Pourquoi Jésus n’a pas ordonné la lapidation de la femme adultère ?

Pourquoi Jésus n’a pas ordonné la lapidation de la femme adultère ?

Salik, Karim et Islampaix

Création : 16/03/2011

Modification : 14/08/2011


Plusieurs chrétiens pensent que comme Jésus n'a pas ordonné la lapidation d'une femme coupable d’adultère, alors il aurait par conséquent abolit cette pratique. Ceci n’est pas vrai pour deux raisons :

Premièrement : si nous lisons le contexte, nous nous apercevons que si Jésus ne l'a pas fait, c'est parce que les juifs non plus n'appliquaient plus la loi, ils n'appliquaient pas la peine de mort sur eux-même, comment peuvent-ils alors demander à Jésus de lapider une femme? Ils n'appliquaient pas la loi contre eux, mais voulaient l'appliquer aux autres :

Jean 7:19

Moïse ne vous a–t–il pas donné la loi ? Et nul de vous n'observe la loi. Pourquoi cherchez–vous à me faire mourir ?

Le dictionnaire de la Bible Dom Augustin Calmet parle de cette histoire de la femme adultère et de Jésus (voir définition du mot “adultère) est conclu de la sorte :

On présume avec grande raison:

1° que les accusateurs de cette femme étaient eux-mêmes coupables du crime dont ils l'accusaient, de même à peu près que les accusateurs de la chaste Suzanne. Or, il est injuste de recevoir pour accusateurs ceux qui sont coupables du mal qu'ils reprennent dans un autre.

2° Il y a lieu de croire que la femme dont il s'agit ici avait souffert quelque violence, et que son crime était fort diminué par les circonstances. Selden et Fagius croient qu'elle était dans le cas qui est marqué par Moïse en ces termes: {#De 22:23} Si une fille fiancée est trouvée dans la ville par un homme qui lui ravisse son honneur, vous ferez sortir de la ville l'homme et la fille adultères, et ils seront lapidés; la fille, parce qu'elle n'a pas crié, quoiqu'elle fût dans la ville; et l'homme, parce qu'il a humilié la femme de son prochain.

Aussi, un autre passage démontre que Jésus propose à une femme le repentir, mais elle a refusé de se repentir, alors Jésus dit qu'il fera mourir les enfants de sa femme :

Apocalypse 2

18 Ecris à l'ange de l'Eglise de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l'airain ardent:

19 Je connais tes œuvres, ton amour, ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières œuvres plus nombreuses que les premières.

20 Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles.

21 Je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité.

22 Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu'ils ne se repentent de leurs œuvres.

23 Je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je vous rendrai à chacun selon vos œuvres.

Nous voyons bien que Jésus n'est pas contre le châtiment réservé à ceux qui commettent l'adultère. Et que penser du châtiment excessif qu’on subit Ananias et sa femme Saphira par le Saint-Esprit qui les a tué simplement parce qu’ils n’avaient donné QUE la moitié de leurs biens aux apôtres ! Voici comment nous est raconté cette triste histoire :

Actes 5

1  Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété,

et retint une partie du prix, sa femme le sachant; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres.

3  Pierre lui dit: Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ?

4  S'il n'eût pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après qu'il a été vendu, le prix n'était-il pas à ta disposition? Comment as-tu pu mettre en ton coeur un pareil dessein? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.

Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs.

6  Les jeunes gens, s'étant levés, l'enveloppèrent, l'emportèrent, et l'ensevelirent.

7  Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé.

8  Pierre lui adressa la parole: Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ? Oui, répondit-elle, c'est à ce prix-là.

9  Alors Pierre lui dit: Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t'emporteront.

10 Au même instant, elle tomba aux pieds de l'apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte; ils l'emportèrent, et l'ensevelirent auprès de son mari.

Pourquoi Pierre ne leur a pas pardonné? En quoi le vol est-il un plus grand péché que l'adultère?

C'est encore une preuve que l'histoire de la femme adultère est erroné. Même si celle-ci était vrai, on ne peut l'utiliser pour montrer que Jésus était "gentille", puisque c'est lui, qui est Dieu selon les Chrétien, qui a permis à Pierre de tuer ce couple pour avoir volé. Pourquoi ne leur a t-il pas pardonné?

