Le christianisme s'est imposé par l'épée Les chrétiens affirment souvent que l'Islam s'est répandu par la force, alors que le Christianisme s'est répandu par la foi. Ce mythe propagé par ces chrétiens a suffisamment été réfuté sur ce blog. En réalité, le Christianisme ne s'est surement pas répandu par la foi et dans la paix, ceci était vrai dès le début, mais très vite ce sont les chrétiens qui vont imposer leur foi sous la contrainte, ceci à l'aide des empereurs et des grands évêques. Au début du Christianisme, comme les chrétiens n'étaient pas puissants, ils étaient obligés de se limiter aux simples conversions, étant donné que les romains les persécutaient. Cependant, dès lors que le Christianisme a été déclaré religion d'État, c'est tout le contraire qui va se produire : A
partir du IVe siècle, le changement d'attitude du pouvoir politique
modifia radicalement les conditions de l'expansion chrétienne : le
christianisme passa d'une situation dans laquelle il était hors-la-loi,
et parfois persécuté, à une situation de liberté, puis de faveur, jusqu'à
ce que son principal rival, le paganisme - ou plutôt ce que l'on met
sous ce terme : les religions traditionnelles reçues dans l'Empire
romain -, soient elles-mêmes mises hors-la-loi. Le christianisme va devenir religion d'État, l'Empire devenir officiellement chrétien.
Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 5. Ainsi, les autres religions vont petit à petit ne plus être tolérées Enfin
l'empereur, sollicité par les évêques, mais aussi convaincu d'avoir un
rôle à jouer dans ce domaine (cf. infra, p.31), intervient lui-même dans
la vie interne de l'Église, convoquant des conciles, imposant des
décisions en matière de dogme ou de discipline et faisant appliquer
celles-ci par le bras séculier. C'est le cas en particulier lors de la
querelle donatiste en Afrique du Nord et de la crise arienne en Orient
(cf. infra, p.302 s. et 317 s.). Un point important est à relever : la
faveur impériale s'adresse à la Grande Église, l'Église catholique : les
dissidents hérétiques ou schismatiques, disciples des gnostiques
Valentin ou Marcion, de Montant, de Paul de Samosate ou même de
Novatien, qui constituent des communautés séparées, sont exclus de sa
bienveillance et durement tancés dans ses écrits. Leurs réunions cultuelles sont interdites, même dans les maisons privées, leurs lieux de culte confisqués. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 9 Tout ce qui n'est pas catholique n'est plus agrée Dès le 3 août, peut-être sous l'influence du pape Damase, Gratien annule les mesures prises à Sirmium l'année précédente : il
interdit les assemblées des hérétiques et ne reconnait même pas à leurs
ministres la qualité de clercs -mais ce sont les donatistes seuls qui
semblent ici explicitement visés
(CT XVI, 5, 5). Quelques mois plus tard, le 28 février 380, un édit
promulgué à Thessalonique par Théodose, sans consultation préalable de
l'ensemble des évêques, précise les critères qui donnent droit au titre
de "chrétien catholique" (XVI, 1, 2); un autre édit, le 10 janvier 381,
fait de même (XVI, 5, 6), ainsi que celui qui est mis après le concile
de Constantinople, en juillet 381 (XVI, 1, 3). Tous ces édits donnent
droit de cité dans l'Empire (au moins en Orient, puisqu'ils sont
adressés au préfet du prétoire d'Orient) au seul christianisme qui
s'accorde avec la foi définie au concile de Nicée, dont est rappelé
brièvement le contenu; ils citent les noms de quelques évêques qui sont
