Marie dans la Bible et dans le Coran

Marie dans la Bible et dans le Coran

Par Mouminbilah et Karim

Introduction

Le but de cet article est de comparer les personnages de Marie (Maryam (as)) à la fois dans le texte biblique et dans le texte coranique. Nous tenterons de démontrer, insha'Allah, que le texte coranique prête bien plus d'égard au personnage de Marie que le texte biblique.

Marie dans la Bible

Les chrétiens vénèrent un grand culte à la Vierge Marie, cependant leur texte sacré ne semble pas lui rendre le même hommage. Nous nous bornerons ici à citer Gérard Mordillat et Jérôme Prieur qui ont parfaitement analysé la manière dont le personnage de Marie est traité dans la Bible :

Dans le monde catholique, Marie, la mère de Jésus, fait l'objet d'une dévotion extraordinaire, d'un culte à l'égal de celui de son fils : elle est la Mère de Dieu, la Vierge éternelle, la Reine des Cieux, une image même de l'Eglise. Marie est, au sens strict, hors du commun.

Pourtant le Nouveau Testament n'offre pas d'elle un portrait très fourni ni très flatteur : malgré l'Annonciation, Marie semble ignorer la nature divine de son fils, elle ne comprend jamais ce que dit Jésus ou se montre très réservée quant à sa prédication. En retour, Jésus n'est pas très aimable avec elle. Il la tance, il la rabroue, il la récuse. Le plus souvent il s'adresse à elle comme à une domestique ou à une étrangère, sur un ton où le reproche le dispute à l'insolence. 

Jamais Jésus ne s'adresse à Marie comme un fils à sa mère. Dans la scène des noces de Cana, Jésus lance à Marie le cinglant "Que me veux-tu, femme ?" (Jn 2,3). Pour comprendre la violence de l'apostrophe, il faut entendre en parallèle les mots de Pierre à une servante dans l'évangile de Luc : "Femme, je ne te connais pas" (Lc 22,57). Cloué sur la croix, c'est encore en ces mêmes termes que Jésus interpelle sa mère : "Femme, voici ton fils" (Jn 19,26). Et si, comme dans l'évangile de Luc, une femme fait devant lui l'éloge de Marie : "Heureux les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés !", elle se fait immédiatement moucher : "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent" (Lc 11,27-28). Charmant enfant ! Jésus aurait-il ignoré le commandement biblique : "Honore ton père et ta mère" (Ex 20,12) ? [1]

C'est donc dans la consternation que nous pouvons dire que le livre saint des chrétiens, inspiré par le Saint-Esprit rappelons-le, dresse un portrait très calamiteux de Marie.  

Pire encore, les chrétiens suivent Paul tout au long de leur vie et non l'enseignement de Jésus(as). Paul ne mentionne même pas le nom de Marie (as) dans ses écrits alors qu'il est l'auteur le plus prolifique du Nouveau Testament. Pas même un petit verset sur elle ! 

Passons maintenant au Coran.

Marie dans le Coran et dans la tradition islamique

Regardons dans un premier temps avec quel respect le Saint-Coran parle de Marie :

Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l'Orient. Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d'un homme parfait. Elle dit : «Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m'approche point]. Il dit : «Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d'un fils pur». Elle dit : «Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m'a touchée, et je ne suis pas prostituée ? » Il dit : «Ainsi sera-t-il ! Cela M'est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C'est une affaire déjà décidée» Elle devient donc enceinte [de l'enfant], et elle se retira avec lui en un lieu éloigné. Puis les douleurs de l'enfantement l'amenèrent au tronc du palmier, et elle dit : «Malheur à moi ! Que je fusse morte avant cet instant ! Et que je fusse totalement oubliée ! » Alors, il l'appela d'au-dessous d'elle , [lui disant : ] «Ne t'afflige pas. Ton Seigneur a placé à tes pieds une source. Secoue vers toi le tronc du palmier : il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange donc et bois et que ton oeil se réjouisse ! Si tu vois quelqu'un d'entre les humains, dis [lui : ] «Assurément, j'ai voué un jeûne au Tout Miséricordieux : je ne parlerai donc aujourd'hui à aucun être humain». Puis elle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils dirent : «Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse ! Soeur de Haroun , ton père n'était pas un homme de mal et ta mère n'était pas une prostituée». Elle fit alors un signe vers lui [le bébé]. Ils dirent : «Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ? » Mais [le bébé] dit : «Je suis vraiment le serviteur d'Allah. Il m'a donné le Livre et m'a désigné Prophète. Où que je sois, Il m'a rendu béni; et Il m'a recommandé, tant que je vivrai, la prière et la Zakat ; et la bonté envers ma mère. Il ne m'a fait ni violent ni malheureux. Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant». (Qur'an 19:16-33)

