Les disciples ont-ils assistés à la crucifixion ?

Les disciples ont-ils assistés à la crucifixion ?

Par Karim & Mouminbilah

Création : 23/05/2010

Nous arrivons sur ce point, au sommet de la compréhension biblique de la crucifixion. Selon les auteurs évangéliques et les rapports qu’ils en font, les chrétiens pensent que les disciples de Jésus ont réellement vu ce qui lui arriva lors de son arrestation et de ses suites jusqu’à sa prétendue mort sur la croix et son ensevelissement au tombeau. Mais nous pouvons nous étonner des détails qui apparaissent dans le texte évangélique et la certitude qu’affichent les disciples après la résurrection censée avoir eu lieu de Jésus(as) quant à ce qu’ils prêchent. Nous apprenons en lisant la Bible que les disciples n’étaient même pas des témoins oculaires de la crucifixion, ce qui signifie qu’ils n’ont pu être sûrs de rien et que les rapports qu’ils entendirent de la bouche de certaines personnes n’en prouvent pas l’authenticité des faits passés. Leur stupéfaction lorsqu’ils voient Jésus(as) en chair et en os en témoigne, puisqu’ils le pensaient mort crucifié. Si ces disciples n’ont pas été témoins de la crucifixion, mais alors qui l’était? Si les chrétiens nous répondent que les femmes étaient présentes au pied de la croix, nous répondrons que sur les 4 évangiles, trois signalent qu’elles se tenaient au loin et non au pied de la croix ; et si elles se tenaient au loin alors il y a de quoi douter de ce qu’elles auraient pu rapporter en se rappelant que le témoignage d’une femme à cette époque n’était pas pris pour véridique. Selon l'enseignement Biblique dès lors qu’il y a un rapport de 2 ou 3 témoins, alors il faut accepter cela pour vrai:

 

« Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. » (Mathieu 18,16)

« Ne reçois point d'accusation contre un ancien, si ce n'est sur la déposition de deux ou trois témoins. » (1 Timothé 5,19)

 

Nous ne pouvons donc prendre en compte le seul témoignage de Jean pour conclure que ces femmes se trouvaient au pied de la croix surtout lorsque l’on regarde les problèmes de ces femmes dans la section “divergences”. Les seuls rapports qu’ont pu collecter les évangélistes pour leurs écrits n’ont aucune chaine de transmission qui soit sure et donc ne peuvent pas être prit pour vérité. Nous pouvons même allez encore plus loin pour rejeter l’ensemble des récits traitant de la crucifixion et de la résurrection de la bouche des disciples puisqu’aucun ne fut témoin et que selon cette règle Biblique, il faut au moins 2 ou 3 témoins pour régler une affaire et la prendre en considération. Regardons si ce que nous avançons est vérifiable dans la Bible ou non ; à savoir qu’aucun des disciples ne fut un témoin oculaire des faits. Nous trouvons dans  les évangiles l’annonce que les disciples n’étaient pas présent pour la suite des évènements concernant Jésus(as) puisque tous l’abandonnèrent après son arrestation:

 

« Tous l'abandonnèrent et prirent la fuite » (Marc 14,50)

 

« Mais tout cela est arrivé afin que les écrits des prophètes fussent  accomplis. Alors tous les disciples l’abandonnèrent, et prirent la fuite. » (Mathieu 26,56)

 

Si certains veulent soulever que Pierre était présent par après et qu’il constata ce qui arriva à Jésus(as), alors nous répondrons que ces personnes ne lisent pas ce passage convenablement puisqu’il est dit définitivement qu’il déserta les lieux quelques versets après qu’il est écrit qu’il était présent de loin. Pierre qui suivait Jésus(as) finira donc par partir comme le confirment ces passages de Luc et Mathieu :

 

« Après avoir saisi Jésus, ils l’emmenèrent, et le conduisirent dans la  maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin. Ils allumèrent du feu au milieu de la cour, et ils s’assirent. Pierre  s’assit parmi eux. Une servante, qui le vit assis devant le feu, fixa sur lui les regards,  et dit: Cet homme était aussi avec lui. Mais il le nia disant: Femme, je ne le connais pas. Peu après, un autre, l’ayant vu, dit: Tu es aussi de ces gens-là. Et  Pierre dit: Homme, je n’en suis pas. Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant: Certainement  cet homme était aussi avec lui, car il est Galiléen. Pierre répondit: Homme, je ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme  il parlait encore, le coq chanta.  Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de  la parole que le Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante  aujourd’hui, tu me renieras trois fois.  Et étant sorti, il pleura amèrement. » (Luc 22,54-62)