Deuxièmement : Le passage de la femme adultère constitue un ajout tardif , et ne fait pas parti du texte original de l'Évangile dit de Jean. Voyons les commentaires chrétiens :

Bible Annotée :

On trouve une description semblable dans #Lu 21:37,38. -Le dernier verset de #Jn 7 et les deux premiers par lesquels s'ouvre notre #Jn 8 forment une sorte d'introduction à l'histoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont l'authenticité est contestée. Voici d'abord, à cet égard, l'état des documents sur lesquels s'appuie la critique du texte.

1° Un grand nombre de manuscrits, Sin., B, A, C, etc., du quatrième au neuvième siècle, omettent entièrement ce récit, et plusieurs de ceux qui l'ont conservé le marquent de signes de doute.

2° Les versions anciennes, sauf quelques manuscrits de l'Itala ne le renferment pas davantage.

3° Les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles, et même Chrysostome, ne le mentionnent pas comme renfermé dans notre évangile. Origène, qui s'est occupé spécialement de l'état du texte, n'en parle pas.  

4° Dans plusieurs documents, ce morceau se trouve placé à la fin de l'évangile de Jean; dans quelques autres à la suite de #Lu 21.

5° Ces versets abondent en variantes diverses, ce qui est toujours un signe peu favorable à l'authenticité.

6° Le style de ce récit n'est pas celui de Jean; il porte tous les caractères des narrations synoptiques. Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de l'évangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet, et tous les modernes éditeurs du texte.

Rappelons, d'autre part, que sept majusc. (dont D), du sixième au neuvième siècle, et un très grand nombre de minusc., aussi bien que quelques exemplaires de l'Itala, la Vulgate, la version syr. de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer d'aucun signe de doute. Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adv. Pelag. 2, 17) que cette relation se trouvait "en plusieurs manuscrits, tant grecs que latins." Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils l'authenticité de ce fragment alléguant avec Augustin qu'il n'a été retranché, à l'origine, que par la crainte de l'influence morale qu'il pouvait exercer à une époque où, d'une part, un grand relâchement des moeurs et, d'autre part, un faux ascétisme s'étaient introduits dans l'Eglise. -Quant à la vérité historique du fait, on peut dire avec Meyer: "Cette histoire porte un tel cachet d'originalité, il est si évident qu'elle n'est imitée d'aucun autre récit de la tradition évangélique, qu'il est impossible d'y voir une légende d'un temps postérieur, sa vérité interne se justifie facilement par l'exégèse, malgré les doutes qu'on a soulevés." Le récit est en tous cas fort ancien, Eusèbe rapporte (Hist. eccl. 3: 39) que l'écrit de Papias sur les évangiles contenait l'histoire d'une femme qui, à cause de ses péchés, fut accusée devant le Seigneur. "Cette histoire, ajoutet-il, se trouve dans l'évangile des Hébreux." Cela prouverait que notre récit appartient à la tradition apostolique. Il a été inséré dans la suite à cette place, parce que le piège tendu à Jésus {#Jn 8:6} paraissait en harmonie avec les dispositions hostiles des autorités à son égard. {#Jn 7:32,45 et suiv.}.

Bible du Semeur :

Les versets 7.53 à 8.11 sont absents des manuscrits les plus anciens. Quelques manuscrits les situent ailleurs, à la fin de l'évangile ou après Lc 21.38.

ACEBAC :

Le récit de la femme adultère {#Jn 7:53 8:1-11} manque dans les plus anciens manuscrits grecs. Les Pères grecs ne l'ont pas connu ou bien ne l'ont pas regardé comme authentique. Plusieurs traductions anciennes (latine, syriaque, copte...) ne le contenaient pas. On lisait pourtant cette péricope en Occident et dans l'Église de Syrie dès le IIIe siècle. Mais la place de ce récit est instable chez les témoins qui le rapportent: on le retrouve en cinq endroits différents soit dans l'évangile de Jean, soit dans celui de Luc. De plus, ce passage tranche sur le contexte et l'ensemble du texte johannique par son contenu, son style et sa langue, qui rappellent par contre beaucoup le style et la langue de Luc. On admet donc généralement que ce passage n'a pas été rédigé par l'auteur du quatrième évangile et qu'il n'appartenait pas à l'édition originale de cet évangile. Le concile de Trente regarde ce texte comme un écrit canonique; sa définition porte sur la canonicité, non sur l'authenticité johannique du passage.

