Partie3: Les interpolations

III- Les passages non authentiques du Nouveau Testament (interpolations)

Après avoir présenté quelques exemples des différents types de falsification du Nouveau Testament, nous allons nous intéresser à un autre problème similaire: celui des interpolations. Le fait d’interpoler signifie introduire dans un texte, par erreur ou par fraude, des passages qui ne se trouvent pas dans l'original.

En effet les scribes chrétiens n'ont pas eu de mal à fabriquer et insérer des versets voir même des récits entiers qui ne se trouvaient pas dans le texte qu'ils copiaient. Certaines de ces interpolations sont facilement détectables, d'autres ont été considérées pendants des siècles comme authentiques mais elles ont été retranchées vers le XIX siècle grâce à la découverte de nouveaux manuscrits. Enfin, d'autres interpolations existent toujours dans le Nouveau Testament même si les spécialistes, qu'ils soient chrétiens ou pas, n'ont plus aucun doute sur leur inauthenticité.

Nous allons à présent illustrer ce fait avec quelques exemples.

Exemple 1: 1Jean 5:7

"Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l'Esprit, l'eau et le sang, et ces trois se rapportent à un."

 

La Bible de Neuchatel:

"- Dans le texte reçu la teneur de versets 7,8 est accrue par une interpolation célèbre dans l'histoire du texte du Nouveau Testament : "Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l'Esprit, l'eau et le sang, et ces trois se rapportent à un."

- Les mots en italique sont inauthentiques. Ils ont leur origine dans une fausse interprétation de versets 6,7 (début du verset).

Quelques écrivains anciens (Cyprien) ont vu dans les trois qui rendent témoignage, une allusion à la Trinité. Cette interprétation, d'abord écrite en marge d'un manuscrit, aura été admise dans le texte par un copiste ignorant.

Ces paroles ne se trouvent dans aucun manuscrit grec, excepté dans un qui date du seizième siècle, et dans un gréco-latin du quinzième siècle. Elles manquent également dans presque toutes les versions anciennes, dans tous les Pères de l'Eglise grecque, qui auraient eu tant d'intérêt à les produire dans les controverses ariennes, et chez beaucoup d'écrivains de l'Eglise latine, tels que Tertullien, Hilaire, Ambroise, Augustin, Jérôme.

Elles apparaissent pour la première fois vers la fin du cinquième siècle dans des versions latines en Afrique, puis, dès le dixième siècle dans les manuscrits de la Vulgate.

Dans le Nouveau Testament grec imprimé par Erasme, elles ne furent point admises pour les éditions de 1516 et 1519 ; elles ne jouirent de cette faveur que dans l'édition de 1622, d'où elles passèrent dans les éditions de Robert Etienne, de Bèze et des Elzévir, c'est-à-dire dans le texte reçu dès lors.

Luther ne les a jamais acceptées dans sa version allemande et ce ne fut que longtemps après sa mort, en 1581, qu'elles y furent introduites.

Calvin adopte cette leçon tout en reconnaissant combien elle est contestable, mais le commentaire qu'il en donne montre assez combien elle est peu en harmonie avec la pensée de l'apôtre. Elle l'interrompt, en effet, et cela pour y ajouter une idée dogmatique qui, ici, n'a aucun sens. Enfin, on sait que jamais la doctrine de la Trinité n'a été formulée de cette manière pendant l'ère apostolique. C'est par ces raisons historiques et exégétiques que tous les critiques de nos jours rejettent du texte la glose qui nous occupe."  (Bible de Neuchâtel sur 1Jean5 :7)

 

Ici, nous avons un bel exemple d'une interpolation. Un scribe frustré par le fait incontestable de ne trouver aucun passage clair et précis sur la Trinité, n’a pas hésité à interpoler ces quelques mots pour donner une base scripturaire incontestable à cette doctrine. 

Aujourd'hui, la grande majorité des bibles modernes ont retranché cette interpolation. On ne trouve plus ce verset dans la :

Les autres bibles citent ce verset soit en le mettant entre crochets, soit en indiquant en note de bas de page les problèmes qu'il pose. Mais le plus grave, c'est que des millions de chrétiens sont mort en pensant que ce verset faisait parti de la Parole inspirée par Dieu, des millions de chrétiens sont morts en pensant que la Trinité était explicitement et textuellement formulée dans la Bible. Il a fallu attendre la découverte de nouveaux manuscrits au XIX siècle pour constater et détecter cette falsification.