 

« Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour. Une servante s’approcha  de lui, et dit: Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant: Je ne sais ce que tu veux dire. Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit  à ceux qui se trouvaient là; Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. Il le nia de nouveau, avec serment: Je ne connais pas cet homme. Peu après, ceux qui étaient là, s’étant approchés, dirent à Pierre: Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait  reconnaître. Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas  cet homme. Aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: Avant que le coq  chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. » (Mathieu 26,69-75)

 

Nous lisons en commentaire de la Bible Annotée sur 1 Pierre 5.1 à propos du témoignage oculaire de Pierre :

 

« On s'est demandé de quel droit Pierre prend le titre de témoin des souffrances de Christ, lui qui avait renié son Maître pendant qu'il était condamné et ne l'avait pas suivi au Calvaire. Mais il avait été témoin des souffrances de Jésus pendant son ministère {#Lu 22:28,29} et au commencement de sa passion, {#Mt 26:36-67} et sa chute n'empêcha pas que Jésus lui-même ne l'investit de cet office de témoin, {#Ac 1:8} qui est inséparable de celui d'apôtre; {#Ac 1:21-22} et dans la suite il s'en acquitta fidèlement. {#Ac 3:15} »

 

Selon Jean, le disciple bien-aimé de Jésus(as) ainsi que plusieurs femmes se trouvaient au pied de la croix. Mais cela ne signifie pas qu’ils étaient présent jusqu’à la fin. N’oublions pas que selon les 3 autres évangiles, le disciple de Jésus qu’il aimait tant ne s’y trouvait pas, sauf peut-être pour Luc qui utilise un groupe de mot qui pourrait le comprendre, mais rien de certain tout de même. Certains pourraient dire que ce n’est pas parce qu’il n’est pas mentionné dans ces écrits qu’il n’y était pas puisqu’il est cité en Jean. Nous rétorquons que les évangiles ne sont pas à prendre en compléments les uns des autres puisque ce sont des rapports autobiographique de Jésus(as) qui furent écrits séparément et qui n’était pas lu par les lecteurs des autres évangiles.

 

Nous allons schématiser ce que Raymond E. Brown, théologien catholique mondialement reconnu, avance à ce sujet dans son livre « Que sait-on du Nouveau Testament » aux éditions Bayard de 2000 :

 

 

Figure 1 : Dates présumées de la rédaction des Evangiles

 

Voici ce que dit Raymond E. Brown au sujet de la rédaction des 4 évangiles dans son livre intitulé « La mort du Messie », éditions Bayard, p.592 :

« …les 4 évangélistes, écrivant en des lieux différents et en des décennies différentes entre 60 et 100 pour des auditoires chrétiens différents… »

 

Que pouvons-nous conclure ? Que l’évangile selon Marc n’était pas lu par les lecteurs de l’évangile selon Jean, ni l’inverse  d’ailleurs puisque celui selon Jean ne fut écrit que bien des décennies après celui selon Marc.

Nous pouvons également ajouter que les évangiles selon Mathieu et Luc ont eu des auditoires chrétiens différents et ne furent pas écrits ensemble. Il est certain, grâce au fait synoptique, qu’ils reprirent une source commune (peut être ou sûrement l’évangile selon Marc), puis ils ajoutèrent une tradition commune aussi entre eux et finalisèrent avec leurs propres ajouts respectifs.

 

Donc cet argument tombe à l’eau et est à rejeter puisqu’ils sont tous différents, divergents et les sources que Jean utilisa ne sont pas forcément plus fiables que celles de Marc. Pourquoi? Simplement parce que l’évangile selon Jean fut écrit plusieurs décennies après celui de Marc qui est plus proche de la source Q (source originale, ou tradition primitive) et qui est d’un aspect moins théologique que celui selon Jean. Voyons ce que Jean rapporte sur les personnes présentes au pied de la croix:

 

« Et ils dirent entre eux: (19–24) Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s'accomplît cette parole de l'Ecriture : Ils se sont partagé mes vêtements, Et ils ont tiré au sort ma tunique. Voilà ce que firent les soldats. Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. Après cela, Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l'Ecriture fût accomplie: J'ai soif. Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit. » (Jean 19,24-30)

Le disciple que Jésus(as) aimait et la mère de Jésus n'ont pas assisté à la prétendu mort de Jésus, puisque le verset 28, nous apprend que Jésus(as) parlait encore et qu'il bu du vinaigre alors qu’ils n’étaient plus là déjà. Nous lisons dans la Bible Annotée sur Matthieu 27.56 :

