad ibn al-Hajjaj et tous l'ont accusé de l'avoir inventé.

B/ Abou Muhammad al-Maqdissî (m. 507 H.) "Dhakhîratou al-Houffâdh" (Les meilleurs des érudits), tome 5, p. 2557, hadîth n°5990

Après avoir rapportée l'histoire de 'Asmâ bint Marwân, l'érudit al-Maqdissî dit ceci :

Ceci a été rapporté par Muhammad ibn Hajjâj al-Lakhmî al-Wâsitî selon Moujâlid selon ash-Sha'bî selon 'Ibn 'Abbâs. Et ceci n'a été rapporté de Moujâlid que par Muhammad. Et ceci fait parti des choses auxquelles on l'accuse de l'avoir inventé.

C/ Ibn al-Jawzî (m. 597 H.), "Al-'ilal al-Moutanâhiyah fî al-Ahâdith al-Wâhiyah" (Les innombrables défauts dans les hadîths faibles), partie 1, p.180-181, hadîth n°279

Après avoir mentionné le hadîth d''Asmâ bint Marwân dans son livre qui rapporte les hadîths faibles, l'auteur ajoute ceci :

Ibn 'Addîy a dit : Ceci fait parti des choses dont on accuse Muhammad ibn al-Hajjâj de les avoir inventées.

D/ Ahmad b. As-Siddîq al-Ghoumârî (m. 1354 H.), "Fath al-Wahhâb bî Takhrîj ahâdith al-Shihâb" (Don du Donateur Gracieux (c-à-d Allâh) [envers l'auteur du livre] sur le relevé des hadîths [du mousnad d']al-Shihâb), tome 2, p. 89-90, hadîth n°550

Dans ce livre, l'auteur relève les hadîths du livre d'al-Qoudâ'î et commente les chaînes de transmission des traditions. Concernant le hadîth de 'Asmâ bint Marwân il dit :

Je dis (Al-Ghoumârî) : C'est un hadîth inventé. Concernant Muhammd ibn al-Hajjâj, Ibn 'Addîy a dit : C'est lui qui a inventé le hadîth de la Harissah. Ad-Dâraqoutnî et Ibn Ma'în ont dit : C'est un menteur sournois. Al-Azdî a dit : Il a rapporté selon Moujâlid selon ash-Sha'bî selon Ibn 'Abbâs le hadîth de Qouss ibn Sâ'idah [une autre histoire inventée] qui n'a aucun fondement et qui est inventée. Fin de citation.

Et quant à celui qui rapporte de lui [c'est-à-dire Muhammad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ], ad-Dâraqoutnî a dit : C'est un menteur. Ibn HIbbân a dit : Il inventait les hadîths, et il n'est pas autorisé de rapporter de lui sauf si c'est pour en tirer des leçons.

E/ Nâsir ad-Dîne al-Albânî (m. H.), "Silsilat al-Ahâdith ad-Da'îfa wal Mawdoû'a" (la chaîne des hadîths faibles et inventés), tome 13, p33, hadith n°6013

L'auteur dit ceci : Inventé.

Puis, il détaille longuement pourquoi le hadîth est inventé et montre que Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî est un menteur, de même que Muhammad ibn Ibrâhîm ibn 'Alâ et que la version d'al-Wâqidî est également rejetée comme nous l'avons déjà montré. Les arabophones pourront le vérifier dans les scans.

Conclusion quant au degré d'authenticité de la tradition

Nous avons vu que du point de vue de la chaîne de transmission, le hadîth ne peut en aucun cas être authentifié en raison de la présence de forgeurs de hadîths. De même, que nous avons vu que les savants du hadîth classe cette tradition parmi les mensonges de Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî et d'al-Wâqidî. Mais maintenant, qu'en est-il du texte en lui-même ? Est-il incohérent ou pas ?

6. Critique intrinsèque (le corps du texte) : Analyse des versions du hadîths & mise en évidence de leurs incohérences

Nous avons vu que la tradition ne résiste pas à l'analyse "extrinsèque". C'est-à-dire que les rapports ne nous sont pas parvenus par des voies de transmission authentiques, mais bien plus, nous avons vu que ce hadîth est carrément inventé et mis sur le compte du Prophète (paix et bénédictions sur lui).