Marie est traitée différemment dans le texte saint des musulmans. Dans la Sourate 19, qui porte d'ailleurs son nom, on se rend compte que le dialogue entre Dieu et Marie est très soigné. L'accusation d'adultère est levée par l'intervention du Jésus (as) enfant alors que tout au long des 4 évangiles le doute plane. Notons de plus, qu'il a été ordonné à Jésus (as) de se montrer bon envers sa mère (ce qui n'est absolument pas le cas dans le texte évangélique).

Puis, lorsqu'elle en eut accouché, elle dit : «Seigneur, voilà que j'ai accouché d'une fille»; or Allah savait mieux ce dont elle avait accouché ! Le garçon n'est pas comme la fille. «Je l'ai nommée Marie, et je la place, ainsi que sa descendance, sous Ta protection contre le Diable, le banni» Son Seigneur l'agréa alors du bon agrément, la fit croître en belle croissance. Et Il en confia la garde à Zacharie . Chaque fois que celui-ci entrait auprès d'elle dans le Sanctuaire, il trouvait près d'elle de la nourriture. Il dit : «Ô Marie, d'où te vient cette nourriture ? » - Elle dit : «Cela me vient d'Allah». Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter. (Qur'an 3:36-37)

Ce passage témoigne de la protection permanente de Dieu envers Marie au point qu'Il "la fit croître en belle croissance" et qu'Il "l'agréa alors du bon agrément". Ce que nous ne retrouvons pas dans les évangiles.

(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : «Ô Marie, certes Allah t'a élue au-dessus des femmes des mondes. Ô Marie, obéis à Ton Seigneur, prosterne-toi, et incline-toi avec ceux qui s'inclinent». - Ce sont là des nouvelles de l'Inconnaissable que Nous te révélons. Car tu n'étais pas là lorsqu'ils jetaient leurs calames pour décider qui se chargerait de Marie ! Tu n'étais pas là non plus lorsqu'ils se disputaient. (Rappelle-toi,) quand les Anges dirent : «Ô Marie, voilà qu'Allah t'annonce une parole de Sa part : son nom sera «al-Masih» «'Issa», fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l'au-delà, et l'un des rapprochés d'Allah». (Qur'an 3:42-45)

Marie est non seulement protégée par Dieu, comme nous l'avons vu, mais la même Sourate ajoute qu'elle a été "élue au-dessus des femmes des mondes". Le Coran témoigne donc un profond respect pour Marie (as). Mais nous pouvons également citer la tradition prophétique. Celle-ci n'est pas en reste, puisque nous pouvons lire dans les traditions les plus authentiques : 

D'après Abû Mûsâ - Dieu l'agrée -, l'Envoyé de Dieu (sws) a dit : "Un grand nombre d'hommes ont été parfaits, mais parmi les femmes il n'y a eu de parfaite que Âsiya la femme de Pharaon, et Marie, fille de 'Imrân. Quand à la supériorité de 'Âisha sur les femmes actuelles, elle est comme celle du tharîd (mets préféré des arabes) sur tous les autres mets." [2]

'Abdallâh Ibn Ja'far a entendu 'Ali - Dieu l'agrée - s'exprimer ainsi : J'ai entendu le Prophète (sws) dire : "La meilleure des femmes (de cette époque-là) a été Marie, fille de 'Imrân, et la meilleure des femmes de cette époque-ci, c'est Khadîdja." [3]

Anas Ibn Mâlik - Dieu l'agrée - rapporte que le Prophète (sws) a dit : "Quatre femmes de l'Univers se sont distinguées : Marie fille de 'Imrân, Âsiya la femme de Pharaon, Khadîdja fille de Khuwaykid et Fâtima, fille de Muhammad." [4]

Comme nous le voyons, la tradition prophétique considère que Marie a atteint la perfection de la Foi et qu'elle s'est distinguée des autres femmes de ce monde. 