Exemple 2 : Jean 7: 53 á 8: 11 (épisode de la femme adultère)

8.1 Jésus se rendit à la montagne des oliviers. 8.2 Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S'étant assis, il les enseignait. 8.3 Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère; 8.4 et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. 8.5 Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu? 8.6 Ils disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. 8.7 Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. 8.8 Et s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. 8.9 Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. 8.10 Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit: Femme, où sont ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée? 8.11 Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus.

 

Cette histoire très célèbre n'est, hélas pour les chrétiens, pas authentique, c'est ce que disent tous les spécialistes du Nouveaux Testament qu'ils soient chrétiens ou pas. Bart Ehrman nous dit:

"L'histoire de Jésus et de la femme adultère est probablement l'une des histoires les plus populaires des évangiles et sans le moindre doutes, l'une des préférées des versions de sa vie réalisées par Hollywood... L'histoire est brillante, elle est pleine de dramatisme, et elle contient un renversement de situation très intelligent lorsque Jésus utilise son gémie pour sauver la pauvre femme. Cependant, pour un lecteur attentif le récit soulève plusieurs questions.

Par exemple, si la femme était surprise durant l'acte d'adultère, ou est l'homme avec lequel elle fût surprise? Selon la Loi de Moïse les deux devaient être lapidés (voir Lévitique 20:10)... Malgré son côté brillant, sa capacité á captiver et son intrigue inhérente, l'histoire soulève un problème additionnel énorme car il s'avère qu'elle ne se trouvait pas originellement dans l'évangile de Jean. D’ailleurs, à l'origine, elle ne faisait partie d'aucuns des évangiles canoniques, mais elle fût rajouter par un scribe postérieur.

Comment sait-on que se fût ainsi? Sur ce cas en particulier, les chercheurs qui travaillent avec la tradition manuscrite n'ont aucun doute sur la véracité de cette conclusion... Pour le moment je vais me limiter à citer quelques faits basiques que pratiquement tous les spécialistes, indépendamment de leur croyances religieuses, considèrent convaincants: Le récit n'apparaît pas dans le manuscrit le plus ancien et le mieux conservé de l'évangile de Jean, son style est très différent au reste de l'évangile, il emploi un grand nombre de mots et d'expressions étrangères au reste du texte. La conclusion est inévitable: cette épisode ne faisait pas parti de la version original de l'évangile.

... la majorité des experts pensent qu'il s’agissait probablement d'un récit populaire qui circulait dans les traditions orales sur Jésus et qu'à un moment il fût transcrit à la marge d'un manuscrit. Ensuite, un scribe ou un lecteur pensât que la note à la marge faisait partie du texte et l'insérât immédiatement après la fin de l'épisode rapporté en jean 7:52.

Il est important de signaler que d'autres scribes ont inséré le récit dans différentes parties du Nouveau Testament, certains après Jean 21:25 par exemple, et d'autres, ce qui est très intéressant, après Luc 21:38. En tous cas, peu importe qui a écrit ce récit, le fait est que ce n'était pas l'auteur de l'évangile de Jean." (Misquoting Jesus : The Story Behind Who Changed the Bible and Why par Bart D. Ehrman, Chapitre 2)

 

Frédéric Godet, protestant et docteur en théologie a fait une bonne analyse de ce sujet:

 

« Trois questions s'élèvent au sujet de ce morceau : Appartient-il réellement au texte de notre évangile ? Sinon, comment y a-t-il été introduit ? Que penser de la vérité du fait lui-même? Le témoignage le plus ancien de la présence de ce passage dans le N. T. est l'usage qu'en font les Constitutions apostoliques (I, 2, 24), pour justifier l'emploi des moyens de douceur dans la discipline ecclésiastique envers les poenitentes. Cet écrit apocryphe paraît avoir reçu sa forme définitive vers la fin du IIIe siècle. Si donc ce passage est inauthentique chez Jean, son interpolation doit remonter jusqu'au IIIe ou IIe s.

Les pères du IVe siècle, Jérôme, Ambroise, Augustin, en admettent l'authenticité et pensent qu'il a été retranché dans une partie des documents par des hommes faibles dans la foi, qui auraient craint « que leurs femmes n'en tirassent des conséquences immorales » (Augustin). Certains Mss. de l'Itala (Veronensis, Colbertinus, etc.), du IVe au XIe s., la Vulgate, la traduction syriaque de Jérusalem, du Ve s., les Mss. D F G H K U G, du VIe au IXe s., et plus de 300 Mnn. (Tischendorf), lisent ce passage et ne le marquent d'aucun signe de doute.

