L'excision de la femme (Suite)

L'excision est-elle obligatoire en Islam ? Est-elle Islamique ?

 par Le Collectif Sahab-ed-Dine

Création :04/2010  


 

Pour certains menteurs islamophobes ou ignorants, l’excision serait une pratique obligatoire en Islam. En effet, ces auteurs apportent beaucoup de sources Islamiques et proposent une conclusion bien hâtive comme nous allons le voir, car il faudrait déjà savoir s'ils se sont basés sur des sources fiables ou non. Que dire de cette pratique premièrement ? Est-elle véritablement Islamique ou bien découlerait-elle de traditions ancestrales qui furent gardées et intégrées en Islam ? La réponse se trouve au fil de cet exposé détaillé comme à notre habitude pour que les personnes qui lisent celui-ci comprennent vraiment la problématique qui se pose ici et principalement la véracité de telles affirmations qui, pour nous, sont totalement dénuées de sens critique et d’analyse scientifique du sujet. Notre ennemi juré, le diable, a pour but de nous égaré par tous les chemins possibles, et sur ce point, au vu de l’humanité, on peut effectivement dire qu’il n’y va pas de main morte. On a posé une question à Hassan al-Basri (raa) de savoir si le diable dormait (se reposait). Il répondit « si le diable dormait nous ne ferions pas de péché ». ce qui signifie qu’il ne dort jamais, il n’arrêtera sa mission qu’à la fin des temps puisqu’il l’a juré devant Dieu :

 

« Par Ta puissance, dit Satan, je les égarerai tous, à l’exception de ceux d’entre eux qui sont Tes serviteurs élus.» – «En vérité, dit le Seigneur, – et la Vérité est ce que Je dis – Je remplirai la Géhenne de toi et de tous ceux, parmi les hommes, qui t’auront suivi. » (Sourate 38,82-85)

Il n’a donc de cesse de nous importuner à longueur de temps pour son plus bon plaisir. Mais dans le Coran, il indique clairement comment l’une de ses attaques envers les humains se déroulera. A la vue de ce verset, nous ne comprenons pas pourquoi les êtres humains et particulièrement les musulmans qui sont concernés dans ce verset issu du Coran, pratiquent ce genre d’égarement :

« Allah l'a (le Diable) maudit et celui-ci a dit : "Certainement, je saisirai parmi Tes serviteurs, une partie déterminée. Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux; je leur commanderai, et ils altéreront la création d'Allah. Et quiconque prend le Diable pour allié au lieu d'Allah, sera, certes, voué à une perte évidente. Il leur fait des promesses et leur donne de faux espoirs. Et le Diable ne leur fait que des promesses trompeuses. Voilà ceux dont le refuge est l'Enfer. Et ils ne trouveront aucun moyen d'y échapper! » (Sourate 4,118-121)

Il a promis dans le Coran devant Dieu qu’il nous égarerait et que l’un de ses stratagèmes serait que nous altérions la création de Dieu. Petite question pertinente : L’excision pratiquée par certains pays est-elle une déformation de la création de Dieu ? Certes oui, et pas qu’une petite. Elle toucherait plus de 100 millions de femmes à travers le monde, ce qui est énorme.

Il convient de définit les 2 sortes d’excision possible avant d’entrer dans le sujet :

 

·      L’excision par décapuchonnage du clitoris : c’est un peu comme la circoncision qui n’enlève qu’un petit morceau de peau, sans toucher au clitoris, mais ce qui se trouve au-dessus. La circoncision fut ordonnée par Dieu donc à partir du moment où Lui le demande, ce n’est pas une altération de la Création. C’est le même cas lorsqu’il s’agit de se couper les ongles, les moustaches ou la barbe pour l’arranger, des poils pubiens qui doivent être retirer en Islam (homme ou femme) comme l’a commandé le Messager de Dieu (sws) :

 

Anas (raa) rapporte que : « Le Prophète (sws) nous a déterminé pour la coupe des moustaches, les soins de la manucure, l’épilation des aisselles et le rasage du pubis, de ne pas les délaisser plus de quarante jours. » (Rapporté par Muslim)

 

Cette pratique ne poserait pas de problème pour les téméraires qui voudraient absolument pratiquer l’excision pour se conformer aux coutumes et aux sources Islamiques douteuses comme nous allons le prouver inch’Allah. Elle serait identique à la circoncision dans ce cas, sans toucher à l’organe sexuel.