les garants de cette foi. Du même coup tous les dissidents se voient
condamner comme hérétiques. La construction d'églises, les réunions se voient liturgiques - même dans les maisons privées - leurs sont interdites (XVI, 5, 6, 8, 10-12), leurs clercs sont chassés de la capitale
(XVI, 5, 13). En 386 pourtant, un édit de Valentinien II restituait ses
droits "pour l'éternité" à une faction arienne : il faut y voir
l'influence de sa mère Justine, qui était alors de cette faction; cet
édit sera retenu dans le Code Théodosien (XVI, 1, 4) et permettra à
certains Ariens de conserver leurs églises, quoique hors des villes. Mais
il est seul de son espèce, et les lois des années qui suivent, prises
par Théodose pour tout l'empire, prennent à nouveau de sévères mesures
contre tous les hérétiques : ceux-ci n'ont aucun droit aux privilèges de l'Église catholique et font l'objet de diverses interdictions - de
posséder des lieux de culte, de tenir des réunions, d'ordonner des
clercs. Certains de ces groupes, considérés comme plus dangereux, sont
plus violemment réprimés : les Manichéns, dès 381, sont frappés
d'incapacité civile, n'ayant le droit ni de tester, ni d'hériter (CTXVI, 5, 7); en 389, il leur est interdit de résider à Rome (Id. 18°. Les Eunomiens et les disciples d'Aèce - dont l'arianisme est le plus marqué - sont frappés de la même incapacité civile en 389 (Id. 17) : la mesure est rapportée en 394, mais elle est renouvelée par les fils de Théodose en 395 et étendue à tous les hérétiques
(Id. 30). Certes, ces mesures ne sont pas toujours strictement
appliquées : elles indiquent du moins clairement l'orientation d'une
politique, celle où l'État se fait le garant d'une orthodoxie. Ajoutons
que la législation continue de se préoccuper de la conduite des clercs
et qu'elle traduit certaines exigences de la morale chrétienne : ainsi
l'adultère et l'homosexualité sont-ils sévèrement réprimés (IX, 7, 6).
Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 19. Les temples des païens et les synagogues sont détruits La
politique religieuse de Gratien et de Théodose, puis de Théodose seul
lorsque disparait son associé, comporte un second volet visant le
paganisme, que des mesures successives finiront par mettre hors la loi.
Lors de son avènement, Théodose, le premier, refuse le titre et le manteau de Pontifex Maximus, et Gratien y renonce peu après. Ses premiers édits (CT XVI, 7, 1-3) s'en prennent aux apostats
(les chrétiens revenus au paganisme), qui perdent dès 381 le droit de
faire des testaments. La loi est renouvelée en 383, mais aménagée : elle
s'applique strictement aux chrétiens baptisés qui ont abandonnée leur
foi, considérés 'comme étrangers au droit romain", mais elle laisse à
ceux qui n'ont été que catéchumènes le droit de tester en faveur de leur
famille. Gratien reprend et complète cette législation la même année.
Elle est encore durcie par Théodose en 391, au motif que l'abandon de la
communion chrétienne équivaut à s'éloigner du genre humain (CT XVI, 7,
4-5). Ensuite, même si Théodose conserve sa faveur à des païens (ainsi à
Thémistios, préfet de la ville en 381), d'anciennes interdictions
contre les pratiques religieuses traditionnelles sont renouvelées : en
