Muhammad (sws) et les condamnés à mort de la Mecque

Collectif Sahab Ed-Dine

Création : 23/08/2010

Modification : 02/01/2011

1. Introduction

Cet article a pour but de clarifier la question des condamnés à mort de la Mecque. Les historiens musulmans, et même beaucoup parmi les orientalistes, ont écrit que la prise de la Mecque par le Prophète (sws) en l'an 8 de l'Hégire, s'est faite dans la paix. Cependant, certains islamophobes soutiennent, en dépit des preuves contre eux, que cette conquête s'est effectuée dans l'effusion de sang et qu'elle n'était pas aussi pacifique qu'on voudrait le faire entendre. Cet article, qui se veut court et bref, est destiné à lever les ambiguïtés soulevées par nos ennemis.

2. Analyse des faits

La conquête de la Mecque eu lieu en l'an 8 de l'Hégire. Les musulmans avaient signé le pacte de non-agression avec les Quraychites à al-Hudaybiyya. Le prophète (sws) était un homme très scrupuleux concernant les pactes et il ne les rompait jamais. La rupture du pacte d'al-Hudaybiyya avait pour cause l'animosité qui liait les Banu Bakr (alliés des Quraychites) aux Khuza'â (alliés des musulmans). Les Banu Bakr, soutenus financièrement et militairement par les Quraychites, attaquèrent par surprise les Khuza'as et massacrèrent une vingtaine d'entre eux. Parmi les Quraychites qui participèrent à ce massacre, se trouvaient:

- Safwan Ibn Umayya

- Huwaytib ibn 'abd al'uzza

- 'Ikrima ibn abou Jahl

- Chayba ibn 'Uthmane

- Suhayl ibn 'Amr

Notez pour l'anecdote que ces Quraychites se convertirent à l'Islam quelques années plus tard. En apprenant cela, Abu Sufyan n'eut d'autre réaction que de s'écrier : "C'est un incident auquel je n'ai pas pris part, mais dont j'avais connaissance. Ce sera vraiment une catastrophe si Muhammad nous attaque. Justement Hind bint 'Utba (il entendait sa femme) vient de me raconter un cauchemar qu'elle a eu, où elle a vu du sang couler vers nous du côté d'al-hujûn et qui s'est arrêté à al-hamdana."

[cf. Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu (sws), éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Beyrouth, 2009, p.826]

Ceci met en relief le fait que même les Quraychites avaient conscience d'avoir violé le pacte, certains de leurs membres ayant pris part aux massacres des alliés du Prophète (sws).

Le Prophète (sws) décida d’envoyer des troupes contre la cité sainte, tout en gardant le secret afin de ne pas avertir les Mecquois. La Mecque tomba aux mains des musulmans sans résistance ; les musulmans n’avaient aucun sentiment de vengeance malgré les persécutions dont ils firent l’objet ; aucun sang ne devait être versé à la Mecque. De nombreuses conversions parmi les Mecquois, jusqu’alors idolâtres, eurent lieu.

Allâh aime pardonner et Il a promis de pardonner aux hommes s'ils se repentent sincèrement. Dans le Coran, Il demande également à Ses serviteurs de pardonner parce que Lui-même ne cesse de pardonner. Les conditions nécessaires pour obtenir le pardon d'Allâh, quand celui-ci ne met pas en jeu les droits d'autrui, sont le regret sincère, l'arrêt immédiat du péché, la résolution à ne plus le commettre.

C'est ici qu'intervient, peut être un des plus bels exemples de pardon dans la vie du Prophète (sws). En effet, il pardonna Hind qui avait engagé un esclave pour assassiner l'oncle du Messager de Dieu (sws). Lors de la bataille de Ouhoud, elle poussa sa haine jusqu'à mutiler le corps de Hamza l'oncle du Prophète (sws) en mordant son foie.

Pendant la conquête de la Mecque, après sa conversion à l'Islam, elle passa derrière le Prophète (sws) et lui dit : "Ô Messager d'Allâh, me reconnais-tu ?"

