Les Jésuites suivent l'exemple au Brésil
I. 5/. L'ÉGLISE, BOUCLIER DES INDIENS :
i)Les Jésuites suivent l'exemple au Brésil.
Franciscains et Dominicains furent les deux Ordres qui déployèrent la plus grande activité aux colonies espagnoles d'Amérique. L'Ordre des jésuites n'y commença sa mission que beaucoup plus tard. Non seulement parce qu'il ne vit le jour que plus de quarante ans après la Conquista et n'était pas encore assez consolidé dans la Péninsule pour être en mesure de missionner, mais surtout parce que la Couronne d'Espagne lui était hostile. Sa rivalité avec le Portugal rendait Charles Quint et Philippe II méfiants envers un Ordre dont les pères portugais étaient très actifs au Brésil dès 1549, et on craignait une fraternisation entre Jésuites par-dessus les têtes de leurs rois. Au Brésil les Jésuites étaient la bête noire des colons et des autorités, parce qu'ils s'étaient résolument engagés dans la lutte contre la mise en esclavage des Indiens. Leur lutte contre les esclavagistes portugais fut très dure. C'est que les bandits de la Bandeira de Sao Paolo étaient terribles dans leur chasse à l'"Indien sauvage". Profitant des ordonnances royales qui permettaient la capture et la mise en esclavage d'Indiens cannibales, ils faisaient de tout indigène un cannibale.
La mission des Jésuites en Amérique du Sud donna une preuve supplémentaire de ce que l'homme blanc est en général chrétien dans la mesure où le christianisme ne porte pas atteinte à ses intérêts. Lui porte-t-il préjudice, alors sus à ses prêtres. Ce qui arriva aux pères jésuites en ce coin d'Amérique. Partis du Pérou vers le Rio de la Plata, ils eurent un grand succès en construisant leurs Reducciones chez les Indiens Guaraní. Cela ne faisait pas l'affaire des esclavagistes, ou plutôt ils voulurent en faire une bonne affaire. Les Indiens réunis dans les Reducciones, instruits à divers travaux pour la communauté, étaient vendus sur les marchés d'esclaves brésiliens beaucoup plus cher que les Indiens capturés dans la Jungle. Alors...
Citation:
"Les razzias des Reducciones jésuites étaient devenues particulièrement lucratives, parce que les Bandeirados pouvaient attraper ici d'un seul coup de main une grande masse d'esclaves dont la vente rapportait un prix bien plus élevé que pour les esclaves de la Jungle, s'agissant d'Indiens déjà habitués à la civilisation et initiés au travail par les Jésuites. De 1628 à 1631 quelque 60.000 Indiens des Reducciones, déjà convertis au christianisme, furent traînés vers les marchés d'esclaves. Les colonies jésuites furent pillées et mises en cendres. Seules leurs missions de Loreto et saint Ignace, favorablement situées, ont pu résister et se maintenir."(1)
Alors, les pères jésuites, désolés de la destruction de leur oeuvre, se tournèrent vers le Christ pour Lui demander ce qu'il y avait de mieux à faire pour défendre des hommes sans défense contre l'Antéchrist. Et le Christ leur répondit :
Citation:
"Que celui qui n'a point d'épée, vende son vêtement et en achète une."(2)
Et les pères jésuites obéirent au Christ.
Citation:
"Peu soutenus par les autorités espagnoles et les colons, ils organisèrent eux-mêmes leur défense, en armant les Indiens de leurs Reducciones. Un frère de l'Ordre, le vétéran des guerres de Flandres Domingo Torres, fit l'instruction militaire des Indiens Guaraní, et lorsqu'en 1641 un détachement de paolinistes fort de 400 hommes attaquèrent leur territoire entre Rio Uruguay et le haut Paraná, il subit une telle défaite près de Mbororé, dans une lutte sanglante durant laquelle il n'y eut pas de pardon, que pour longtemps les Bandeirados (de Sao Paolo) n'ont plus été vus dans la région."(3)
Quel mauvais exemple que donnaient là les pères jésuites aux candidats à la mise en esclavage! Enseigner aux Indiens l'art et la meilleure façon de se défendre contre des chasseurs d'hommes. Ce n'était pas le christianisme tel que le concevaient les Bandeirados et les colons. Sus alors aux jésuites!
Citation:
"On entendait parmi les colons dire qu'on devrait non seulement prendre leurs terres riches aux jésuites, mais les chasser du pays."(4)
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1/. Richard Konetzke, SÜD-UND MITTELAMERIKA I. Fischer Weltgeschichte, Band 22, Hambourg 1971, page 270.
2/. Saint Luc, XXII, 36.
3/. Richard Konetzke, SÜD-UND MITTELAMERIKA I. Fischer Weltgeschichte, Band 22, Hambourg 1971, page 271.
4/. Idem, 278.
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