Notons tout de même un point important que les détracteurs de l'Islâm ne notent pas, aveuglés qu'ils sont par leur haine, c'est qu''Asmâ bint Marwân n'est pas une pauvre femme sans défense d'après les textes mêmes. Au contraire, elle avait un langage déplacé, elle appelait au MEURTRE du prophète (paix et bénédictions sur lui) et sa tribu persécutaient les convertis à l'Islâm... Outre ces détails qui ne semblent pas choquer nos contradicteurs, allons voir maintenant les propres textes qu'ils utilisent, sont-ils cohérents ou pas ?

A/ Les contradictions

La première chose qui frappe l'esprit quand on regarde les sources qui rapportent cette histoire c'est le nombre évident de divergences . Le tableau suivant résume les contradictions entre la version d'al-Wâqidî et celle de Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî.

Al-Wâqidî

Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmi

Qui décide de tuer 'Asmâ Bint Marwân ?

'Oumayr ibn 'Addîy

Le prophète (paix sur lui)

Oumayr ibn 'Addîy était aveugle ?

Oui

Non

Il demande même à voir les dattes et regarde à droite et à gauche afin que personne ne le voit commettre son meurtre

'Asmâ est réveillée quand Oumayr vint la voir ?

Non

Elle dormait et autour d'elle se trouvait ses enfants

Oui

Elle lui montre les dattes

Pour qu'un fait historique soit validé, il faudrait déjà se mettre d'accord sur l'histoire en elle-même ! Outre ces contradictions manifestes, voyons maintenant voir les absurdités de ce texte.

B/ Les absurdités

Quand nous lisons par exemple la version d'al-Wâqidî, on ne peut qu'être effaré devant tant d'absurdités. En effet, un aveugle peut-il de nuit aller chez une inconnue tout seul, rentrer chez elle (où est son mari ?), trouver où est-ce qu'elle se trouve dans la maison sans réveiller les enfants, tâtonner pour savoir où elle se trouve exactement dans la pièce, pousser l'enfant qui était en train de téter et de finalement la tuer comme si de rien n'était ?

Est-ce qu'un tel exploit est réalisable ?

De plus, si nous prenons le récit de Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî qui semble avoir oublié que 'Oumayr était aveugle, peut-on penser un seul instant que le prophète (paix et bénédictions sur lui) puisse envoyer un aveugle en expédition se débarrasser de quelqu'un ? D'autant plus que dans le récit d'ibn al-Hajjâj, 'Oumayr, l'aveugle, demande à 'Asmâ de voir les dattes (sic!) et que par la suite, il regarde à droite et à gauche pour ne pas qu'il se fasse surprendre en train de commettre son méfait !!!

Devant toutes ces absurdités, il devient évident que le récit est entièrement faux et inventé.

Ce récit folklorique ne mérite même pas notre attention tant il est invraisemblable. Texte rempli d'inepties et de contradictions, et chaînes de transmission corrompues par des menteurs: le récit n'est pas valable et ne tient pas deux minutes face à la critique textuelle !

7. Synthèse sur l'authenticité de ce texte

Nous avions dit en partie 2.2 de cet article que pour admettre l'authenticité d'un hadîth, les savants musulmans avaient définis 5 critères qui sont les suivants :

1. La continuité de la chaîne de transmission

2. La probité religieuse de chaque transmetteur composant la chaîne de transmission

3. La probité intellectuelle

4. La non marginalité (contradiction avec transmetteurs plus sûrs)

5. L'absence de vice caché que ça soit au niveau du texte ou de la chaîne de transmission

Or, qu'en est-il de l'histoire du meurtre de 'Asmâ bint Marwân ? Malheureusement, quelle que soit la version, les 3 premiers critères ne sont pas respectés. De plus, ce récit contredit la Sunna du Prophète (paix et bénédictions sur lui) et c'est ce que nous allons voir maintenant.

8. Contradiction avec la Sunna authentique

1) Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) laisse la vie à une femme qui voulait le tuer

Comment est-il possible que Muhammad (sws) demande le massacre d'une femme qui l'a insultée alors qu'il a pardonné à la femme qui a voulu le tuer en l'empoisonnant ? Est-ce que cette tentative de crime est moins grave que l'insulte ?

Une juive a apporté un mouton (cuit) empoisonné pour le Prophète (sws) qui en a mangé. Elle fut amenée au Prophète (paix et bénédictions sur lui) et il lui a été demandé, "devons-nous la tuer ?" Il a dit, "non." J'ai continué à voir l'effet du poison sur le palais de la bouche de l'Apôtre d'Allah (paix et bénédictions sur lui).