Muhammad (sws), lui dévoila qu'il s'était toujours souvenu de son cri de joie après le martyr de son oncle : "Comment pourrais-je oublier ce cri?" dit-il. Cependant, il lui pardonna, parce que Muhammad (sws) ne voulait pas sévir, mais convertir. C'est dans ce même contexte qu'il pardonna à la population de la Mecque qui l'avait tant persécuté lui et les siens. Il leur dit, le jour de la conquête : "Ô gens de Quraysh ! que pensez-vous que je ferai de vous ?" Ils lui répondirent : "Nous pensons que tu nous pardonneras, tu es un frère, plein de bonté et de miséricorde. Tu es aussi le fils d'un frère qui avait de la bonté et de la miséricorde". Sur quoi, le Prophète (sws) leur dit : "Je vous dit ce que le prophète Joseph (as) a dit à ses frères : En ce jour, nul reproche vous sera fait. Puisse Allâh vous pardonner. Vous pouvez aller, vous êtes libres !"

Et dans une autre source, il aurait affirmé : "Aujourd'hui est le jour de la miséricorde. Aujourd'hui est le jour où Allâh a augmenté le pouvoir de l'Islam par les Quraychites."

[Cf. Osman Nûri Topbas, Le Prophète Muhammad: les brises de sa compassion, édition Erkam, 2007, p.155]

Le Messager de Dieu (sws) accorda ainsi une grâce à tous les Mecquois. C'est ici, qu'interviennent les fanatiques islamophobes qui, déformant totalement l'histoire de la prise de la Mecque, prétendent que cette conquête s'est faite dans le sang ! Rien que ça ! Outre le fait qu'ils cachent sciemment la vérité - en ne mentionnant pas l'amnistie générale de la population ni la cause principale de cette conquête qui est la trahison des Quraychites qui rompirent le pacte de non-agression - ils dénaturent également le récit de cette fabuleuse conquête en affirmant qu'elle s'est terminée par un bain de sang.

Après avoir rappelé le contexte, vérifions si leurs dires sont exactes. Quand Muhammad (sws) ordonna la prise de la Mecque, seules quinze personnes, hommes et femmes, étaient exceptés de cette mesure de grâce et contre lesquelles il avait déclaré un arrêt de mort. Ces personnes étaient coupables de meurtre. La liste suivante a été dressée selon la Sira du Cheikh Muhammad Redha :

Source : Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu, traduit par Hamza Lamine Yahiaoui, éditions Al-Maktaba al-'Asriyya, Saidâ / Beyrouth, p.850-852

Notons que la plupart de ces condamnés embrassèrent l'islam et eurent la vie sauve. Le nombre total des condamnés à mort par le Prophète (sws) est de quinze individus dont seuls quatre furent effectivement exécutés, les autres ayant été graciés. Contrairement à ce que rapporte le cheikh Muhammad Redha, certaines sources affirment que Al-Huwayrith ibn Nuqayd fut pardonné par exemple. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas sans raison qu'il a ordonné que ces personnes devaient être exécutées, bien qu'il ait pardonné à la majorité d'entre eux.

De plus, voulant extirper le racisme du cœur des siens qui l'avaient rejetés, le prophète (sws) leur dit lors de la conquête :

"Ô gens de Quraych, Allâh vous a débarrassés de l'orgueil de la jâhiliyya (période de l'Ignorance) et de la fierté à travers les ancêtres ! Tous les gens sont issus d'Adam et Adam est issu de la terre."

Il récita alors : "Ô Hommes, Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme et Nous vous avons établis en peuples et en tribus pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous est, au regard d'Allâh, le plus pieux. Et Allâh est Savant et Bien Informé." (Coran 49, 13)

Nous voyons bien avec quel esprit de bonté Muhammad (sws) entreprit la conquête de la Mecque, n'en déplaise aux falsificateurs.

3. Conclusion

Nous voyons donc comment s'est effectuée la conquête pacifique de la Mecque et quel bel exemple de pardon que fut cette conquête historique n'en déplaise aux falsificateurs.

Allahou A'lam - Dieu Sait Mieux ce qu'il en est !