381 et 382, les sacrifices sanglants sont proscrits sous peine de déportation (CF XVI, 10, 7-8); en 385, les pratiques de divination le sont sous peine de mort (ibid., 9). Ces mesures n'allaient pas beaucoup plus loin que celles prises par Constantin lui-même. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 20. Le sénateur Symmaque écrit alors une requête qui en appelle à la tolérance, à la diversité des voies pour parvenir à la vérité religieuse, mais l'évêque Ambroise de Milan réussit, en invoquant la liberté de conscience des sénateurs chrétiens, à empêcher Valentinien II d'accéder à sa demande. Cette intervention d'Ambroise n'est pas la dernière auprès des empereurs. Bientôt il en fait une autre auprès de Théodose, qui aura pour conséquence une période de relations tendus entre les deux hommes. Ambroise a en effet empêché l'empereur, après 388, de rendre justice aux Juifs de Callinicum, dont la synagogue avait été incendiée par les moines : Théodose avait condamné l'évêque du lieu à la reconstruire, mais Ambroise avait objecté qu'un évêque ne pouvait pas rebâtir un "temple de l'erreur", demandé et obtenu l'annulation de cette décision. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 21. Théodose II déclare en 435 que les temples, "s'il en reste encore d'intacts", doivent être détruits, et leur emplacement purifié par l'érection d'un signe chrétien; dans la même loi il interdit encore les sacrifices (ibid., 25). Le code Théodosien, qu'il fait compiler en 438, reprend toutes les lois promulguées entre 312 et 437 et visant à la destruction du paganisme, leur donna ainsi une portée plus vaste (beaucoup n'avaient été adressées qu'à un préfet du prétoire ou de la ville, un gouverneur de province, etc.). D'autre part, si la législation du IVe siècle avait visé les seules institutions du culte public, celle des Ve et VIe siècles s'en prend aux personnes elles-mêmes. Les païens perdent peu à peu leurs droits civiques : Honorius, en 408, les exclut des services du palais (ibid., XVI, 5, 42), Théodose II, en 415, de l'armée et de l'administration (ibid., XVI, 10, 21). Léon Ier, en 463, les déclare incapables d'ester en justice; Anastase, en 505, leur interdit les charges municipales. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 23. Persécution des Juifs Nous
avons vu qu'au IVe siècle la situation légale des Juifs n'avait pas
beaucoup changé, bien que quelques lois déjà aient commencé à
restreindre leurs droits. A partir du Ve siècle, les restrictions se
multiplient : Arcadius, puis Théodose
II limitent leur accès à des fonctions publiques, désignent leur
religion comme une superstition, leur interdisant de construire de
nouvelles synagogues, de pratiquer des rites qui paraissent moquer le
christianisme (ainsi la coutume de brûler des croix - ou plutôt des potences - lors de la fête de Pourim), de déshériter leurs enfants qui se convertissaient au christianisme, de circoncire un chrétien (CT XVI, 8, 16, 18, 24, 28, 38), d'épouser un chrétien, de posséder des esclaves chrétiens (III, 7, 2; 1, 5). Une loi de 415 affecte au fisc les taxes que les prêtres juifs recevaient de leurs fidèles (XVI, 8, 29). Honorius tient la conversion d'un chrétien au judaïsme pour un sacrilège, qu'il punit de mort (XVI, 8, 19). Justinien
assimile les Juifs aux hérétiques, ce qui accroît le nombre de leurs
incapacités juridiques. Il leur interdit de témoigner en justice
contre les chrétiens (CF I, 5, 21; Nov. 54, 1) et de posséder des esclaves chrétiens (CF I, 3, 54, 8; Nov. 37, 7), il supprime les privilèges des curiales juifs en en maintenant les obligations (Nov. 45, pr.), fait détruire des synagogue ou les fait transformer en églises (Nov. 37, 8).