Bukhari, Vol.3, livre 47, Hadith n° 786

Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) refuse de se venger d'une femme qui a intentionnellement essayé de l'empoisonner, mais les missionnaires chrétiens, en employant une histoire fabriquée, veulent nous faire croire qu'il a commandé le massacre d'une femme qui seulement l'a maltraitée verbalement. 

2) Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) interdit de tuer les femmes

Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit : allez au nom d'Allah, faites confiance à Allah, et adhérez à la religion du Messager d'Allah (paix et bénédictions sur lui). Ne tuez pas un vieil homme, ou un jeune enfant en bas âge, ou un enfant, ou une femme ...

Sunan Abou Dawoud, Livre 14, Hadith N° 2608

"... ne tuez pas un enfant, ni une femme, ni un vieil homme... "

Rapporté dans Sunan al-Bayhaqi 12/31

"... ne tuez pas une femme, ni un enfant, ni un vieux, homme âgé..."

Rapporté par al-Baghawi, [Sharh al-Sunnah 11/11]. Il a dit, "c'est un hadith authentique, rapporté par Muslim."

Il est rapporté par Ibn 'Umar (que Dieu l'agrée lui et son père) qu'une femme a été trouvé tuée dans une bataille ; ainsi le Messager d'Allah (paix et bénédictions sur lui) a interdit le massacre des femmes et des enfants.

Sahih Muslim, Livre 19, Hadith N° 4320

(Musulmans) Vous n'êtes ni impitoyable ni de caractère féroce, ni de ceux qui crient sur les marchés. Vous ne renvoyez pas le mal pour le mal, mais l'excuse et le pardon.

Bukhari, Vol. 6, livre 60, Hadith n° 362

Ces bons enseignements qu’on ne trouve dans aucune loi y compris les lois des sois-disants pays démocratiques, ont été suivis par les Compagnons après le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui). 

3) Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) ne se venge jamais pour sa propre personne (cas pourtant d'Asmaa bint Marwan)

 

Le Messager d'Allah (paix et bénédictions sur lui) n'a jamais pris vengeance de quiconque pour son propre intérêt, mais seulement lorsque les les limites légales d'Allah étaient outragées ; dans ce cas il prenait vengeance dans l'intérêt d'Allah.

Sahih al-Bukhari, "Vertus et mérites du Prophète (paix et bénédictions sur lui) et de ses Compagnons", Vol.4, livre 56, Hadith n° 760 / "Al-Adab", Vol.8, livre 73, Hadith n° 147 / "Al-Hudud", Vol.8, livre 81, Hadith n° 777

Un homme prit son épée devant le Prophète (paix et bénédictions sur lui) et lui dit : "qui te protégera de moi ?" Et le Prophète (paix et bénédictions sur lui) de répondre : "Allah". L'homme a alors laché son épée et est resté paralysé. Le Messager d'Allah (paix et bénédictions sur lui) ne l'a pas puni pour cela.

Sahih al-Bukhari, "expéditions militaires menées par le Prophète (paix et bénédictions sur lui)", Vol.5, livre 59, Hadith n° 458

Un homme appelé "Wahshi" tua Hamza, l'oncle du Prophète (paix et bénédictions sur lui). Mais le Prophète (paix et bénédictions sur lui) ne le punit pas.

Sahih al-Bukhari, "expéditions militaires menées par le Prophète (paix et bénédictions sur lui)", Vol.5, livre 59, Hadith n° 399

Et les traditions en ce sens sont très nombreuses...

9. Analyse du récit d'Abou Dawoud

Il existe un autre hadîth rapporté par Abou Dawôud (m. 275 H.) dans son recueil de tradition (hadîth n°4361) que certains essaient d'utiliser, mais en l'analysant correctement, nous nous rendons compte qu'il n'a rien à voir avec l'histoire d' 'Asmâ bint Marwân. Voici le texte :

حدثنا عباد بن موسى الختلي أخبرنا إسمعيل بن جعفر المدني عن إسرائيل عن عثمان الشحام عن عكرمة قال حدثنا ابن عباس