TOB :

La section 7,53-8,11 est omise par les mss les plus anciens et par de nombreuses versions : d'autres la placent soit après les vv. 36 ou 44, soit à la fin de l'évangile ; d'autres encore l'introduisent après Lc 21,38. Les Pères grecs semblent l'ignorer ; le texte lui-même présente de nombreuses variantes et ne possède pas les caractéristique du style Johannique. C'est pourquoi on peut estimer que cette péricope n'appartenait pas primitivement à l'évangile de Jn. Il s'agit d'une tradition indépendante, insérée après coup ; son caractère canonique n'est pas à contester.

Bible de Jérusalem :

Cette péricope, 7.53 - 8.11, omise par les plus anciens témoins (mss, versions et Pères), déplacée par d'autres, au style de couleur synoptique, ne peut être de saint Jean lui-même. Elle pourrait être attribuée à saint Luc, cf Luc 21.38. Sa canonicité, son caractère inspiré et sa valeur historique n'en sont pas moins hors contexte.

Claude Tresmontant :

A partir de ce verset, nombres de manuscrits anciens—le plus grand nombre—ne comportent pas la page qui suit: l'histoire de la femme qui a été surprise avec un homme qui n'était pas son mari. Deux hypothèses se partagent les critiques. 

1. Cette histoire a été ajoutée tardivement.

2. Ce passage a été retranché très anciennement.

Augustin, dans un ouvrage précisément consacré au mariage et à l'adultère, De conjugiis adulterinis, II, 6, VII, écrit que certains, dont la foi était faible, ou plus exactement ennemis de la foi véritable, ayant peur que l'on ne tire de cette page une raison d'excuser leurs femmes infidèles, l'ont retirée de leurs manuscrits. Le fait est que l'on ne trouve pas cette page citée par les Pères de langue grecque, Origène, saint Jean Chry-sostome, Théodore de Mopsueste, Cyrille d'Alexandrie, etc.

Scofield :

(Joh_7:53-8); (Joh_7:11); is not found in some of the most ancient manuscripts. Augustine declares that it was stricken from many copies of the sacred story because of a prudish fear that it might teach immorality!

Clarke :

This verse and the first eleven verses of the following chapter are wanting in several MSS. Some of those which retain the paragraph mark it with obelisks, as a proof of spuriousness. Those which do retain it have it with such a variety of reading as is no where else found in the sacred writings. Professor Griesbach leaves the whole paragraph in the text with notes of doubtfulness. Most of the modern critics consider it as resting on no solid authority.

VWS :

This verse, and the portion of Chapter 8, as far as Joh_8:12, are generally pronounced by the best critical authorities not to belong to John's Gospel.

RWP :

This verse and through Joh_8:12 (the passage concerning the woman taken in adultery) is certainly not a genuine part of John's Gospel. The oldest and best MSS. (Aleph A B C L W) do not have it. It first appears in Codex Bezae. Some MSS. put it at the close of John's Gospel and some place it in Luke. It is probably a true story for it is like Jesus, but it does not belong to John's Gospel. The Canterbury Version on which we are commenting puts the passage in brackets. Westcott and Hort place it at the end of the Gospel. With this explanation we shall proceed.

Lisons ces propos du savant Frédéric Godet qui nous explique pourquoi cette histoire ne peut pas être authentique :

Trois questions s'élèvent au sujet de ce morceau : Appartient-il réellement au texte de notre évangile ? Sinon, comment y a-t-il été introduit ? Que penser de la vérité du fait lui-même? Le témoignage le plus ancien de la présence de ce passage dans le N. T. est l'usage qu'en font les Constitutions apostoliques (I, 2, 24), pour justifier l'emploi des moyens de douceur dans la discipline ecclésiastique envers les poenitentes. Cet écrit apocryphe paraît avoir reçu sa forme définitive vers la fin du IIIe siècle. Si donc ce passage est inauthentique chez Jean, son interpolation doit remonter jusqu'au IIIe ou IIe s.

Les pères du IVe siècle, Jérôme, Ambroise, Augustin, en admettent l'authenticité et pensent qu'il a été retranché dans une partie des documents par des hommes faibles dans la foi, qui auraient craint « que leurs femmes n'en tirassent des conséquences immorales » (Augustin). Certains Mss. de l'Itala (Veronensis, Colbertinus, etc.), du IVe au XIe s., la Vulgate, la traduction syriaque de Jérusalem, du Ve s., les Mss. D F G H K U G, du VIe au IXe s., et plus de 300 Mnn. (Tischendorf), lisent ce passage et ne le marquent d'aucun signe de doute.