 

·      L’excision par charcuterie : celle qui revient à faire l’ablation du clitoris, des petites lèvres et la suture des grandes lèvres. Celle-ci est pratiquée en Afrique et provoque des maladies à cause de l’hygiène, des morts, des souffrances atroces, des accouchements difficiles, des rapports sexuels très douloureux et sans saveurs, un petit espace laissé pour l’écoulement de l’urine, des règles et des sécrétions vaginales habituelles (encore heureux) etc. Nous pourrions même dire qu’il existe plusieurs types d’excision mais classés différemment (Source : http://www.maison-islam.com/articles/?p=122)

a)      le fait d'enlever le demi-prépuce (c'est à dire le capuchon qui recouvre la partie antérieure du gland clitoridien) ;

b)      la clitoridectomie, qui consiste à enlever le clitoris lui-même ;

c)      la circoncision pharaonique, où sont enlevés : le demi-prépuce, le clitoris, les petites lèvres et les grandes lèvres ;

d)      l'infibulation, qui consiste à placer un anneau (fibule) entre les grandes lèvres ou à coudre ces grandes lèvres.

En bref, ceci est une véritable mutilation de la création d’Allah (swt). Il n’y a aucune preuve Islamique de ce genre de pratique (hormis le point a) comme nous allons le voir et nous ne comprenons pas pourquoi les gens rattachent l’Islam à ce genre de pratique. Il devraient plutôt parler de tradition coutumières du pays au lieu de calomnier l’Islam comme à leur habitude. L’excision existait bien avant l’Islam et bien avant le Christianisme et le Judaïsme. Si ce n’est pas le diable qui instaura cette pratique peut-on dire que c’est Dieu ? Il n’y a pas d’autre choix possible puisque les humains suivent soit Dieu soit le diable (et parfois les 2 en même temps).

 

Mais pourquoi la pratique de l’excision est-elle appliquée ? Nous nous contenterons de l’analyse suivante qui est complète :

 

« Les pratiques d'excision sont considérées comme traditionnelles dans la mesure où elles se sont installées dans un contexte animiste ou pharaonique (c’est-à-dire bien avant l'arrivée des grandes religions monothéistes dans ces contrées). D'autre part, l'excision fait souvent office de rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société.

L’excision est actuellement défendue au nom de :

- la préservation de la virginité (considérée comme un idéal féminin au mariage),

- l’amélioration du plaisir sexuel masculin (par le rétrécissement du vagin ou de l’orifice vaginal)

- la protection contre le désir féminin (considéré comme malsain par les partisans de l’excision ou non contrôlable en cas d'absence d'excision),

- raisons hygiéniques,

- raisons esthétiques,

- patrimoine culturel ou traditionnel (initiation à l’état de femme, peur que le clitoris n'empoisonne l'homme ou l'enfant à la naissance...).

Dans de nombreux cas, on observe que les mères participent activement aux mutilations de leur(s) fille(s) dans le but d’améliorer leurs chances de faire un « bon » mariage.

Le clitoris est souvent considéré comme une imperfection de la création divine, un résidu masculin devant être ôté pour que la femme soit finie. De la même manière la circoncision ou ablation du prépuce est censée enlever à l'homme la partie féminine restante. La psychanalyste Marie Bonaparte a écrit : « Les hommes se sentent menacés par ce qui aurait une apparence phallique chez la femme, c'est pourquoi ils insistent pour que le clitoris soit enlevé ».

