Apports à l'Europe, origine et religion
I. 1/. LES AMÉRINDIENS PRÉCOLOMBIENS :
f)Apports à l'Europe, origine et religion.
Dieu merci, nous avons eu aussi des hommes, qui à leur savoir surent ajouter leur coeur pour parler objectivement des Indiens en reconnaissant leurs qualités, ainsi que ce que nous leur devons pour notre bonne vie d'aujourd'hui.
L'anthropologue français Paul RIVET était un ami des Indiens, parce qu'il était un ami de tous les hommes en tant que fondateur du Musée de l'Homme. Dans une de ses oeuvres on peut lire que :
Citation:
"...l'Indien américain tout en recueillent l'héritage des peuples et des races qui ont contribué à sa formation a su développer une civilisation propre sur ce fond commun et enrichir celui-ci d'une série de créations et d'inventions, qui peuvent être mises en parallèle avec les créations et les inventions de l'Ancien Monde."
"De grandes civilisations se sont constituées dans les régions les plus favorables au développement humain..."
Citation:
"Au Mexique et au Yucatán, ils découvrirent un système d'écriture hiéroglyphique comparable au système égyptien, mais aussi indépendant de lui que la pyramide américaine l'est de la pharaonique."
Citation:
"Leurs manuscrits qui sont souvent des calendriers, comme le sont les quipu des péruviens, révèlent des connaissances astronomiques extraordinaires et l'existence du système décimal chez les Incas."
Citation:
"La liste des plantes cultivées par les aborigènes d'Amérique est impressionnante : le maïs, le manioc, la patate douce, l'igname, la pomme de terre, le cacao, le chénopode, la tomate, l'ananas, le potiron, le calebassier, le maté, le poivre de Cayenne. Ils possédaient un coton différent du coton de l'Ancien Monde, utilisaient les fibres textiles des agaves, fumaient ou prisaient du tabac, connaissaient les propriétés stimulantes ou thérapeutiques de la coca, du quinquina, de l'ipécacuana, du copéhu, enfin, pour teindre leurs tissus, ils exploitaient la matière colorante de la cochenille..."
Citation:
"Il est bon, il est nécessaire que notre vieille Europe, comme la jeune Amérique, prennent conscience de ce qu'elles doivent à la civilisation indienne..."
Citation:
"L'apport du Nouveau Monde a bouleversé les conditions de vie de la vieille Europe..."(1)
Il les a bouleversées tout à notre avantage, tandis que l'Europe ne leur apporta que le malheur, sans compter la destruction de la Nature.
Un autre Européen, contemporain de la Conquista, Albrecht Dürer, le célèbre peintre, graveur et architecte allemand, en voyant à Bruxelles les magnifiques oeuvres d'Art aztèque envoyées à Charles Quint par Cortés, manifesta son admiration en ces termes :
Citation:
"J'ai vu en la maison du conseiller deux cadeaux apportés du Mexique pour le roi, à savoir : un soleil en or et une lune en argent d'une telle magnificence que difficilement on en rencontrerait qui les égalent. Je n'ai pas vu dans ma vie chose de meilleur goût. A admirer des choses si fines en or, je me suis émerveillé sur l'habilité et le travail subtil d'hommes de pays si lointains."