En échange, il manque dans la Peschitto, la Syr. du Sinaï., celle de Cureton, la Philoxénienne (texte primitif) et Tatien, dans les Vss. sahidique, copte, goth., arménienne, et dans deux des meilleurs Mss. de l'Itala, le Vercellensis, du IVe, et le Brixianus, du VIe s. Tertullien, Cyprien, Origène, Chrysostome n'en parlent pas, A B C L N T X D du IVe au IXe s., et 70 Mnn., l'omettent complètement (L et D en laissant un espace vide) ; E M S L P et 45 Mnn. le marquent de signes de doute. Enfin, dans quelques documents, il se trouve transposé : un Mn. (225) le place après 7.36 ; dix autres, à la fin de l'évangile ; quatre enfin (13, 69, 124, 346)a, dans l'évangile de Luc, à la suite du ch. 21. Euthymius l'envisage comme une addition utile ; Théophylacte le retranche tout à fait.

 Au point de vue de la critique externe, trois faits prouvent l'interpolation :

1. Il est impossible d'envisager l'omission de ce morceau, dans les nombreux documents que nous venons d'examiner, comme purement accidentelle. S'il était authentique, il faudrait nécessairement qu'il eût été retranché à dessein et par le motif que supposent quelques Pères. Mais, à compte-là combien d'autres retranchements n'eût-on pas dû faire dans le Nouveau Testament ? Et se serait-on permis une semblable liberté à l'égard d'un texte décidément connu comme apostolique?

2. De plus, le texte varie extraordinairement dans les documents qui présentent ce morceau ; on compte plus de quatre-vingts variantes dans ces douze versets. Griesbach a distingué trois textes tout différents : le texte ordinaire celui de D, et un troisième qui résulte d'un certain nombre de Mss. Un vrai texte apostolique n'a jamais subi de telles altérations.

3. Comment se fait-il que le morceau tout entier se trouve si diversement placé dans les documents : après 7.36, à la fin de notre évangile, à la fin de Luc ch. 21, enfin entre les chapitres 7 et 8 de notre évangile comme dans le T. R.? Une telle hésitation est également sans exemple à l'égard d'un vrai texte apostolique.

 Au point de vue de la critique interne, trois raisons confirment ce résultat :

 1. Le style n'a point le cachet johannique ; il a bien plutôt les caractères de la tradition synoptique. Le oÞn, forme de transition la plus usitée chez Jean, manque complètement ; il est remplacé par dè (11 fois). Les expressions îrjrou (Jean dit prwò), p c å laìc, kajÐsac âdÐ-dasken, oÉ grammateØc kaÈ oÉ farisaØoi, sont sans analogie chez Jean et rappellent les formes synoptiques. D'où proviendrait cette différence, si le morceau était authentique?

2. Le préambule 7.53 ne présente, comme nous le verrons, aucun sens précis. Il est d'une amphibologie suspecte.

3. Enfin il y a disharmonie complète entre l'esprit de ce récit et celui de toute la narration johannique. Celle-ci nous présente dans cette partie le témoignage que Jésus se rend à lui-même et la position de foi ou d'incrédulité que prennent à cette occasion ses auditeurs.