Il se mêle même de légiférer sur les rites que les juifs doivent
observer, leur interdisant de célébrer la Pâque lorsque celle-ci
survient avant celle des chrétiens, leur recommandant de lire la Bible
dans les synagogue dans la version de la Septante, proscrivant
l'exégèse talmudique, menaçant même de peines sévères ceux qui ne
croiraient pas à la résurrection, au jugement, aux anges (Nov. 146)! Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 25-26. Les chrétiens détruisent les temples des Païens Ainsi,
à l'époque de Constantin, alors que peu de lois avaient autorisé la
destruction des temples, l'évêque d'Aigai dépouille le temple
d'Asclépios de sa colonnade extérieure. Sous
Constance II, on connait plusieurs cas où des évêques récupèrent
l'emplacement d'édifices païens : l'évêque Georges d'Alexandrie fait
détruire un sanctuaire désaffecté de Mithra pour élever une église;
l'évêque Marc d'Aréthuse fait bâtir une église à l'emplacement d'un
enclos sacrée; la population chrétienne de plusieurs villes d'Orient -
Césarée de Cappadoce, Ephèse - démolit les temples locaux. Sous
Théodose, les destructions sont nombreuses en Orient : Libanius s'en
plaint dans son petit ouvrage Pour les temples, sans doute à la suite
des destructions opérées par Cynégios, préfet du prétoire de 384 à 388
et exécutant zélé (encouragé par sa femme) de la loi de 385 contre les
sacrifices. A Alexandrie, en 391, l'évêque Théophile fait donner l'armée
pour détruire le temple le plus célèbre, le Sérapeum, évenement qui a
un très grand retentissement. Il détruit aussi d'autres temples à Alexandrie et à Canope. Les moines, parfois poussés par les évêques, sont d'ardents exécutants de cette politique. En Egypte, des troupes de moines sous la direction de Chenouti d'Atripe détruisent en grand nombre les temples ruraux. D'autres sévissent en Phénicie : Jean Chrysostome les encourage à ne pas craindre les réactions des païens, il finance leur séjour, leur fournit des ouvriers qui sauront effectuer les démolitins. En Bithynie, le moine Hypatios, dès qu'il entend parler d'un arbre sacré, prend avec lui ses compagnons, et ils vont abattre et brûler celui-ci. Les exemple occidentaux ne manquent pas non plus : Martin de Tours fait des tournées d'évangélisation avec ses moines, lors desquelles il détruit lui aussi des arbres sacrés et des temples de campagne, se faisant appuyer, à l'occasion, par la force publique. Le zèle destructeur des moines peut aller au-delà de ce qui est autorisé, ainsi lorsqu'ils incendient, en 388, la synagogue de Callinicum. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre deux, Les acteurs et les méthodes de l'expansion chrétienne, page 41-42. Mais les chrétiens ne se sont pas limité à persécuter les autres religions, ils ont aussi attaquer les adeptes et en pratiquant la conversion forcé et en punissant les apostats. En effet, le rôle de l'empereur est d'imposer la foi Les devoirs de l'empereur envers l'Église Dans cette perspective, il est clair que l'empereur a une mission particulière envers l'Église. Première obligation : répandre la foi. C'est là sans doute le sens de l'expression "évêque de ceux du dehors" que s'attribue Constantin. Ambroise de Milan, dont l'influence sur Théodose fut considérable lorsque celui-ci établit sa capitale à Milan, entre 388 et sa mort, considère de même, dans la ligne d'Eusèbe, que le devoir de l'empereur chrétien est de répandre la foi catholique, voire de l'imposer - c'est là, assure-t-il, l'unique moyen d'assurer l'unité, et par conséquent la prospérité de l'Empire. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 30. Les conversions forcées sont nombreuses La lutte contre les survivances païennes La politique de répression, dont le succès même apparaissait à beaucoup de païens comme une sorte de jugement de Dieu, provoqua un grand nombre de "conversions", mais beaucoup de ces nouveaux chrétiens n'étaient devenus tels que par opportunisme ou par crainte. Ce ne fut pas sans poser des problèmes à des responsables ecclésiastiques, d'autant plus que la tradition ancienne, qui se reflète bien dans toute la procédure adoptée pour donner le baptême, supposait un choix libre. Mais on vit s'élaborer alors une théorie qui vantait les bienfaits de la contrainte. L'évêque Porphyre de Gaza l'exprime par exemple en disant : "Il y a des vertus que les hommes doivent en quelque sorte aux tribulations...Si les païens viennent en hésitant à notre sainte foi, le temps peut bien avec l'aide de Dieu attendrir leurs cœurs" (dans Marc Diacre, Vie de Porphyre, 57-58). Augustin lui aussi, dans les débats autour de la conversion forcée des donatistes d'Afrique, écrira : "Il ne faut pas considérer la contrainte en soi, mais considérer ce à quoi vise la contrainte, si c'est au bien ou au mal" (Augustin, Ep. ad Vincentium, 93, 5). Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre deux, Les acteurs et les méthodes de l'expansion chrétienne, page 43. On oblige les non-chrétiens à se faire baptiser et on persécute et tue les apostats et les idolâtres Au terme de cette évolution, c'est l'empereur
Justinien qui prend les mesures les plus rigoureuses : en 529, une
de ses constitutions interdit pratiquement la liberté de conscience :
les païens sont obligés de se faire instruire dans la religion
chrétienne et de recevoir le baptême, sous peine d'exil ou de
confiscation de leurs biens : "Tout ceux qui n'ont pas encore reçu le baptême doivent se signaler, qu'ils résident dans la capitale ou dans les provinces, se rendre dans les très saintes églises, avec leurs femmes, leurs enfants et toute leur maison, et s'y faire instruire dans la vraie foi des chrétiens. Et une fois ainsi instruits et ayant rejeté sincèrement les erreur antérieure, qu'ils soient jugés dignes du baptême salvateur. S'ils désobéissent, qu'ils sachent qu'ils seront exclus de l'État et qu'il ne leur sera plus permis de rien posséder, bien meuble ou immeuble; dépouillés de tout, ils seront laissés dans l'indigence, sans préjudice des châtiments appropriés dont on les frappera" (CF 1, 11, 10). La suite du texte prévoit la peine de mort pour ceux qui, une fois baptisés, reviendraient au paganisme et participeraient à des cérémonies clandestines. D'autres part, l'enseignement est interdit aux païens (ils n'ont plus droit à des pensions publiques), ce qui a pour conséquence la fermeture définitive de l'école philosophique d'Athènes. Ceux qui y enseignaient la philosophie, le droit, l'astronomie, eurent à choisir entre le baptême et l'exil : Damascius et six de ses compagnons philosophes partirent en Perse, répondant aux avances de Chosroès II, mais ils ne tardèrent pas à en revenir (Chosroès aurait obtenu pour eux de Justinien qu'il leur laissât la liberté de conscience, mais l'épisode est peut-être légendaire). Par ailleurs, Justinien envoie des missions dans des régions de l'Empire restées païennes, ainsi en Asie et Phrygie. Lui-même veille personnellement à ce que soit appliquée sa politique, et il s'y investi personnellement : après son édit de 529 obligeant tous les païens à se faire baptiser, des procès s'attaquent à des récalcitrants, souvent de rang aristocratique; l'empereur lui-même entre en discussion avec des Manichéens, qu'il fait exécuter ensuite parce qu'ils n'ont pas voulu se laisser convaincre. Des irréductibles se suicidèrent. Notons enfin que, sous son règne, un certain nombre de thèses attribuées à Origène furent condamnées en tant que dangereuses survivances des "mythes grecs", autrement dit du paganisme. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 23-24. Constance
faisant preuve dans ce domaine d'une grande libéralité, sur laquelle
lui-même et ses successeurs chrétiens devront parfois revenir. Déjà
partiellement dispensés par Constantin d'un certain nombre de charges
(dont les charges curiales), les clercs le sont par son fils de taxes
extraordinaires (le chrysargyre, pour les clercs qui font du petit
commerce), de l'impôt foncier (mesure rapportée en 360 et réservée aux
bien d'Église); les procès des évêques sont réservés à un tribunal
d'évêques. Leur législation fait preuve par ailleurs d'un grand souci de
moralité. Celle de Constance interdit les conversions de chrétiens aux Judaïsme (CT XVI, 8, 7). Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 12. On comprend donc pourquoi le Christianisme a fait pour se propager. De plus, cette religion s'est aussi propagée par les richesses. Par exemple, Constantin, étant empereur romain, a su donner plusieurs biens pour la construction d'édifices chrétiens : Les sentiments de l'empereur se manifestent aussi par une série de mesures concrètes en faveur de l'Église chrétienne : des