(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Excision)

Nous voyons que toutes ces raisons ne proviennent que du diable !

Il convient tout de même de dire que cela ne concerne pas seulement certains musulmans mais aussi des chrétiens et des juifs. En effet, les Falashas (communauté juive d’Ethiopie) ainsi que des communautés chrétiennes au Togo et au Ghana ainsi qu’en Egypte, où là-bas, il s’agit de la population chrétienne comme musulmane dans sa presque entièreté, pratiquent l’excision féminine. Les gens ignorants de ce point devraient donc se taire avant de dire qu’il ne s’agit que des musulmans et de l’Islam car puisque des chrétiens et des juifs pratiquent la même chose, nous pourrions dire qu’il s’agit d’un enseignement chrétien ou juif par la même occasion. Or, ce n’est ni le cas pour les uns, ni le cas pour les autres.

 

Proportion par pays qui pratiquent l’excision :

 

« En Afrique, on recense 28 pays où les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées. La proportion de femmes excisées varie selon les pays. Trois groupes peuvent être distingués (chiffres au début des années 2000):

les pays où la grande majorité des femmes sont excisées soit plus de 85 % : Djibouti, Égypte, Éthiopie, Érythrée, Guinée, Mali, Sierra Leone, Somalie, Soudan.

les pays où seules certaines fractions de la population étant touchées et où 25 à 85 % des femmes sont excisées, proportion variant selon l’ethnie, la catégorie sociale et la génération : Burkina Faso, Centrafrique, Côte d'Ivoire, Gambie, Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Mauritanie, Sénégal, Tchad.

les pays où seules quelques minorités ethniques sont concernées et où la proportion d’excisées est inférieure à 25 % : Bénin, Cameroun, Ghana, Niger, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, Tanzanie, Togo.

Selon l’UNICEF, 13 pays africains disposent de lois réprimant les mutilations sexuelles féminines et autres types de violences faites aux femmes. »

(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Excision, basé sur le rapport suivant : Armelle Andro et Marie Lesclingand, « Les mutilations sexuelles féminines : le point sur la situation en Afrique et en France [archive] », Octobre 2007, Population et Sociétés, numéro 438, Bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques.)

Il est temps de rectifier le tir pour que les femmes cessent d’en pâtir à travers le monde. Nous pouvons désormais nous en prendre aux sources musulmanes qui servent d’appui aux personnes mal intentionnées qui souhaitent trouver une justification juridique à leurs passions.

 

Présentons l’éventail des sources Islamiques disponibles sur le sujet. Signalons que le Coran ne fait aucune mention de l’excision et que le Prophète (sws) ne fit jamais exciser ses filles (Il est le modèle que nous devons suivre, nous musulmans cf. Sourate 33,21). C’est un point important ! Mais elle se trouve dans quelques traditions Prophétiques que voici :

 

1/ Le Hadith d’Umm `Atiyyah selon lequel le Prophète (sws) aurait dit à l’exciseuse : « Effleure et n’abuse pas, car cela rend le visage plus rayonnant et est plus agréable pour le mari. » (Rapporté par Abou Dawud)

 

Autre version :

 

« Le Prophète (sws) a dit (à une exciseuse): « Excise sans exagérer (sans l'enlever tout le clitoris) car cela embelli le visage et est préféré par le mari ». (Rapporté par al-Bayhaiqi)

2/ Le Hadith de ‘Aicha (raa) qui rapporte que le Prophète (sws) aurait dit « Si les deux khitân (parties circoncises) entrent en contact, le bain rituel s’impose même sans éjaculation. » (Rapporté par Ahmad)

 

Autre version :

« S’il (l’homme) s’assoit entre ses quatre membres (de sa femme), puis que le khitan (partie circoncise de l’homme) touche le khitan (partie excisée de la femme), alors le bain rituel s’impose. » (Rapporté par Muslim)

 