 A ce point de vue, le récit de la femme adultère ne peut être envisagé dans notre évangile que comme un hors-d'oeuvre. Comme le dit très bien Reuss : « Des anecdotes de ce genre, aboutissant à un enseignement essentiellement moral, sont étrangères au IVe évangile. » Aussitôt qu'on retranche ce passage, la liaison entre le témoignage qui précède et celui qui suit, saute aux yeux. Elle est expressément marquée par le p?lin, de nouveau, 8.12, qui rattache la nouvelle déclaration, 8.12-20, à celle du grand jour de la fête, 7.37 et suiv. Aussi l'authenticité de ce morceau n'est-elle plus admise que par un petit nombre d'exégètes protestants (Lange, Ebrard, Wieseler), par les interprètes catholiques (Hug, Scholz, Maier) et par quelques adversaires de l'authenticité de l'évangile qui se font une arme des invraisemblances internes du récit (Bretschneider, Strauss, B. Bauer, Hilgenfeld). Dès le temps de la Réformation, il a été jugé inauthentique par Erasme, Calvin, Bèze ; plus tard, il a été également éliminé par Grotius, Wetstein, Semler Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette, Baur, Reuss, Luthardt, Ewald, Hengstenberg, Lachmann, Tischendorf, Westcott et Hort, Meyer, Weiss, Keil, Jülicher, Zahn, etc. Selon Hilgenfeld, ce morceau aurait en sa faveur des témoignages prépondérants ; il nous placerait dans le vrai milieu des jours qui suivaient le grand jour de fête ; enfin il serait exigé par la parole 8.15 a. Ces raisons n'ont pas besoin d'être réfutées. » (Frédéric GODET, docteur en théologie, professeur à la faculté de l'Église indépendante de Neuchâtel, Commentaire sur l'Évangile de Saint Jean, Deuxième partie : le développement de l'incrédulité en Israël. Premier cycle, troisième section : la lutte à son plus haut degré d'intensité à Jérusalem. III : Dans et après le grand jour de la fête, Le récit de la femme adultère, 1902, pages 921-923.)

 

Le grand théologien protestant, Bruce Metzger dit dans son  commentaire du « Greek New Testament », dont il est l’un des membres actifs du comité qui le mit par écrit et en fit sa critique textuel :

 

« L’évidence pour l’origine non Johannique de la péricope de la femme adultère est dominant. Il est absent des manuscrits (la liste est déjà cité au-dessus)…En orient, il est absent des plus anciennes formes de la version Syriaque, bohaïrique, Sahidique, sub-Achmimique. Quelques manuscrits Arménien et la vieille version géorgienne l’omettent aussi. En occident, le passage est absent de la version Gothique et de plusieurs anciens manuscrits Latin…Le Comité est UNANIME pour dire que la péricope de la femme adultère ne fait pas parti originellement des 4 évangiles… »  « Commentaire de Bruce Metzger du Greek New Testament » 2ème édition, p.188-189

 

Nous pouvons citer également le grand théologien catholique Raymond Brown qui nous dit:

« Le passage de 7:53_8:11 sur le jugement de la femme adultère manque dans les meilleurs manuscrits grecs. Si pour beaucoup (dont les catholiques) ce récit est canonique, inspire, l’histoire est presque certaine ici hors de son contexte, en dépit d’une posible ralation avec 8, 15.46a. Quelques manuscrits placent cet épisode après Lc 21 :38 comme la continuation des questions posées à Jésus avant son arrestation (Lc 20 :20-40). Peut être s’agit-il d’un récit ancien sur la miséricorde de Jésus envers les pécheurs (voir Papias en HE 3, 39, 17), qui aurait voyagé indépendamment des quatre évangiles et n’aurait pu y figurer qu’après un changement dans la répugnance de l’Eglise à pardonner l’adultère (Le Pasteur d’Hermas, Mandat 4,1)… » (Raymond E.Brown, ‘Que sait-on du Nouveaux Testament’, Bayard 2011, p419)  

Nous rajouterons que toutes les bibles comportant des notes explicatives informent leur lecteurs des problèmes d'authenticité de ce récit:

 

Bible de Neuchâtel :

On trouve une description semblable dans #Lu 21:37,38. -Le dernier verset de #Jn 7 et les deux premiers par lesquels s'ouvre notre #Jn 8 forment une sorte d'introduction à l'histoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont l'authenticité est contestée. Voici d'abord, à cet égard, l'état des documents sur lesquels s'appuie la critique du texte.

1° Un grand nombre de manuscrits, Sin., B, A, C, etc., du quatrième au neuvième siècle, omettent entièrement ce récit, et plusieurs de ceux qui l'ont conservé le marquent de signes de doute.

2° Les versions anciennes, sauf quelques manuscrits de l'Itala ne le renferment pas davantage.

3° Les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles, et même Chrysostome, ne le mentionnent pas comme renfermé dans notre évangile. Origène, qui s'est occupé spécialement de l'état du texte, n'en parle pas. 

4° Dans plusieurs documents, ce morceau se trouve placé à la fin de l'évangile de Jean; dans quelques autres à la suite de #Lu 21.

5° Ces versets abondent en variantes diverses, ce qui est toujours un signe peu favorable à l'authenticité.

6° Le style de ce récit n'est pas celui de Jean; il porte tous les caractères des narrations synoptiques. Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de l'évangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet, et tous les modernes éditeurs du texte.