Bonus Game

Les exemples de conquêtes "pacifiques" ne manquent pas dans la Bible. Je vais citer ici deux cas pour montrer l'extrême différence qui existe entre l'Islam et ce qu'on trouve dans la Bible.

Premier exemple : Comment David de l'A.T. se comporte avec les civils vaincus

2Samuel 12

29 David rassembla tout le peuple, et marcha sur Rabba; il l'attaqua, et s'en rendit maître.

30 Il enleva la couronne de dessus la tête de son roi: elle pesait un talent d'or et était garnie de pierres précieuses. On la mit sur la tête de David, qui emporta de la ville un très grand butin.

31 Il fit sortir les habitants, et il les plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer par des fours à briques; il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon. David retourna à Jérusalem avec tout le peuple.

Deuxième exemple : Une conquête "pacifique", Josué et le javelot !

Le dictionnaire de Calmet dit :

Il fit souffrir un supplice encore plus cruel aux Ammonites: Il les coupa avec des scies, il fit passer sur eux des chariots armés de fer, les fit couper en pièces avec des couteaux, et les fit jeter dans des fourneaux où l'on cuit les briques. On a parlé ci-devant du supplice de la scie. Voyez SCIE. Les chariots, dont il est parlé ici sont des machines propres à briser les pailles, et en faire sortir le grain; il y en avait de plusieurs sortes; mais tous étaient armés de fer ou de pierre pour briser la paille. Voyez ci-après TRAINOIRS. Enfin il les fit passer par les couteaux de fer, et par un lieu où l'on fait la brique: soit qu'on entende ces derniers termes d'un four à brique, ou du lieu où l'on broie la terre des tuiliers, dans lequel on écrasa ces malheureux. Ces supplices font horreur; mais ils étaient tolérés parmi ces peuples, qui se permettaient de mettre à mort tout ce qui était pris en guerre.

Dictionnaire de la Bible de Dom Augustin Calmet, Supplices des Hébreux.

Deuxième exemple : La conquête "pacifique" de Josué

L'Éternel dit à Josué: Étends vers Aï le javelot que tu as à la main, car je vais la livrer en ton pouvoir. Et Josué étendit vers la ville le javelot qu'il avait à la main. Aussitôt qu'il eut étendu sa main, les hommes en embuscade sortirent précipitamment du lieu où ils étaient; ils pénétrèrent dans la ville, la prirent, et se hâtèrent d'y mettre le feu. Les gens d'Aï, ayant regardé derrière eux, virent la fumée de la ville monter vers le ciel, et ils ne purent se sauver d'aucun côté. Le peuple qui fuyait vers le désert se retourna contre ceux qui le poursuivaient; car Josué et tout Israël, voyant la ville prise par les hommes de l'embuscade, et la fumée de la ville qui montait, se retournèrent et battirent les gens d'Aï. Les autres sortirent de la ville à leur rencontre, et les gens d'Aï furent enveloppés par Israël de toutes parts. Israël les battit, sans leur laisser un survivant ni un fuyard; ils prirent vivant le roi d'Aï, et l'amenèrent à Josué. Lorsqu'Israël eut achevé de tuer tous les habitants d'Aï dans la campagne, dans le désert, où ils l'avaient poursuivi, et que tous furent entièrement passés au fil de l'épée, tout Israël revint vers Aï et la frappa du tranchant de l'épée. Il y eut au total douze mille personnes tuées ce jour-là, hommes et femmes, tous gens d'Aï. Josué ne retira point sa main qu'il tenait étendue avec le javelot, jusqu'à ce que tous les habitants eussent été dévoués par interdit. Seulement Israël garda pour lui le bétail et le butin de cette ville, selon l'ordre que l'Éternel avait prescrit à Josué. Josué brûla Aï, et en fit à jamais un monceau de ruines, qui subsiste encore aujourd'hui. Il fit pendre à un bois le roi d'Aï, et l'y laissa jusqu'au soir. Au coucher du soleil, Josué ordonna qu'on descendît son cadavre du bois; on le jeta à l'entrée de la porte de la ville, et l'on éleva sur lui un grand monceau de pierres, qui subsiste encore aujourd'hui. (Josué 8, 18-29)

Bref, sans commentaires...