C'était cela "les Indiens et leurs choses", comme écrivait le père Sahagún. D'où venaient ces Indiens? Nos américanistes se sont penchés depuis longtemps sur le problème de leur origine anthropologique. Leurs ancêtres furent-ils des autochtones ou des immigrés d'Europe, d'Asie ou d'ailleurs? Leurs travaux ont déjà donné certains résultats. S'ajoutant à l'origine préhistorique, on a découvert des témoignages archéologiques et linguistiques d'immigrations datant de mille ans avant notre ère : Pharaoniques, Phéniciens, Asie Centrale, Hébreux, Grecs, Ibériques, Irlandais, Vikings, Mélanésiens et autres, qui ont laissé des traces de leurs "visites". On a découvert, par exemple, des épées achéennes. Parmi les "sauvages" du Brésil exterminés par les "civilisés" il y a eu des blonds aux yeux bleus. Le séjour des moines irlandais de saint Brandan sur les côtes orientales d'Amérique du Nord mille ans avant Colomb et leur retour en Irlande est attestée historiquement. Que signifierait la Croix rencontrée par l'expédition de Juan de Grijalva en 1518 dans l'île de Yucatán, comme ils appelaient alors cette presqu'île avant de l'explorer totalement? Ils avaient trouvé que les Mayas y :
Citation:
"adorent une Croix en marbre, blanche et grande, surmontée d'une couronne en or, et disent que sur elle mourut un qui était plus lumineux et resplendissant que le soleil."(2)
Mr. Barry Fell, professeur de biologie maritime et de zoologie à l'Université de Harvard, s'appuyant sur des découvertes numismatiques et des inscriptions tombales rencontrées en Amérique du Nord, soutient que 800 ans avant J.C. une colonie basque s'était établie à la vallée de Susquehenna, à 150 Km. de Philadelphie. Une collection de plus de 400 pierres portent des inscriptions, découvertes à environ 120 km de l'embouchure de la rivière Susquehanna, est attribuée par Fell à l'écriture de l'âge de bronze rencontrée en l'ancienne province de Trasos-Montes, située au Nord du Portugal. D'après des pièces de monnaie chinoises découvertes au Mexique, des Chinois conduits par un moine bouddhiste seraient arrivés en ce pays au Vme siècle de notre ère. On a également découvert des inscriptions tombales au Tennessee et en Géorgie, aux États Unis, datant de 1000 ans avant J.C. De même, des spécialistes du folklore indien présument que des coutumes et la langue des Indiens "Yuchi" impliquent un héritage hébreu.
Ajoutons à tout cela qu'on rencontre aussi quelques mots turcs dans la langue des Mayas ainsi que dans celle des Aztèques. On rencontre aussi des mots indo-germaniques dans le quechua, la langue des Incas; et les traits des Mapuches ne diffèrent pas tant des nôtres. Les Indiens d'Amérique Centrale ont des traits physiques se rapprochant de ceux des Mongoles.
A propos des Mongols, les travaux de Sahagún sur les "Choses" des Indiens pourraient nous mettre sur la piste d'une origine partiellement centre asiatique des Aztèques. Fray Bernardino était frappé par les similitudes de certains rites avec ceux de la religion chrétienne, surtout pour ce qui concerne l'Eucharistie. Ce Sacrement chrétien(St.Mathieu XXVI, 26-28) où Jésus donne à ses apôtres son corps à manger et son sang à boire symboliquement par le pain et le vin, les Aztèques le faisaient avec la chair et le sang d'un jeune homme divinisé durant un an et ensuite abattu rituellement par cinq prêtres.(3)
Il n'y eut pas que l'Eucharistie. Beaucoup d'autres manifestations religieuses aztèques se rapprochaient des rites chrétiens, ce qui avait désagréablement surpris les religieux espagnols. Ils furent épouvantés en les voyant s'approcher de leurs prêtres pour communier en absorbant un morceau de chair du sacrifié, car ils le faisaient avec le même recueillement que le font les chrétiens avec l'Hostie. Un Carême précédait aussi leur communion. Quand les religieux espagnols virent des baptêmes chez les Indiens précédés d'une invocation solennelle, où on oignait les lèvres et la tête du bébé, ils crièrent au scandale : "c'est le Malin qui les a inspiré pour profaner notre sainte Foi", disaient-ils. Sahagún, non sujet à ce genre de réactions, réussit à reconstituer, après de patients travaux, cette prière des prêtres Aztèques : "Que par ce baptême soit détruit le mal qui te fut donné avant le commencement du Monde".(4) Ne s'agissait-il pas là du péché originel?
Les nombreuses croix que les Espagnols rencontrèrent dans les Temples indiens furent également pris pour "Oeuvre de Satan". Les travaux de Fray Bernardino, concernant les points communs entre la religion des Aztèques et le christianisme, encouragent à émettre une hypothèse sur le "Satan" qui indignait les religieux espagnols. Ce "Malin" pourrait être l'ex-Patriarche de Constantinople Nestorius, anathématisé par le Concile d'Éphèse en 431.