Rappelons, d'autre part, que sept majusc. (dont D), du sixième au neuvième siècle, et un très grand nombre de minusc., aussi bien que quelques exemplaires de l'Itala, la Vulgate, la version syr. de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer d'aucun signe de doute. Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adv. Pelag. 2, 17) que cette relation se trouvait "en plusieurs manuscrits, tant grecs que latins." Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils l'authenticité de ce fragment alléguant avec Augustin qu'il n'a été retranché, à l'origine, que par la crainte de l'influence morale qu'il pouvait exercer à une époque où, d'une part, un grand relâchement des moeurs et, d'autre part, un faux ascétisme s'étaient introduits dans l'Eglise. -Quant à la vérité historique du fait, on peut dire avec Meyer: "Cette histoire porte un tel cachet d'originalité, il est si évident qu'elle n'est imitée d'aucun autre récit de la tradition évangélique, qu'il est impossible d'y voir une légende d'un temps postérieur, sa vérité interne se justifie facilement par l'exégèse, malgré les doutes qu'on a soulevés." Le récit est en tous cas fort ancien, Eusèbe rapporte (Hist. eccl. 3: 39) que l'écrit de Papias sur les évangiles contenait l'histoire d'une femme qui, à cause de ses péchés, fut accusée devant le Seigneur. "Cette histoire, ajoutet-il, se trouve dans l'évangile des Hébreux." Cela prouverait que notre récit appartient à la tradition apostolique. Il a été inséré dans la suite à cette place, parce que le piège tendu à Jésus {#Jn 8:6} paraissait en harmonie avec les dispositions hostiles des autorités à son égard. {#Jn 7:32,45 et suiv.}.

 

Bible du Semeur :

Les versets 7.53 à 8.11 sont absents des manuscrits les plus anciens. Quelques manuscrits les situent ailleurs, à la fin de l'évangile ou après Lc 21.38.

 

TOB :

La section 7,53-8,11 est omise par les mss les plus anciens et par de nombreuses versions : d'autres la placent soit après les vv. 36 ou 44, soit à la fin de l'évangile ; d'autres encore l'introduisent après Lc 21,38. Les Pères grecs semblent l'ignorer ; le texte lui-même présente de nombreuses variantes et ne possède pas les caractéristiques du style Johannique. C'est pourquoi on peut estimer que cette péricope n'appartenait pas primitivement à l'évangile de Jn. Il s'agit d'une tradition indépendante, insérée après coup ; son caractère canonique n'est pas à contester.

 

Bible de Jérusalem :

Cette péricope, 7.53 - 8.11, omise par les plus anciens témoins (mss, versions et Pères), déplacée par d'autres, au style de couleur synoptique, ne peut être de saint Jean lui-même. Elle pourrait être attribuée à saint Luc, cf Luc 21.38. Sa canonicité, son caractère inspiré et sa valeur historique n'en sont pas moins hors contexte.

 

ACEBAC :

Le récit de la femme adultère {#Jn 7:53 8:1-11} manque dans les plus anciens manuscrits grecs. Les Pères grecs ne l'ont pas connu ou bien ne l'ont pas regardé comme authentique. Plusieurs traductions anciennes (latine, syriaque, copte...) ne le contenaient pas. On lisait pourtant cette péricope en Occident et dans l'Église de Syrie dès le IIIe siècle. Mais la place de ce récit est instable chez les témoins qui le rapportent: on le retrouve en cinq endroits différents soit dans l'évangile de Jean, soit dans celui de Luc. De plus, ce passage tranche sur le contexte et l'ensemble du texte johannique par son contenu, son style et sa langue, qui rappellent par contre beaucoup le style et la langue de Luc. On admet donc généralement que ce passage n'a pas été rédigé par l'auteur du quatrième évangile et qu'il n'appartenait pas à l'édition originale de cet évangile. Le concile de Trente regarde ce texte comme un écrit canonique; sa définition porte sur la canonicité, non sur l'authenticité johannique du passage.

 

 

Pour résumer :

- Le passage de la femme adultère ne se trouve pas dans les plus anciens manuscrits et les mieux conservés.

- Dans d’autres manuscrits, ce récit se trouve placé ailleurs, par exemple après Jean 7 :36 ou à la fin de l’évangile de Jean. Ou encore à la fin de Luc 21, après le verset 31.