3/ Abou Hurayra (raa) rapporte que le Prophète (sws) a dit « Cinq choses sont conformes à la Fitra (la nature humaine): la circoncision, le rasage des parties génitales, l’épilation des aisselles, la coupe des moustaches, et la coupe des ongles » (Rapporté par Bukhari & Muslim)

 

4/ Ibn ‘Abbas (raa) dit (récit « Mawquf » selon les savants du Hadith) que le Prophète (sws) a dit : « La circoncision est une tradition louable (sunnah) pour les hommes et un honneur (makrumah) pour les femmes. » (Rapporté par Ahmad et at-Tabarani)

 

Une source historique :

 

« Tabari, Histoire des prophètes et des rois : Histoire d'Ismaël » :

« Or Abraham acquit de grandes richesses et il désira avoir de Sara un enfant: mais il n'en eut aucun. Sara dit alors à Abraham: Tu n'auras point d'enfant de moi: si tu veux, je te donnerai Agar peut-être auras-tu d'elle un enfant. Abraham répondit: J'y consens. Sara lui donna ensuite Agar et, peu de temps après, il eut d'elle un fils qu'il nomma Ismaël. Lorsque Agar accoucha d'Ismaël, Abraham fut rempli de joie, mais Sara éprouva de la colère et une violente jalousie. N'étant plus maîtresse d'elle-même, elle eut des querelles et des disputes avec Abraham et elle lui dit des injures. Ensuite elle dit avec serment: Je couperai une partie quelconque du corps d'Agar, ou une main, ou un pied, ou une oreille, ou le nez. Mais, après avoir réfléchi, elle dit: C'est moi qui ai commis cette faute, car j'ai donné Agar à Abraham. Il ne serait pas juste de couper à cette jeune fille une partie de son corps, ni de la tuer, mais j'ai juré, et il faut absolument que je lui coupe quelque chose. Après y avoir pensé, elle dit: Je la circoncirai pour l'empêcher de rechercher les hommes. Lorsque Sara eut circoncis Agar, Dieu imposa la circoncision à la famille d'Abraham, et à toutes les personnes qui suivraient la religion d'Abraham, de sorte que Sara elle-même fut obligée de se circoncire, et Abraham également. Or on dit que, lorsque Sara subit cette opération, elle avait soixante-dix ans, et Abraham était plus âgé qu'elle de dix ans.

On rapporte les paroles suivantes du Prophète. Il y avait de son temps une femme nommée Oum 'Attiya: elle passa près du Prophète qui lui dit: Ô Oum 'Attiya, où vas-tu ? Elle répondit: Ô apôtre de Dieu, je vais circoncire. Le Prophète dit alors à Oum 'Attiya des paroles dont le sens était: Lorsque tu circoncis une femme, nu lui coupe pas trop de chair, afin qu'elle conserve la beauté de son visage, car, lorsqu'on coupe trop de chair à une femme, la beauté de son visage disparaît, elle n'est plus agréable aux yeux des hommes. »

 

« Récit de l'expulsion d'Ismaël et d'Agar » :

« Or, bien que Sara voulût supporter avec patience Ismaël et Agar, elle ne put pas gagner cela sur elle-même: et, à chaque instant, elle avait des querelles à leur sujet. Les choses allèrent à un tel point, que le cœur d'Abraham poussa des gémissements vers Dieu et se plaignit de Sara. Dieu répondit à Abraham: la femme sort de la côte gauche de l'homme, il faut user d'indulgence avec elle: il n'y a pas d'autre moyen. Après cela, Sara dit à Abraham: Je n'ai pas la force de vivre ainsi plus longtemps. J'ai circoncis Agar, et Dieu m'a punie en imposant à moi, et à tous les hommes, la circoncision come un devoir. »

 

Et pour finir, le cas des Fatawas des savants de l’Arabie Sa’oudite et des grandes Ecoles Juridiques en Islam.