« "Il faut donc probablement prendre à la lettre cette expression: dès cette heure-là ce disciple la prit chez lui. {#Jn 19:27} Le cœur de Marie s'était brisé à l'ouïe de la parole pleine de tendresse que lui avait adressée Jésus, et elle s'était retirée à l'heure même, de sorte qu'elle n'était plus présente à la fin du supplice." Godet, Commentaire sur #Lu 23:47-49. »

Bible Annotée sur Jean 19.27 :

« -Les derniers mots de ce récit montrent que Jean comprit bien la parole de son Maître comme un testament par lequel il lui léguait sa mère et témoignait à l'un sa pleine confiance et à l'autre sa tendre sollicitude. Le mot: dès cette heure paraît signifier que Jean ne tarda pas à entraîner la pauvre mère loin d'un spectacle qui brisait son cœur. Et cela explique peut être pourquoi les synoptiques ne mentionnent pas Marie parmi les femmes qui avaient "contemplé de loin" la mort du Sauveur. (Comparer #Mt 27:56, note; #Mr 15:40,41) »

Effectivement, les autres évangélistes signalent uniquement Marie de Magdala et Marie la mère de Jacques et de Joseph comme nous pouvons le voir avec les passages suivants :

« Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit. Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent.

Etant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.  Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent : Assurément, cet homme était Fils de Dieu. Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin ; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. » (Mathieu 27,50-56)

 

« Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira. Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas. Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu'il avait expiré de la sorte, dit : Assurément, cet homme était Fils de Dieu. Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin. Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses, et Salomé, qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem. » (Marc 15,37-41)

 

Il n'y a ni la mention de Marie la mère de Jésus, ni du disciple Jean, ni de Pierre. Certains seraient tentés de nous contredire en citant ce passage :

« Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu. Jésus s'écria d'une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira. Le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit: Certainement, cet homme était juste. Et tous ceux qui assistaient en foule à ce spectacle, après avoir vu ce qui était arrivé, s'en retournèrent, se frappant la poitrine. Tous ceux de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l'avaient accompagné depuis la Galilée, se tenaient dans l'éloignement et regardaient ce qui se passait. » (Luc 23,45-49)

 

Mais les mots "tous ceux de la connaissance de Jésus" n’incluent pas forcément des disciples.

Nous lisons dans la Bible Annotée sur Luc 23.49 :

« Par tous ceux de sa connaissance, il faut entendre les amis de Jésus, peut-être aussi quelques-uns des apôtres. »

 

Ce qui signifie que la probabilité qu'il puisse y avoir eu des disciples n'est pas fondée et qu'il s'agit d'une simple hypothèse, et comme nous l'avons vu, ni Pierre, ni le disciple bien-aimé, ni Marie la mère de Jésus n'ont assisté à la crucifixion selon les synoptiques (sauf en Jean où ils où ils sont au pied de la croix et s’en vont bien avant la fin), et si les disciples étaient présent, ils l'auraient signalés, comme cela est confirmé encore une fois dans l’ACEBAC sur Matthieu 27.57 :

« Selon #De 21:23, « un cadavre ne passera pas la nuit sur l'arbre, mais tu devras l'enterrer le jour même ». Arimathie était située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. Aucun des Douze ne se trouve là pour ensevelir Jésus. »

 

Donc, pour conclure, nous pouvons affirmer qu’aucun de ses disciples n’a assisté à la crucifixion (sauf en Jean où le disciple que Jésus aimait est au pied de la croix et lui parle mais part bien avant la fin. En sachant aussi que l’évangile selon Jean est le seul a rapporter ce fait et que parmi les femmes qui sont au pied de la croix il y a une falsification qui figure dans notre section “Divergences” comme nous l’avons déjà dit, s’y référer pour le constater.). Lorsque l’on sait que c’est le dogme central du christianisme, il y a quand même des questions à se poser quant à sa certitude et son authenticité; la conjecture est à éliminer.

 

Tout ce que les disciples savaient sur leur maître ne leur était parvenu que par ouï-dire. Ils avaient entendu dire que leur maître avait été accroché à la croix, qu'il avait rendu l'âme, qu'il était mort et enterré depuis trois jours. Quiconque serait mis en présence d'une personne qui serait passée par toutes ces étapes, conclurait avoir en face d'elle un fantôme. Aussi, il n'est guère étonnant que ces dix hommes, braves, aient été terrifiés en voyant Jésus(as) vivant parmi eux. En toute logique leur témoignage sur la crucifixion n’a aucune valeur, car quand on n’assiste pas à un événement on ne peut absolument pas en témoigner ! C’est une des bases du droit!