-Dans d’autres manuscrits tardives, le texte bien que cité est mis entre crochets pour montrer qu’il ne faisait pas partie de l’original.

- Le style est très différent du reste de l’évangile.

- Après des recherches minutieuses, tous les spécialistes chrétiens ou pas sont d’accord sur la non authenticité de ce récit.

Exemple 3 : La fin de l'évangile de Marc (16: 9 à 20)

16.9 Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons. 16.10 Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s'affligeaient et pleuraient. 16.11 Quand ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle l'avait vu, ils ne le crurent point. 16.12 Après cela, il apparut, sous une autre forme, à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. 16.13 Ils revinrent l'annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. 16.14 Enfin, il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. 16.15 Puis il leur dit: Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. 16.16 Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. 16.17 Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; 16.18 ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris. 16.19 Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite de Dieu. 16.20 Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient.

 

Les 12 versets à la fin de l'évangile de Marc que nous trouvons dans les bibles modernes sont une célèbre interpolation selon les spécialistes. Qu’ils soient chrétiens ou pas, tous les spécialistes s'accordent pour dire que ces 12 versets n'ont pas été rédigés par l'auteur de l'évangile de Marc:

« Les spécialistes sont d'accord sur le fait que les versets 9-20 de l'évangile canonique de Marc n'ont pas été écrit par l'auteur de l'évangile mais qu'ils ont été rajouté à l'évangile au deuxième siècle. » (Timothy R. Carmody, "Gospel of Marc Question By Question", Question by Question Bible Study Commentary, pp 57.)

 

Bart Ehrman nous dit:

« ... les preuves que ce récit n'appartient pas au texte original de Marc sont similaires à celles mentionnées dans le cas du récit de la femme adultère. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'exposer ici tous les détailles de cette affaire. Ces versets sont absents dans deux manuscrits des plus anciens et mieux conservés de l'évangile de Marc, le style est différent au reste de l'évangile, la transition entre ce passage et le précédent est difficile à comprendre (par exemple le verset 9 présent Marie de Magdala comme si elle n'avait pas encore été mentionnée alors que les versets précédent se référent à elle. En grec il y a un problème suplémentaire qui rend la transition mal à droite), et le passage inclut un grand nombre de mots et d'expressions qu'on ne trouve pas ailleurs dans l'évangile. » (Misquoting Jesus : The Story Behind Who Changed the Bible and Why par Bart D. Ehrman Chapitre2)

 

Le Docteur en théologie, Frédéric Godet nous dit également:

« Avec 16.8, se termine le second évangile dans les deux plus anciens manuscrits, le Vaticanus et le Sinaïticus, dans la plupart des Mss. de l’ancienne traduction latine et d’autres documents encore. Mais il est bien évident que ce ne peut avoir été là la fin du récit, dans l’intention de l’auteur. Il avait annoncé une apparition de Jésus aux femmes et aux disciples, et il ne pouvait raisonnablement terminer sans l’avoir racontée ou mentionnée,ou du moins sans avoir expliqué pourquoi elle n’aurait pas eu lieu.Cependant il est clair aussi que l’emploi public de notre évangile dans les églises ne permettait pas de laisser le récit ainsi suspendu, et c’est pourquoide très bonne heure, dès le commencement du second siècle, une fin de notre évangile aurait été ajoutée. »  (Frédéric Godet, Introduction aux Nouveau Testament: Les évangiles synoptiques, Théotex, pp 315)

 

Le théologien catholique Raymond Brown dit également:

« Une finale décrivant les apparitions du ressuscité ajouté par un copiste postérieur : ce que je viens de dire est l’opinion de la majorité : l’évangile de Marc se termine avec Mc 16 :8. Mais quelques exégètes soutiennent vigoureusement l’hypothèse d’une fin perdue (une page finale du codex qui sait détachée ?), affirmant que Mc aurait certainement raconté l’apparition en Galilée promise en 16 :7 (comme le fait Mt 28 :16-20)… Le problème fut remarqué dès l’Antiquité, car certains manuscrits de Mathieu témoignent de trois conclusions différentes ajoutées par des copistes, probablement pour tenter de corriger le coté abrupt de 16 :8. »  (Raymond E.Brown, ‘Que sait-on du Nouveaux Testament’, Bayard 2011, p 190)  

 

De même, les bibles comportant des notes explicatives ou des commentaires mentionnent la non-authenticité de ce passage.