 

Analysons chacun des textes :

Avant tout, mettons par écrit le témoignage du grand savant, « le Cheikh al-Azhar », Mahmoud Chaltout (rahimulah), qui écrivit une lettre importante au ministre égyptien de la Santé publique le 28 mai 1951, sur l’excision dans la législation Islamique. Dans cette lettre, il rapporte les ahadiths qui viennent d’être cité et en fait la réfutation ainsi qu’un Hadith qui dit que le converti à l’Islam doit se faire circoncire (donc homme et femme selon certains). Cette question était déjà tranchée depuis longtemps comme en témoigne ce lettre de plus d’un demi-siècle. (Source : « Le statut de la femme, entre tradition et modernité », Dr. Zaïnab Ridwan, éditions al-Bouraq 2006, p.144-146)

 

Le grand Cheikh Sayyid Sebiq (rahimulah) a écrit dans son livre « Fiqh as-Sunna », Vol.1 p.33 :

 

« Les ahadiths enjoignant d’exciser les filles sont faibles et ne contiennent rien de solide. »

 

Encyclopédie de la femme en Islam », ‘Abd al-Halim Abou Chouqqa, éditions al-Qalam 2002, Vol.6 p.133)

 

Hadith n° 1 :

La chaîne de transmission de ce Hadith contient un menteur du nom de Muhammad Ibn Sa'id qui a inventé plus de 4000 ahadiths sur le compte du Prophète de l'Islam (sws). Ce Hadith est donc à mettre aux oubliettes et n'est pas une preuve convaincante bien loin delà. Abou Dawud qui lui même rapporte ce récit, l'a rendu faible ainsi que al-Bayhaqi et Ibn Oday. Mais ajoutons le commentaire de Cheikh al-Qaradawi sur ce hadith qui exprime et résume parfaitement la critique vis à vis de ce Hadith:

 

« Abû Dâwûd jugea que Muhammad Ibn Hassân, l’un des narrateurs, est un inconnu, et que ce hadith est faible. Le Hâfidh `Abd Al-Ghanî Ibn Sa`îd estime que ce narrateur correspond à Muhammad Ibn Sa`îd Al-Maslûb (le crucifié), dont le nom complet est Muhammad Ibn Sa`îd Ibn Hassân, que le Calife Al-Mansûr fit crucifier pour hérésie. Il avait en effet forgé, dit-on, quatre mille hadiths afin d’égarer les musulmans. C’est donc un narrateur délaissé. Ce hadith est rapporté selon des chaînes de narrations faibles exclusivement, bien que Sheikh al-Albânî l’ait déclaré authentique compte tenu de la multiplicité de ces chaînes (le hadith est jugé authentique par al-Albânî dans Sahîh Al-Jâmi` (498)). J’ai néanmoins quelques réserves quant à cette authentification : dans la mesure où cette question intéresse tous les foyers musulmans, ce qui devrait motiver une transmission abondante, comment expliquer que ce hadith ne nous soit parvenu que par cette voie faible ? (Hadith rapporté par Abû Dâwûd dans le chapitre de la bienséance (5271), par Al-Bayhaqî dans les Shu`ab dans le chapitre des droits des enfants et de la famille (volume 6, page 396) ainsi que dans As-Sunan Al-Kubrâ dans le chapitre des boissons et des peines légales s’y appliquant (volume 8, page 324), d’après Umm `Atiyyah.) Si l’on admet l’authenticité du hadith, que signifie cette injonction prophétique : une obligation ? Une recommandation ? Ou bien un conseil ? À mon sens, l’impératif a valeur de conseil dans ce genre de question, il ne signifie ni obligation ni recommandation, car il vise à organiser un sujet mondain, et à réaliser un intérêt humain précisé par le hadith comme étant la splendeur du visage de la femme et le plaisir auprès de l’époux. Il conseille donc — si l’on pratique l’excision — de ne pas abuser et de ne pas couper excessivement, pour réaliser le bénéfice escompté à savoir la jouissance de la femme pendant le coït et aussi le plaisir de son époux. D’autre part, cette injonction signifie implicitement l’approbation de cette pratique réalisée par l’exciseuse — que l’on appelle khifâd — et qu’elle est permise, ce que nous ne contestons pas. » (Traduit de l’arabe du site Qaradawi.net.)

