Pierre L'Hermite

2/. LES CROISADES :

b) Pierre L'Hermite. 

Les grands prétendaient avoir des mobiles sacro-saints, des "élans idéalistes", comme rapporte l'historien Louis Bréhier. A côté de ces sentiments élevés des nobles Sirs il y avait ceux de la "canaille" : les pauvres hères que le Propagandiste des Croisades Pierre L'Hermite, dit Chtio Pietre, avait débauchés pour finalement ne les mener qu'à l'abattoir ou à la conversion forcée à l'Islam ! Pierre L'Hermite, qui se prenait pour le Christ parce qu'il voyageait sur un âne, ne méritait pas le nom qu'il s'était donné à cause du manteau d'ermite qu'il portait. L'habit n'a jamais fait le moine, et Pierre L'Hermite n'avait rien d'un ermite : il déserta ses compagnons - ses victimes plutôt - quand la faim régna sur les Croisés à Antioche. 30.000 malheureux qu'il avait débauchés à l'aide de ses complices, les nobles allemands Walter Habenichtse (Gautier-Sans-Avoir), Emich von Leisingen, Gottschalk, Volkmar, etc.

Ce sont ces chevaliers allemands qui déclenchèrent les massacres de Juifs en Rhénanie dans le but de les piller. Pierre l'Hermite et Gautier-Sans-Avoir ne participèrent pas à cette curée, ils étaient partis avec le premier contingent. Tous assurèrent leur subsistance tout au long de leur voyage en pillant. D'abord les chrétiens de Hongrie, pour les remercier de les avoir nourris pendant le temps qu'ils traversaient leur territoire, territoire qu'ils quittèrent en mettant à sac la dernière ville hongroise : SEMLIN. Ce fut ensuite au tour des chrétiens de Serbie, à Belgrade, de faire connaissance avec les "guerriers" de Pierre L'Hermite. Il n'y eut que ceux de Nish qui furent épargnés parce qu'ils réussirent à les repousser en guise "d'hospitalité", informés par la rumeur sur leur qualité de "pèlerins".

Arrivée à Constantinople, la malheureuse cohorte effraya l'Empereur par la qualité de ses "combattants" et leur penchant pour la maraude. Lui qui s'attendait à voir les fameux guerriers Francs, fut bien déçu. Alexis Comnenos s'empressa de leur faire traverser l'eau pour les installer à la forteresse de Civetot en attendant les vrais guerriers, les chefs qui devaient prendre la tête de l'Expédition. Il leur recommanda de s'abstenir de tout pillage ou agression contre les Turcs avant l'arrivée de leurs chefs, et leur fournit des vivres en abondance.

L'"Armée" de Pierre L'Hermite était composée de peu de Francs et de beaucoup de Allemands. Malgré la mise en garde des hommes de l'Empereur, les Francs partirent faire une razzia en territoire seldjouk, aux environ de Nicée, et rentrèrent avec un grand troupeau de bétail pris aux Turcs. Par émulation, les Allemands voulurent faire mieux. Ils partirent attaquer un château au-delà de Nicée, le prirent d'assaut et y trouvèrent un butin très riche. Mais les Seldjouks les assiégèrent à leur tour avant qu'ils pussent s'en aller, et après huit jour les Allemands se rendirent à leurs assaillants. Ceux qui voulurent embrasser l'Islam furent épargnés (ils allaient "libérer le Tombeau du Seigneur" et finissaient par se faire circoncire musulmans...) et le peu qui voulut rester fidèle à sa Foi passa au fil de l'Épée.

Après ce désastre des Allemands les Français partirent les venger, mais tombèrent dans une embuscade. Ils tentèrent de fuir pour retourner à Civetot, avec les Turcs à leurs talons, qui les rattrapèrent au galop avec leur fameuse cavalerie, et les massacrèrent par milliers. De tout le contingent de l'Armée de Pierre L'Hermite il ne resta, que trois mille éclopés qui furent transportés par la marine byzantine à Constantinople où, pendant tous ces malheurs, Pierre L'Hermite s'était prélassé sur la Corne d'Or.

Deux mots maintenant sur la qualité des Croisés que Pierre L'Hermite avait débauchés pour les mener pour partie à la boucherie, et pour partie à la conversion à l'Islam. Qui étaient ces pauvres hères ? Ces malheureux en guenilles. Ces hommes que les chantres des croisades dépeignent comme de fervents croyants, partis "libérer le Tombeau du Seigneur". C'était des pauvres affamés auxquels on avait prêché Jérusalem, "la Ville où coule le lait et le miel". Qui étaient-ils ? Des pauvres paysans faméliques qui erraient pour la plupart en Europe le ventre creux. Deux ans auparavant, deux ans avant le Sermon d'Urbain II à Clermont pour la "libération du Tombeau du Seigneur" il y avait eu la peste et des inondations. L'année suivante, c'est à dire un an avant l'appel du Souverain Pontife aux chrétiens pour partir en guerre contre l'Islam, il y eut la sécheresse et une grande famine. Ce fut le Général "Famine" qui remplit les fonctions de Chef d'État Major de l' "Armée" de Pierre L'Hermite. Dans cette atmosphère de famine, Urbain II éloignait avec son initiative les méfaits de ces calamités non en éliminant les causes, mais en en déplaçant les effets sous d'autres cieux.

BASILE Y.

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