 

La Bible de Neuchâtel:

 

Les versets qui suivent (versets 9-20) ne paraissent pas avoir fait partie de l'évangile de Marc qui, à l'origine, s'arrêtait inachevé à la fin du verset 8.

Les critiques les plus dignes de confiance n'en admettent pas l'authenticité. Leurs raisons, dont voici les principales, sont du plus grand poids.

1° Cette fin de l'évangile manque dans Sin. et dans B, ainsi que dans quelques versions.

2° Un manuscrit du huitième siècle et plusieurs versions latines ont une courte conclusion de l'évangile, tout autre que celle qui nous a été conservée ici.

3° Dans une trentaine de manuscrits de l'évangile de Marc, en lettres cursives, se trouvent des remarques indiquant que les plus anciens documents s'arrêtaient à notre verset 8.

4° Plusieurs Pères de l’Église, entre autres Eusèbe et Jérôme, déclarent positivement que cette fin de notre évangile n'était pas renfermée dans les plus anciennes copies.

"Les manuscrits exacts, dit Eusèbe, terminent le récit de Marc aux paroles du jeune homme qui apparut aux femmes et leur dit : Ne vous effrayez point, jusqu'aux mots : car elles avaient peur. Ce qui suit se trouve dans quelques rares copies."

"La fin de l'évangile de Marc se trouve dans fort peu de manuscrits; presque tous les exemplaires grecs ne la contiennent pas." Ainsi parle Jérôme.

- Outre ces témoignages si convaincants, un examen attentif de notre fragment conduit à la même conclusion. On n'y retrouve ni le style de Marc ni sa manière pittoresque et détaillée de raconter. Il ne renferme que quelques faits isolés, à peine indiqués et évidemment empruntes aux autres évangiles, ainsi que nous le ferons remarquer dans les notes.

- Cependant, si ce morceau n'est pas de Marc, il est certain qu'il remonte à une haute antiquité ; car le plus grand nombre des versions et des manuscrits le renferment, et il était déjà connu d'Irénée, qui en cite un passage. Par ces raisons, plusieurs théologiens de nos jours persistent à attribuer à Marc cette de son évangile. Il est plus probable que, peu après le temps des apôtres, une main pieuse voulut achever le récit de Marc et pour cela, consigner ici les principales apparitions de Jésus-Christ ressuscité et son ascension. (Voir les notes critiques de Tischendorf et le Nouveau Testament de Rilliet, à la fin de Marc.)

La simple lecture de ce verset fait sentir que c'est ici le commencement d'un écrit nouveau, et non la continuation du récit de Marc par Marc lui-même. Celui-ci aurait-il répété ainsi l'indication du jour et du moment de la résurrection de Jésus après l'avoir racontée ? (Comparer versets 1,2) Puis n'aurait-il pas rapporté l'apparition de Jésus à Marie, de manière à faire suite au verset 8, ce qui n'est point le cas ici ?

...

Puis notre fragment se termine par cette remarque que le Seigneur opérait avec eux, par son Saint-Esprit de lumière et de vie et par les signes ou miracles qui accompagnaient leur parole.

- Ce fragment peut donc se lire à la suite de l'évangile de Marc resté inachevé, comme un résumé antique et précieux de faits rapportés en détail par les autres récits évangéliques.

 

 La Bible de Jerusalem:

« La finale de Marc vv. 9-20 fait partie des Écritures Inspirée, elle est tenue pour canonique. Cela ne signifie pas nécessairement qu’elle est été rédigée par Marc. En faite, son appartenance à la rédaction du second évangile est mise en question. Les difficultés proviennent d’abord de la tradition manuscrite.

Plusieurs mss. Dont Vat. Et Sin. Omettent la finale actuelle. Au lieu de la finale ordinaire, un manuscrit donne une finale plus courte qui continue le verset 8 : « Elles racontèrent brièvement aux compagnons de Pierre ce qui leur avait été annoncé. Ensuite Jésus lui-même fit porter par eux, de l’orient jusqu’au couchant, le message sacré et incorruptible du salut éternel. ». Quatre manuscrits donnent à la suite les deux finales, la courte et la langue. Enfin, un des manuscrit qui donne la finale longue intercale entre le v14 et le v15 le morceau suivant : « Et ceux-ci alléguèrent pour leur défense :’Ce siècle d’iniquité et d’incrédulité est sous la domination de Satan, qui ne permet pas que ce qui est sous le joug des esprits impurs conçoive la vérité et la puissance de Dieu. Révèle donc des maintenant ta justice.’. C’est ce qu’il disait au Christ, et le Christ leur répondis : ‘Le terme des années de pouvoir de Satan est comble, et cependant d’autres choses terribles sont proches, et j’ai été livré à la mort pour ceux qui ont péché, afin qu’ils se convertissent à la vérité et qu’ils ne pèchent plus, afin qu’ils héritent de la gloire de justice spirituelle et incorruptible qui est dans le ciel…’ .