 

De toute manière, dans ce hadith voici ce qui y est dit réellement :

 

« Le verbe « ashimmî » (restitué en français par « Effleure ») désigne littéralement le fait de sentir l’odeur de quelque chose donc de se contenter du strict minimum. L’expression « lâ tanhakî » (restitué en français par « n’abuse pas ») dérive de « an-nahk » c’est-à-dire l’abus ou l’exagération en toute chose. Le Prophète (sws) lui interdit d’exagérer dans l’ablation. L’auteur d’An-Nihâyah commente ainsi l’expression « lâ tanhakî » (« n’abuse pas ») : « [...] c’est-à-dire ne coupe pas une grande partie du clitoris ; la légèreté du geste y est comparée à la légèreté d’une odeur que l’on sent, tandis que l’abus consiste à exagérer ce geste. »  (An-Nihâyah fî Gharîb Al-Hadîth, volume 2, p. 1223, éditions Al-Maktabah Al-`Ilmiyyah, Beyrouth.). » (Traduit de l’arabe du site Qaradawi.net.)

 

« Le savant al-'Azîm-âbâdî écrit en commentaire des mots "apprécié par le mari", employés par le Prophète (sws) : "Ceci parce que lorsque le mari fait à sa femme des attouchements sur ses lèvres et son clitoris (…), la femme en ressent du plaisir au point d'atteindre parfois l'orgasme sans qu'il y ait pénétration. En effet, cette partie du corps est très innervée et donc très délicate. C'est pour cette raison que le Prophète a ordonné de ne pas l'enlever, afin que la femme ressente du plaisir. Son mari appréciera alors d'avoir des jeux amoureux faits avec elle (…). Et tout ceci sera la cause de plus d'amour et d'entente entre l'époux et l'épouse. Tout ce que j'ai écrit là est mentionné dans les ouvrages de médecine" (‘Awn ul-ma'bûd sharh sunan Abou Dawud). »

 

(Source : http://www.maison-islam.com/articles/?p=122)

 

Concernant la seconde version de ce Hadith que nous avons donné plus haut, il convient de dire qu’il est tout aussi faible que le premier. Ce Hadith fut rendu faible par les savants du Hadith et Cheikh al-Albani (rahimulah) déclare que dans sa chaîne de transmission, il s'y trouve ISMA'IL IBN OUMAYYA qui fut traité de « menteur » par al-Daraqoutni. Encore une fois, un récit à rejeter.

 

Certains pourraient objecté que le Hadith est rapporté par différente voies faibles et qu’il s’élève donc au degré de « Hasan » (bon) ce qui est le cas d’al-Albani (rahimulah), mais l’Imam al-Bukhari dans son « Tarikh al-Kabir » dit le contraire, à savoir qu’un Hadith reste faible même s’il est rapporté par différentes voies faibles. Sur ce point, les savants du Hadith sont partagés mais nous préférons prendre l’avis de l’homme qui a composé l’ouvrage numéro deux des sources Islamiques et qui vient juste après le Coran.

 

Hadith n° 2 :

Dans ce texte il n’y a ni décision, ni commandement ou obligation de se faire exciser ! Il n'est question que des 2 parties génitales si celle de la femme est excisée (décapuchonner le clitoris et non les pratiques barbares de certains pays par infibulation etc.) et celle de l'homme circoncise. Encore une extrapolation. De plus, la version d’Ahmad est faible comme en témoigne cette analyse :

 