Les Nestoriens étaient des chrétiens principalement Syriens(5), qui cherchèrent refuge en Perse, puis certains jusqu'en Asie Centrale. Ils missionnèrent même la Chine à partir de 635 (Steven Runcinian, A HISTORY OF THE CRUSADES). Leur première province ecclésiastique y fut fondée par le Patriarche Salibasacha au VIIme siècle. En 1625, des missionnaires Jésuites découvrirent en Chine des inscriptions chrétiennes datant de 781. Au Musée de SIAN, on peut admirer aujourd'hui des tables sculptées en pierre massive, rappelant le culte nestorien florissant en Chine depuis 635.
Les Nestoriens étaient de grands missionnaires. Ils n'étaient pas grecs, mais leur langue religieuse l'était. Les peuples qu'ils convertissaient gardaient leur langue nationale mais se servaient du grec pour leur Liturgie, comme firent les Européens occidentaux avec le latin. En Asie Centrale il y eut des rois, des reines et des princes mongols qui embrassèrent le christianisme grâce aux Nestoriens. Les sympathies de Gengis Khan pour le christianisme sont notoires, et son fils Tului était marié à une sincère nestorienne de la tribu turque des Keraits. De nombreux Turkmènes (Keraits et Cuighours) ont été christianisés par les Nestoriens.
N'est-il pas permis de spéculer sur des Turkmènes émigrés d'Asie Centrale vers l'Amérique par le Détroit de Béring, porteurs de vagues notions de christianisme, transmises par tradition orale. Progressivement, le Rite chrétien de l'Eucharistie (tu mangera ma chair et tu boira mon sang) a peut-être été interprété à la lettre, croyant mieux servir Dieu de cette façon que symboliquement?
L'histoire de l'Eglise d'Orient ne suffirait pas pour expliquer le "Satan" des Aztèques. La langue des Turkmènes étant le turc, est-ce une coïncidence que d'innombrables noms de lieu au Mexique soient encore aujourd'hui suffixés par "tepec" (mot qui en turc signifie colline) pour désigner des lieux qui sont des tertres ou même des collines? D'autres noms de lieu, aussi nombreux, sont préfixés par "teo", qui en grec(théo) signifie Dieu - les Aztèques étaient très croyants. De surcroît, TOUT le vocabulaire aztèque qui a un rapport avec des concepts divins est d'origine grecque. Leurs Temples s'appelaient TEOCALI. En grec TEO = Dieu, et KALI = hutte. TEOMANIA, qui en grec signifie transport divin, inspiration divine, signifiait en Mexica CONTEMPLER, MÉDITER, PRIER. En outre, le mot TEOTOCOS (en grec Mère de Dieu), voulait dire en leur langue : IDOLÂTRE. "Idolâtre", parce que suivant le dogme de Nestorius, la Vierge Marie, une femme mortelle, ne pouvait porter un Dieu dans ses entrailles. C'est après sa naissance que, d'après les Nestoriens, le Christ, s'unissant au Verbe, devint Dieu. Par conséquent, Sa Mère n'était pas Théotocos mais Christotocos. Les Nestoriens étaient subtils, pas Hellènes mais pleins d'hellénisme... Des mots préfixés uniquement par TEO remplissent trois pages du dictionnaire "Mexica-Castellano" de Molina, et ils ont TOUS un rapport avec des choses divines. Que l'on me permette donc de proposer cette hypothèse sur les Ancêtres des Aztèques, n'en serait-ce que d'une partie, puisque avant de conquérir Tenotchtitlán ils s'étaient déjà mélangés avec bien d'autres peuples (Toltèques, Tepanèques, Chichimèques, et autres).
BASILE Y.
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1/. Paul RIVET, LES ORIGINES DE L'HOMME AMERICAIN, Gallimard 1957, pages 171 à 176.
2/. Augustin Yañez, CRONICAS DE LA CONQUISTA, éditions de la Universidad Nacional Autonome de México,1950, page 24.
3/. Fray Bernardino de Sahagún, HISTORIA GENERAL DE LAS COSAS DE LA NUEVA ESPAÑA, Mexico 1946, tome I, pages 148 à 158.
4/. Idem, page 629.
5/. Des "hérétiques" dont l'"hérésie" représentait leur réaction contre l'oppression nationale que leur faisaient subir les Empereurs byzantins au nom de l'"Orthodoxie" de leurs Patriarches.
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