Marie a une place privilégiée en Islam, une Sourate porte même son nom (Sourate 19 - Maryam), relatant par la même occasion son histoire. Il n'y a aucun chapitre dans toute la Bible qui ne soit dédié à Marie. Le nom de Marie apparait bien plus souvent dans le texte coranique (34 fois + 1 fois en titre de Sourate) que dans le texte biblique (moins de 30 fois).

Notons que le Prophète Muhammad (sws) était un arabe, et pourtant dans le texte qu'il est censé avoir écrit selon les chrétiens, il place Marie, qui est de surcroit une juive, au-dessus des femmes de ce monde. Y a-t-il un hommage plus probant que celui-ci ? 

Conclusion

Plusieurs constatations sont à faire. 

Du côté biblique

 - Un portrait très peu flatteur de Marie est dressé ;

 - Le doute quant à l'accusation d'adultère plane tout au long des 4 évangiles ;

 - Le Jésus biblique ne respecte visiblement pas sa mère en l'appelant "femme" ; 

 - La relation mère-fils entre eux n'est pas un modèle pour l'humanité ;

 - Son nom apparait moins de 30 fois (inclus les citations :"la vierge", "la mère du Seigneur", "la mère de Jésus" et "Marie"). 25 fois dans l'enfance de Jésus(as) et son début de ministère, après elle disparaît presque complètement, elle, "la mère de Dieu" (sic !) selon les chrétiens ;

 - Paul n'en parle même pas une fois dans tous ses écrits ni l'évangile selon Marc (qui est le plus ancien pourtant, le plus primitif des 4 évangiles).

Du côté coranique :

 - Marie est élue "au-dessus des femmes de ce monde" ;

 - Le doute quant à l'accusation d'adultère est levé sans la moindre ambiguïté par le miracle du bébé Jésus (as) qui innocente sa mère ;

 - Dieu a recommandé à Jésus (as) la bonté envers sa mère ;

 - La relation qu'il entretien avec sa mère est remplie d'amour et de joie ;

 - Son nom apparait 34 fois + 1 fois (titre d'une sourate) soit bien plus que dans le livre saint des chrétiens.

Arrêtons-nous maintenant un instant et posons-nous quelques questions :

N'est-ce pas étrange que le "malsain esprit islamique" ai rendu bien plus de gloire à Marie dans le Coran que ne l'a fait le "Holy Ghost" des chrétiens dans la Bible ? Est-ce réellement le Saint-Esprit qui a inspiré la Bible ? Ne serait-ce pas plutôt un "mal"-Saint-Esprit ?

C'est là notre dernier mot sur la question

Et Dieu Sait Mieux ! Allahou A'lam !

Références

[1] Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Jésus après Jésus : L'origine du christianisme, éditions du Seuil, 2004, p.49-50

[2] Sahîh Al-Bukhârî, hadith n°3411, n°3769 et n°5418. Voir aussi Sahîh Mouslim, hadith n°2431. Voir aussi Sunan Ibn Mâjâ, hadith n°2670 et authentifié par Al-Albânî.

[3] Sahîh Al-Bukhârî, hadith n°3432. Voir aussi Sahîh Mouslim, hadith n°2430. Voir aussi Mousnad Ahmad 2/252, 2/290 et 2/56. Voir aussi Sunan At-Tirmidhî, hadith n°3877 et authentifié par Al-Albânî.

[4] Sunan At-Tirmidhî, hadith n°3878 et authentifié par Al-Albânî.