« Hadith rapporté par Ahmad dans le Musnad n°26025 ; les traditionnistes ayant rapporté ce hadith affirment qu’il est authentique par consolidation, mais la chaîne de transmission du hadith lui-même est faible car y figure `Abd Al-`Azîz Ibn An-Nu`mân qui a été mentionné dans At-Ta`jîl parmi les narrateurs suspects ; on ne connaît d’ailleurs parmi les narrateurs ayant rapporté de ce personnage que `Abd Allâh Ibn Rabâh, l’Ansarite. En outre, nul traditionniste, à part Ibn Hibbân, ne l’a jugé comme un narrateur fiable. Enfin, nul ne lui reconnaît avoir entendu `Â’ishah en personne, d’après l’appréciation d’Al-Bukhârî dans At-Târîkh Al-Kabîr (volume 6, page 9). Les autres maillons de la chaîne de transmission du hadith sont quant à eux des hommes de confiance, figurant dans le Sahîh d’Al-Bukhârî. Ce hadîth a également été rapporté par Ibn Mâjah dans le chapitre de la purification (611), par Ash-Shâfi`î dans Al-Musnad (768), par Ibn Hibbân dans le chapitre de la purification (volume 3, page 456) — Al-Arna`ût désignant sa chaîne de transmission comme authentique —, et par At-Tabarânî dans Al-Awsat (volume 7, page 147), d’après `Â’ishah ; Al-Albânî l’a également jugé authentique dans Sahîh Al-Jâmi` (385). L’intégralité de ce hadîth se trouve chez Muslim dans le chapitre des menstrues (349) : « S’il s’assoit entre ses quatre membres, puis que le khitân touche le khitân, alors le bain rituel s’impose. » (Traduit de l’arabe du site Qaradawi.net.)

 

 

Hadith n° 3 :

Ici aussi, l'auteur fait preuve d'imagination. Depuis quand la circoncision est l'excision ? Il est question de l'homme dans ce Hadith sauf pour le coupage des ongles et le rasage des parties génitales qui sont mixtes. L'ordre de se couper les moustaches ne concerne pas les femmes (sic !). Ils ont une fois de plus menti et basent leur interprétations personnelles en prenant le Hadith n° 2 qui dit « quand les 2 parties circoncises », mais il s'agit pas de cela ici.

 

Hadith n° 4 :

« Quant au hadith stipulant que : « La circoncision est une tradition louable (sunnah) pour les hommes et un honneur (makrumah) pour les femmes », il est rapporté par Ahmad (20719) d’après Abû Al-Malîh Ibn Usâmah d’après son père. Les rapporteurs de ce hadith estimèrent que sa chaîne de transmission est faible. Hajjâj, l’un des maillons de la chaîne de narration, qui est en fait Hajjâj Ibn Arta’ah, est en effet un controuveur de hadiths et un falsificateur de sources controversé. Le hadith est rapporté également par Al-Bayhaqî dans As-Sunan Al-Kubrâ (volume 8, page 325) par la voie de Hafs Ibn Ghayyâth selon la même chaîne de transmission faisant intervenir Hajjâj, ainsi que par At-Tabarânî dans Al-Kabîr (volume 7, page 273). Le hadith a également été rapporté par une autre voie que celle de Hajjâj, par At-Tabarânî dans Al-Kabîr (volume 11, page 233) et par Al-Bayhaqî dans As-Sunan Al-Kubrâ (volume 8, page 324), d’après `Ikrimah, d’après Ibn `Abbâs, Al-Bayhaqî précisant : "La chaîne de narration de cette version du hadith est faible et elle ne remonte pas jusqu’au Prophète, s’arrêtant à Ibn `Abbâs." Le hadith a en outre été jugé faible par Al-Albânî dans Silsiltat Al-Ahâdîth Ad-Da`îfah (1935). » (Traduit de l’arabe du site Qaradawi.net.)

 

Ajoutons que l’Imam Ibn al-Qayyim (raa) à dit que ce Hadith ne provient pas du Prophète (sws). Ce Hadith est donc à rejeter aussi.