أن أعمى كانت له أم ولد تشتم النبي صلى الله عليه وسلم وتقع فيه فينهاها فلا تنتهي ويزجرها فلا تنزجر قال فلما كانت ذات ليلة جعلت تقع في النبي صلى الله عليه وسلم وتشتمه فأخذ المغول فوضعه في بطنها واتكأ عليها فقتلها فوقع بين رجليها طفل فلطخت ما هناك بالدم فلما أصبح ذكر ذلك لرسول الله صلى الله عليه وسلم فجمع الناس فقال أنشد الله رجلا فعل ما فعل لي عليه حق إلا قام فقام الأعمى يتخطى الناس وهو يتزلزل حتى قعد بين يدي النبي صلى الله عليه وسلم فقال يا رسول الله أنا صاحبها كانت تشتمك وتقع فيك فأنهاها فلا تنتهي وأزجرها فلا تنزجر ولي منها ابنان مثل اللؤلؤتين وكانت بي رفيقة فلما كان البارحة جعلت تشتمك وتقع فيك فأخذت المغول فوضعته في بطنها واتكأت عليها حتى قتلتها فقال النبي صلى الله عليه وسلم ألا اشهدوا أن دمها هدر

Source : Sounan Abou Dawoûd, hadîth n°4361

La traduction du site "islam-document" :

- Version d'Abou-Dawoud, livre 38, Hadith numéro 4348:

"Un aveugle avait une esclave qui avait l'habitude d'injurier le Prophète (la paix soit sur lui) et de le dénigrer. Il lui interdit mais elle ne s'arrêta pas. Il la réprimanda mais elle n'abandonna pas son habitude. Une nuit, elle commença à calomnier le Prophète (la paix soit sur lui) et à l'injurier. Il prit alors un poignard, le mit sur son ventre, appuya dessus et la tua.

Un enfant vint entre ses jambes et fut maculé du sang qui s'y trouvait. Lorsqu'arriva le matin, le Prophète (la paix soit sur lui) fut informé de cela. Il rassembla les gens et dit : "Par Allah, j'adjure l'homme qui a fait cet acte, et je l'adjure par mon droit sur lui de se lever." L'homme se leva en sautant sur les cous des gens et en tremblant. Il s'assit devant le Prophète (la paix soit sur lui) et dit : "Apôtre d'Allah ! Je suis son maître; elle avait l'habitude de t'injurier et de te dénigrer. Je lui avais interdit, mais elle ne s'est pas arrêtée; je l'ai réprimandée mais elle n'a pas abandonné son habitude. J'ai d'elle deux fils qui sont comme des perles, et elle était ma compagne. La nuit dernière, elle a commencé à t'injurier et à te dénigrer. Alors j'ai pris un poignard, l'ai mis sur son ventre, ai appuyé jusqu'à la tuer. "Là-dessus le Prophète (la paix soit sur lui) dit : "Oh sois témoin, il n'y aura aucune représailles pour son sang."

Notons dans un premier temps que le récit ne comporte même pas le nom d''Asmâ bint Marwân... De ce point de vue là, on ne peut attribuer au prophète (paix et bénédictions sur lui) le fait d'avoir ordonné la mise à mort de bint Marwân car aucun hadith authentique n'en parle.

Cependant, les contradicteurs soutiennent que la femme tuée dans le récit d'Abou Dawoud est 'Asma Bint Marwân. Nous allons leur accorder ce point afin de faire frire le poisson dans sa propre graisse. Si nous relisons lentement le récit, il nous viendra forcément à l'esprit la question suivante : Où est-ce que dans ce récit, il est dit que c'est le prophète (paix et bénédictions sur lui) qui ordonna le meurtre de celle-ci ?

En admettant même ce récit, il est écrit nulle part que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a envoyé quelqu'un la tuer. Au contraire, c'est le mari de la femme en question qui en prend l'initiative tout seul. On ne peut donc imputer ce meurtre au prophète (paix et bénédictions sur lui).

L'allégation tombe donc à l'eau...

10. Conclusion

Pour conclure sur cette mort, retenons les points suivants :

1) Muhammad ibn al-Hajjâj al-Lakhmî et Al-Wâqidî sont ceux qui nous ont transmis cette histoire et ils sont considérés comme menteurs par les savants du hadîths, ce qui veut dire que l'histoire est faible voire carrément inventée.

2) Cela fait des siècles que les savants musulmans ont mentionné que cette histoire était une fabrication !

3) L'histoire n'est citée dans aucun des 6 recueils de la tradition sunnite !

4) L'histoire est remplie de contradictions et d'absurdités !

5) L'histoire contredit la Sunna prophétique qui interdit le meurtre des femmes même en tant de guerre

 

Dieu Sait Mieux ce qu'il en est ! Allahou A’lam !