En échange, il manque dans la Peschitto, la Syr. du Sinaï., celle de Cureton, la Philoxénienne (texte primitif) et Tatien, dans les Vss. sahidique, copte, goth., arménienne, et dans deux des meilleurs Mss. de l'Itala, le Vercellensis, du IVe, et le Brixianus, du VIe s. Tertullien, Cyprien, Origène, Chrysostome n'en parlent pas, A B C L N T X D du IVe au IXe s., et 70 Mnn., l'omettent complètement (L et D en laissant un espace vide) ; E M S L P et 45 Mnn. le marquent de signes de doute. Enfin, dans quelques documents, il se trouve transposé : un Mn. (225) le place après 7.36 ; dix autres, à la fin de l'évangile ; quatre enfin (13, 69, 124, 346)a, dans l'évangile de Luc, à la suite du ch. 21. Euthymius l'envisage comme une addition utile ; Théophylacte le retranche tout à fait.

Au point de vue de la critique externe, trois faits prouvent l'interpolation :

1. Il est impossible d'envisager l'omission de ce morceau, dans les nombreux documents que nous venons d'examiner, comme purement accidentelle. S'il était authentique, il faudrait nécessairement qu'il eût été retranché à dessein et par le motif que supposent quelques Pères. Mais, à compte-là combien d'autres retranchements n'eût-on pas dû faire dans le Nouveau Testament ? Et se serait-on permis une semblable liberté à l'égard d'un texte décidément connu comme apostolique?

2. De plus, le texte varie extraordinairement dans les documents qui présentent ce morceau ; on compte plus de quatre-vingts variantes dans ces douze versets. Griesbach a distingué trois textes tout différents : le texte ordinaire celui de D, et un troisième qui résulte d'un certain nombre de Mss. Un vrai texte apostolique n'a jamais subi de telles altérations.

3. Comment se fait-il que le morceau tout entier se trouve si diversement placé dans les documents : après 7.36, à la fin de notre évangile, à la fin de Luc ch. 21, enfin entre les chapitres 7 et 8 de notre évangile comme dans le T. R.? Une telle hésitation est également sans exemple à l'égard d'un vrai texte apostolique.

Au point de vue de la critique interne, trois raisons confirment ce résultat :

1. Le style n'a point le cachet johannique ; il a bien plutôt les caractères de la tradition synoptique. Le oÞn, forme de transition la plus usitée chez Jean, manque complètement ; il est remplacé par dè (11 fois). Les expressions îrjrou (Jean dit prwò), pc å laìc, kajÐsac âdÐ-dasken, oÉ grammateØc kaÈ oÉ farisaØoi, sont sans analogie chez Jean et rappellent les formes synoptiques. D'où proviendrait cette

différence, si le morceau était authentique?

2. Le préambule 7.53 ne présente, comme nous le verrons, aucun sens précis. Il est d'une amphibologie suspecte.

3. Enfin il y a disharmonie complète entre l'esprit de ce récit et celui de toute la narration johannique. Celle-ci nous présente dans cette partie le témoignage que Jésus se rend à lui-même et la position de foi ou d'incrédulité que prennent à cette occasion ses auditeurs.

A ce point de vue, le récit de la femme adultère ne peut être envisagé dans notre évangile que comme un hors-d'oeuvre. Comme le dit très bien Reuss : « Des anecdotes de ce genre, aboutissant à un enseignement essentiellement moral, sont étrangères au IVe évangile. » Aussitôt qu'on retranche ce passage, la liaison entre le témoignage qui précède et celui qui suit, saute aux yeux. Elle est expressément marquée par le p?lin, de nouveau, 8.12, qui rattache la nouvelle déclaration, 8.12-20, à celle du grand jour de la fête, 7.37 et suiv. Aussi l'authenticité de ce morceau n'est-elle plus admise que par un petit nombre d'exégètes protestants (Lange, Ebrard, Wieseler), par les interprètes catholiques (Hug, Scholz, Maier) et par quelques adversaires de l'authenticité de l'évangile qui se font une arme des invraisemblances internes du récit (Bretschneider, Strauss, B. Bauer, Hilgenfeld). Dès le temps de la Réformation, il a été jugé inauthentique par Erasme, Calvin, Bèze ; plus tard, il a été également éliminé par Grotius, Wetstein, Semler Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette, Baur, Reuss, Luthardt, Ewald, Hengstenberg, Lachmann, Tischendorf, Westcott et Hort, Meyer, Weiss, Keil, Jülicher, Zahn, etc. Selon Hilgenfeld, ce morceau aurait en sa faveur des témoignages prépondérants ; il nous placerait dans le vrai milieu des jours qui suivaient le grand jour de fête ; enfin il serait exigé par la parole 8.15 a. Ces raisons n'ont pas besoin d'être réfutées.