 

Récit Historique de Tabari :

 

Malheureusement pour eux, nous leur demandons d'apporter la chaîne de transmission, autrement dit sa source, dudit récit rapporté par at-Tabari. Ce livre, tout comme celui de la biographie du Prophète Muhammad (sws) d’Ibn Ishaq ou d’Ibn Hisham, est très sujet à caution à cause de leur déficience en matière de source. C'est la règle en Islam, sans chaîne (Isnad) de transmission, alors le texte n'est pas pris en compte car tout le monde pourrait venir avec des textes et les présenter au nom de l'Islam. Cette longue partie s'envole donc en fumée.

 

Pour ce qui est de l'avis des savants de l'Arabie Sa’oudite, à partir du moment où tous les ahadiths cités comme preuve s'effondrent, alors on ne peut dire que c'est une Sunna. De plus, lors de ces avis, les savants ne parlent que du décapuchonnage du clitoris et non des pratiques que nous voyons à travers le monde dans certains pays bien précis. Dernier point : Les Sa'oudiennes sont-elles excisées ? La réponse est NON, donc le débat est clos.

 

Il est vrai que les 4 grandes Ecoles n’ont jamais statué sur ce cas, certains parlent d’obligation et d’autres de recommandation ou d’acte louable. Mais cela n’empêche qu’à partir du moment où tous les ahadiths sont faibles, cette pratique ne peut donc pas être demandée en tant qu’application Islamique (et devrait même être rejetée). Il convient de rappeler que même les Ecoles parlaient d’effleurement et non des pratiques africaines que nous connaissons.

 

La conclusion est très claire, l'excision est mauvaise pour la santé, pour l’état physique de la femme, pour la religion et pour l’épanouissement sexuel de la gente féminine (bien que la fille ou la femme garde son désir mais n’arrive pas à l’atteindre complètement puisque le désir provient du cerveau), lorsqu'elle est pratiquée avec excès et il faut faire cesser de genre de pratique, illicite au regard de l'Islam pour détérioration du corps humain de la femme, et la faire cesser au plus vite. Lorsqu'il s'agit du décapuchonnage du clitoris, si certains veulent le pratiquer par tradition, alors nous pensons que médicalement parlant, il n'y a aucun danger d'enlever un tout petit morceau de chaire au dessus du clitoris à l'âge de la naissance ou peu de temps après. C’est ce que confirme aussi le Cheikh al-Qaradawi dans son commentaire sur l’excision :

 

« Par conséquent, il ne faut pas vilipender toute personne ayant fait exciser ses filles de la manière légale indiquée dans le hadith et il ne convient pas de qualifier cet acte de « crime barbare » commis au XXIe siècle, à moins qu’il outrepasse les limites juridiques agréées. Ces dépassements peuvent être classés en trois catégories :

* L’ablation de tout ou partie du clitoris au lieu de l’effleurement du prépuce clitoridien, avec pour conséquence la privation de la femme d’une jouissance légitime sans raison valable, ce que l’on appelle communément « l’excision pharaonique ».

* Le fait de confier cette intervention à des matrones et autres exciseuses ignares, alors que cet acte chirurgical devrait être confié à des femmes médecins compétentes et qualifiées ou, à défaut, à des médecins musulmans qualifiés en cas de nécessité.

* Le recours à des instruments non stérilisés et inadaptés à cette opération, dans des conditions peu hygiéniques. Il faut faire en sorte que les instruments utilisés soient stérilisés et adaptés à cette opération et qu’elle soit accomplie dans un lieu approprié comme une clinique, un hôpital ou bien un dispensaire. Il faut proscrire les instruments primitifs et les techniques primitives qui ont cours dans les zones rurales.

Si ces trois conditions sont respectées, nul ne pourra alors dire que l’excision est illicite, ni que c’est un crime barbare. (Puisque cela correspondrait alors à la circoncision) »

 

Le débat est clos !

 

Wa Allahu a'lem