[…]

Par ailleurs on a peine à admettre que le second évangile dans sa première rédaction s’arrêtait brusquement au v8. D’où la supposition que la finale primitive a disparue pour une cause inconnue de nous et que la finale actuelle a été rédigée pour combler la lacune. Elle se présente comme un résumé sommaire des apparitions du Christ ressuscité, dont la rédaction est sensiblement différente de la manière habituelle de marc, concrète et pittoresque… »

 

La Traduction Oecuménique de la Bible (Bible TOB):

 

« La tradition manuscrite est très incertaine pour les vv 9-20 qui terminent ici l’évangile de Marc :

-  Cette finale n’est pas attesté par un certains nombre de témoins. Quelques copistes ont même précisait que le verset 8 marquait la fin de l’évangile.

-  Il existe à coté de la version longue la plus courante dont nous donnons la traduction, une version courte : « Elles racontèrent brièvement aux compagnons de Pierre ce qui leur avait été annoncé. Ensuite Jésus lui-même fit porter par eux, de l’orient jusqu’au couchant, le message sacré et incorruptible du salut éternel. »

-  Quelques témoins donnent à la fois la version longue et la version courte.

- Un témoin intercale entre les vv 14 et 15 de la version longue une objection des disciples et une réponse du christ, ainsi rédigées : « Et ceux-ci alléguèrent pour leur défense :’Ce siècle d’iniquité et d’incrédulité est sous la domination de Satan, qui ne permet pas que ce qui est sous le joug des esprits impurs conçoive la vérité et la puissance de Dieu. Révèle donc des maintenant ta justice.’. C’est ce qu’il disait au Christ, et le Christ leur répondis : ‘Le terme des années de pouvoir de Satan est comble, et cependant d’autres choses terribles sont proches, et j’ai été livré à la mort pour ceux qui ont péché, afin qu’ils se convertissent à la vérité et qu’ils ne pèchent plus, afin qu’ils héritent de la gloire de justice spirituelle et incorruptible qui est dans le ciel…’ »

 

Pour résumer :

Les vv 9-20 de Marc ne se trouvent pas dans les plus anciens manuscrits et les mieux conservés.  Dans certains manuscrits, il est même clairement annoncé après le v.8 : « Fin de l’évangile. »

Plusieurs Pères de l'Eglise, entre autres Eusèbe et Jérôme, ont explicitement reconnu la non authenticité des vv 9-20.

Il existe jusqu’à trois finales différentes de l’évangile de Marc, les plus connus sont la version longue, celle qui se trouve actuellement dans la majorité des bibles. Ainsi que la version courte qui se trouve dans un grand nombre de manuscrits et que voici : « Elles racontèrent brièvement aux compagnons de Pierre ce qui leur avait été annoncé. Ensuite Jésus lui-même fit porter par eux, de l’orient jusqu’au couchant, le message sacré et incorruptible du salut éternel. »

Certains scribes ont tellement hésité entre les deux finales qu’ils ont choisi de copier les deux à la fois.

Le style des vv 9-20 diffère du style de Marc.

Tous ces éléments on conduit tous les spécialistes qu’ils soient chrétiens ou pas, après plusieurs recherches minutieuses, à admettre que les versets 9-20 du chapitre 16 de l’évangile de Marc ne sont pas authentiques.

 

Nous venons de présenter plus haut trois exemples des plus célèbres interpolations dont a souffert le Nouveaux Testament. Les exemples d’interpolation sont beaucoup plus nombreux.

La majorité de ces interpolations sont détectables, cependant d’autres ont réussi à être considérées comme authentiques durant des siècles avant d’être repérées, et enfin, quelques interpolations existent toujours dans le texte du nouveau Testament même si tous les spécialistes les considèrent comme non authentiques. Il ne faudrait donc pas s’étonner de les voir retranchées dans quelques années…

SUITE : RÉPONSES AUX JUSTIFICATIONS CHRÉTIENNES