Frédéric GODET, docteur en théologie, professeur à la faculté de l'Église indépendante de Neuchâte, Commentaire sur l'Évangile de Saint Jean, Deuxième partie : le développement de l'incrédulité en Israël. Premier cycle, troisième section : la lutte à son plus haut degré d'intensité à Jérusalem. III : Dans et après le grand jour de la fête, Le récit de la femme adultère, 1902, pages 921-923.

Conclusion

Le passage de “la femme adultère” est omis dans les manuscrits suivants :

Papyrus 66 (env. 200) et 75 (3ème siècle); Codex Sinaiticus et Vaticanus (4ème siècle), Alexandrinus et Ephraemi (5ème siècle), Codex Washingtonianus et Borgianus, Regius du 8ème siècle, Athous Lavrensis (env. 800), Petropolitanus Purpureus, Macedoniensis, Sangallensis et Koridethi du 9ème siècle et Monacensis du 10ème; Uncials 0141 et 0211; Minuscules 3, 12, 15, 21, 22, 32, 33, 36, 39, 44, 49, 63, 72, 87, 96, 97, 106, 108, 124, 131, 134, 139, 151, 157, 169, 209, 213, 228, 297, 388, 391, 401, 416, 445, 488, 496, 499, 501, 523, 537, 542, 554, 565, 578, 584, 703, 719, 723,730, 731, 736, 741, 742, 768, 770, 772, 773, 776, 777, 780, 799, 800, 817, 827, 828, 843, 896, 989, 1077, 1100, 1178, 1230, 1241, 1242, 1253, 1333, 2193 et 2768; la majorité des lectionnaires; quelques manuscrits de la vieille latine, la majorité des manuscrits Syriaques, la version Sahidique, la version Gothique, quelques manuscrits Arméniens, et la version Georgienne ; Diatessaron (2ème siècle); Clement of Alexandria (died 215), des autres Pères de l'Église comme Tertullian, Origène, Cyprien, Cyril d’Alexandrie.

Comment pourrait-elle être authentique alors que les manuscrits du 2ème au 4ème siècle qui sont les plus anciens témoins ne comportent pas ce passage ? C’est un non sens, sinon il faudrait reconnaître la corruption de TOUS ces manuscrits !

Manuscrits excluant une part de la péricope 

Minuscule 759 contient Jean 7:53-8:2 mais exclus 8:3-11.

Petite partie de la péricope inclue (8:3-11)

Les lectionnaires : 4, 67, 69, 70, 71, 75, 81, 89, 90, 98, 101, 107, 125, 126, 139, 146, 185, 211, 217, 229, 267, 280, 282, 287, 376, 381, 386, 390, 396, 398, 402, 405, 409, 417, 422, 430, 431, 435 (8:2-11), 462, 464, 465, 520 (8:2-11).

Manuscrits qui incluent la péricope

Codex Bezae (5èem siècle), Codex Basilensis, les Codex suivants du 9ème siècle Boreelianus, Seidelianus I, Seidelianus II, Cyprius, Campianus, Nanianus, ainsi que Tischendorfianus IV du 10ème siècle, Codex Petropolitanus; Minuscule 28, 318, 700, 892, 1009, 1010, 1071, 1079, 1195, 1216, 1344, 1365, 1546, 1646, 2148, 2174; le texte Majoritaire dit texte Byzantin; 79, 100 (Jean 8:1-11), 118, 130 (8:1-11), 221, 274, 281, 411, 421, 429 (8:1-11), 442 (8:1-11), 445 (8:1-11), 459; la majorité des manuscrits de la veille Latine, la Vulgate par le Codex Fuldensis du 6ème siècle, quelques manuscrits Syriaque, la version Bohairique, quelques manuscrits Arménien, et la version Ethiopienne ; la Didascalie (3ème siècle), Didyme l’aveugle (4ème siècle), l’Ambrosiaster (4ème siècle), Ambroise (au 4ème siècle), Jean Chrysostome (4-5ème siècle), Jérome (4-5ème siècle), Saint-Augustain (4-5ème siècle).