dons d'argent, de terrains, de palais (ainsi celui du Latran à
Rome), de matériaux de construction lui sont accordés; de riches
basiliques - à Rome, à Constantinople, à Jérusalem - sont
construites avec l'aide financière de l'État, parfois sur
l'initiative même de l'empereur; des privilèges sont donnés aux clercs, dispensés de nombreuses charges (CT XVI, 2, 2). Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 8. D'autres fois, les conversions sont motivées par la sécurité : Mais
les empereurs, après Justinien, ne se contentent pas de réprimer ou
d'essayer de convertir les non-chrétiens de leur Empire : ils cherchent
aussi à convertir les païen qui se trouvent hors de l'Empire, dans
les bus ou les royaumes "barbares". Justinien en fait de même
une véritable politique (il inspire déjà cette politique à son oncle
Justin), les tribus converties devenant ainsi des alliées de l'Empire
et le protégeant d'autres tribus devenant ainsi des alliées de
l'Empire et le protégeant d'autres tribus restées païennes. En
522, lorsque Tzath, roi des Lazes, pour échapper à l'investiture du
roi des Perses, se réfugie à Constantinople, il doit se faire baptiser; on lui donne les insignes royaux et une patricienne pour épouse, mais il devient un vassal de Byzance. De même, en 528, Justinien est le parrain du roi des Hérules établis sur le Danube, toute la nation de celui-ci se convertissent au christianisme.
Il agit de même avec Grod, roi des Huns de Chrersonèse Taurique, mais
celui-ci est mis à mort par ses sujets à son retour. Il envoie un
évêque aux Abasges (dans le Caucase), aux Goths du Palus Méotide (en
Crimée), des missions chez les Nobades ( en Nubie). Justin II en
envoie de même aux Garamantes (dans le Fezzan). Héraclius, en 618, est
le parrain du chef hunno-bulgare Kuvrat, qui se fait baptiser avec
plusieurs membres de sa tribu. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 24-25. Ou encore par admiration au peuple romains : Un
cas tout à fait particulier, celui de la Perse, le grand rival en
Orient de l'Empire romain, souvent en guerre avec lui. Le christianisme
devait y souffrir à maintes reprises d'être la religion de l'ennemi
héréditaire, et cette situation se retrouva également dans les pays du
Caucase, zone d'influence disputée entre les deux Empires. En revanche,
chez les peuples barbares qui allaient peu à peu envahir l'Occident
et y établir des royaumes indépendants, la situation fut tout à fait
différente. La diffusion du christianisme devait être favorisée d'abord par le caractère assez sommaire de leur organisation politique. Régis par une autorité patriarcale, ces peuples étaient moins des États que des nations :
il suffirait donc souvent que leur chef accueille favorablement la
nouvelle religion pour que tous ses "sujets" le suivent : lorsque Clovis
se fit baptiser, ce fut en compagnie de 3000 de ses guerriers. Autre
facteur qui joua en faveur du christianisme : le fait qu'il venait de
l'Empire romain. Pour beaucoup de peuples barbares, même lorsqu'ils étaient des envahisseurs (à l'excéption notable des Huns d'Attila), l'Empire était l'objet de l'admiration, voire de l'envie, et sa religion ne pouvait que susciter l'intérêt, d'autant qu'elle permettait une assimilation souvent recherchée. Romanisation et christianisation allaient de pair : Ambroise de Milan, écrivant à la "reine" des Marcomans Fritigil, l'invite à la fois à se convertir et à s'entendre avec les Romains. Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier, La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 33-34. Pour conclure, on peut dire que le Christianisme, en dehors des premiers temps où il ne disposait de pas beaucoup de fidèles, s'est ensuite propagé non par la foi mais par l'épée et la contrainte. Ce n'est pas rien que de détruire les temples des païens, d'interdire de pratiquer une foi autre que celle des catholiques, d'obliger les gens à se faire baptiser, de punir de mort les apostats, etc... Encore une fois la supercherie d'un Christianisme tolérant est réfutée. |