Péricope inclue, mais avec une astérisque (*) ou (÷)

Codex Vaticanus 354 (à ne pas confondre avec le Codex Vaticanus) et les Minuscules 4, 8, 14, 18, 24, 35, 83, 95, 109, 125, 141, 148, 156, 161, 164, 165, 166, 167, 178, 179, 200, 202, 285, 338, 348, 363, 367, 376, 386,407, 443, 478, 479, 510, 532, 547, 553, 645, 655, 656, 661, 662, 685, 757, 758, 763, 769, 781, 797, 801, 824, 825, 829, 844, 845, 867, 873, 897, 922, 1073, 1077, 1092 (par une main ultérieure), 1099, 1187, 1189, 1443 et 1445 ; Codex Basilensis (E) inclus de 8:2 à 11; Codex Tischendorfianus III (Λ) et Petropolitanus (П) ainsi que les Lectionnaires suivants 86, 211, 1579 et 1761 inclus 8,3-11.

Petite péricope inclue de (8:3-11) mais indiquée avec une astérisque (*) ou (÷) 

Le Minuscule 707

Péricope inclue à d’autres endroits que Jean 7,53-8,11

Famille 1, Minuscules 20, 37, 135, 207, 301, 347, et les manuscrits Arméniens place la péricope après Jean 21:25 ; Famille 13 la place après Luc 24:53; un correcteur du Minuscule 1333 ajouta Jean 8:3–11 après Luc 24:53 ; et le Minuscule 225 l’inclue après Jean 7:36. Les Minuscules 129, 135, 259, 470, 564, 831, 1076, 1078, et 1356 placent Jean 8:3-11 après Jean 21:25. Le Minuscule 788 et le Minuscule 826 place cette péricope après Luc 21:38.

Péricope ajoutée par une main ultérieure

Codex Ebnerianus, les Minuscules 284, 431, 461, 470, 578, 2174.

Nous voyons que la chose n’est pas simple déjà dans les Manuscrits. Les plus anciens ne l’ont pas de tout manière...

Voyons aussi ce que dit Bruce Metzger dans son « Commentaire du Greek New Testament », dont il est l’un des membres actifs du collectif qui le mit par écrit et en fit sa critique textuel :

« L’évidence pour l’origine non Johannique de la péricope de la femme adultère est dominant. Il est absent des manuscrits (la liste est déjà cité au-dessus)…En orient, il est absent des plus anciennes formes de la version Syriaque, bohaïrique, Sahidique, sub-Achmimique. Quelques manuscrits Arménien et la vieille version géorgienne l’omettent aussi. En occident, le passage est absent de la version Gothique et de plusieurs anciens manuscrits Latin…Le Comité est UNANIME pour dire que la péricope de la femme adultère ne fait pas parti originellement des 4 évangiles… »

« Commentaire de Bruce Metzger du Greek New Testament » 2ème édition, p.188-189

Pour les Catholiques, voyons ce que dit le Père M.E. Boismard avec la participation de A. Lamouille et P. Sandevoir, ainsi que la préface faite par P. Benoit. Dans l’introduction « avertissement aux lecteurs » de leur Synopse des 4 évangiles, Tome 2, il est écrit :

« Le lecteur non averti sera peut être surpris de constater combien les textes évangéliques ont évolué durant leur transmission. Cette évolution est intéressante par elle-même, puisqu’elle nous donne de précieuses indications sur la mentalité des églises primitives, sur les problèmes auxquels les premières générations chrétiennes se sont trouvées confrontées, sur la façon dont elles ont approfondie le mystère de la personne de Jésus. (…) »

Et plus loin, on lit dans leur étude qu’ils ont négligé la finale de Marc, ainsi que l’épisode de la femme adultère, car ils sont inauthentiques:

« Nous avons omis de compter : pour Marc, les mots contenus dans la finale (16, 9-20) qui, bien que canonique, n’est par marcienne ; pour Jean, les mots contenus dans l’épisode de la femme adultère (7,53 – 8,11). »       

Concluons par les propos de Bart Ehrman :

« L’auteur du quatrième Evangile a-t-il écrit la fameuse histoire de la femme adultère, ou s’agit-il de l’ajout d’un scribe bien intentionné ? L’histoire se trouve dans nombre de nos manuscrits plus récents entre les chapitres 7 et 8, mais pas dans les plus anciens ; de plus, le style d’écriture est significativement différent du reste de l’Evangile. Presque tous les spécialistes s’accordent à juger que l’histoire fut rajoutée au manuscrit de l’Evangile de Jean après qu’il eut commencé à circuler

Bart Ehrman, Les christianismes disparus – la bataille pour les Ecritures : apocryphes, faux et censures, éditions Bayard, 2007, p.339-340

   

Ce passage est inauthentique, débat clos !

Tentative de réponse chrétienne

Répondons maintenant aux justifications de certains chrétiens qui tentent de montrer par des preuves que ce passage est très anciens tout de même.

Par exemple, ce site chrétien arabe (http://holy-bible-1.com/articles/display/10097), dont l’auteur est très connu dans les pays orientaux, apporte ses arguments. Voyons la teneur en véracité de ceux-ci :

1/ Le Codex de Khabouris (ou Khaboris)

L’auteur tente de montrer que c’est un témoignage datant l’an 160 qui prouverait l’attestation de l’histoire de la femme adultère à une date très ancienne.

Voici l’image qu’il utilise :

Problème : ce Codex est du 12ème siècle selon le Carbone 14 et la paléographie. Il représente le texte de la Peshitta, la Bible Syriaque avec ses 22 livres seulement pour le Nouveau Testament et non 27 comme le NT actuel. Argument noyé ! Voir ce lien pour l’explication de ce qu’est ce manuscrit : http://en.wikipedia.org/wiki/Khaboris_Codex

2/ Les points dans les Manuscrits anciens à la place du passage de la femme adultère

C’est un argument fallacieux qui nécessite une analyse que certains ne pourraient pas faire et donc ne pourrait pas voir la tromperie qui se trame là-dessous.

En effet, il y a des petits points dans les manuscrits comme le P66 ou encore le codex Sinaïticus comme nous le montrent les photos suivantes que l'auteur chrétien a lui-même posté. Nous allons juste reprendre ses photos et les analyser :

Mais, nous pouvons répondre à cet argument en carton par les mêmes photos. Ces points sont présents partout dans les manuscrits et représentent soit la fin d’une phrase soit la fin d’un verset ou le passage d’un chapitre à un autre. Là, pour notre cas, c’était la fin de la phrase du chapitre 7,52, mais aussi la fin du chapitre pour passer ensuite au chapitre 8 ; Ce point est donc nécessaire. Nous avons vérifier à l'intérieur du codex Sinaïticus même :

Voir ici le Codex en live  :

http://codexsinaiticus.org/en/manuscript.aspx?book=36&chapter=8&lid=en&side=r&zoomSlider=0

Le résultat est consternant, il y a des points partout dans le texte. Même chose dans les photos que ce site nous propose, regardons les autres points dans le Manuscrits que l’auteur de ce site à sagement omit pour accréditer sa thèse mensongère :

Question : Marque-t-il un manque de verset à chaque point ? Argument refuté !

3/ Le Témoignage de Papias

Il est vrai que son témoignage serait très anciens puisque Papias à vécu de l’an 70 à 155. Problème, C’est Eusèbe qui rapporte ce fait au 4ème siècle dans son Histoire Ecclésiastique en disant que Papias aurait écrit dans un son livre le passage d’une femme accusé de pleins de péchés.

Autre problème, il s’agit d’une autre version que le passage de la femme “adultère” connue et qui est aussi citée par l'évangile aux Hébreux, un texte reconnu comme apocryphe. Mais ce texte ne parle pas d’un cas d’adultère dans le témoignage rapporté, il ne s’agit que d’une femme accusé de beaucoup de péchés, rien d’autre. C’est donc Eusèbe qui rapporte cette information au 4ème siècle, information qui ne parle pas d’une femme adultère. Argument rejeté !

4/ Tertullien ferait référence à ce passage

Tertullien aussi serait très ancien comme témoin puisqu’il vécu de 160 à 220. Problème sa soit disante attestation parle d’un livre considéré comme apocryphe “le Pasteur d’Hermas” que lui considérait comme authentique et comme faisant parti des écritures sacrées. Mais là n’est pas le souci, la vraie falsification se trouve dans le contenu de ce que dit ce livre. Le Pasteur d’Hermas parle seulement du pardon des personnes adultères au pluriel. Rien à voir avec ce quelconque passage de la femme adultère. Il parle  de la vision et du jugement des personnes adultères et rien d’autre. Argument rejeté !

5/ Le témoignage de Clément de Rome et de “la Constitution des Apôtres”

Il ne s’agit pas d’un écrit de Clément de Rome, mais d’un Pseudo-Clément écrit au 3ème siècle. Pis encore, le livre numéro 2 (où se trouve la pseudo attestation, au chapitre 24) de cet écrit est une interpolation ajoutée à la fin du 3ème siècle selon les spécialistes de la critique comme Von Drey, Krabbe, Bunsen ou encore Funk (“The Early church Fathers”, Philip Schaff, tome 7, p. 388-390, 408). De plus, ici aussi, il ne s’agit pas d’adultère, mais d’une femme accusé de plusieurs péchés. Argument rejeté !

Pour conclure, rien donc n’est en faveur de ce passage qui semble être un ajout de texte qui fut au fil des siècles étoffé à partir d’une base qui devait exister avant d’être finalisée comme nous la connaissons actuellement dans le texte de l’évangile selon Jean.

6/ Le témoignage du Papyrus Egerton 2

C’est l’argument le plus probant pour les défenseurs de ce passage, mais qui reste tout aussi bancal que les autres au final. Ce papyrus fut écrit au 2-3ème siècle (au même moment que le Papyrus Bodmer, le P66), même si certains ont tenté de le faire remonter dans les années 50. Cette thèse fut réfutée par la suite grâce à la paléographie et à la critique textuelle interne (ponctuation etc.).

L’auteur de ce Papyrus utilisa une “Apostrophe” dans l’un des versets (ligne 45), or nous savons que les apostrophes ne seront vraiment utilisés qu’au 3ème siècle. C’est ce qui poussa à repousser la date de ce Manuscrit à l’an 200 environ (3ème siècle) :

Il faut noter aussi que le manuscrit à subi des corrections et que selon les spécialistes, 2 scribes auraient retouché le texte (ligne 23 et 46).

Nous en avons 4 fragments à l’heure actuelle dont voici le contenu :

- Le fragment 1 contient 14 versets. Il est en écho à l'évangile selon Jean avec l'histoire de la guérison d'un lépreux.

- Le fragment 2 est plus court. Sur une face, il se rapproche à la fois de l'évangile selon Marc et de celui de Jean. Mais l'autre face semble indépendant de toutes les autres traditions.

- Le fragment 3 ne comporte que quelques mots.

- Le fragment 4 ne comporte qu'une lettre partiellement illisible.

Le texte rapporte un morceau qui serait apparenté au dernier verset de la péricope de la femme adultère de Jean, et les défenseurs de ce passage disent que dans toute la Bible, c’est le seul endroit où ces mots sont identifiables.

Le souci majeur est que dans l’Egerton il est question d’un lépreux et non d’une femme. Certains dissimulateurs ont vu l’expression “et ne pèche plus”, alors ils ont dit que c’était de l’évangile selon Jean (8,11 précisément).

Or, le contexte des versets qui précèdent ces mots est clair, il s’agit d’un lépreux. Le passage dans ce Papyrus est un mélange entre Luc 5,14 et Jean 5,14 en terme scripturaire. Il y a le fait que Jésus renvoi le lépreux guérit devant le sacrificateur et le fait qu’il lui dise “ne pèche plus”. Certains ont affirmé que c’est seulement en Jean 8,11 que nous trouvons les mots “ne pèche plus”, or ceci est totalement faux puisqu’en Jean 5,14, les mêmes mots sont utilisés.

Et pour ceux qui voudraient aller encore plus loin et dire qu’il n’est pas dit “ET ne pèche plus”, alors la simple réponse à leur donner est de leur dire qu’avant cette conjonction de coordination “ET” il y a des autres mots utilisés et que le “ET” est l’accord entre le fait d’aller voir le sacrificateur et de ne plus pécher. C’est pourtant clair ! De toute façon, il s’agit de la guérison d’un lépreux et non du jugement d’une quelconque femme adultère.

Dernier point : le texte de Nestle-Aland édition 27 qui représente les témoins Manuscrits, ne met pas pour Jean 8,11 le Papyrus Egerton 2.

Le mot de la fin :

L’histoire de la femme adultère remonte au 4-5ème siècle après J-C. Cette histoire semble montée de toute pièce afin d’appuyer un point théologique.

Dieu Sait Mieux ! Wa Allahou a’lam

Dieu Sait Mieux ! Wa Allahou a’lam