Moi et le Père nous
sommes Un !
As-Salâmou 'Aleicum wa rahmatullah wa ta'âla wa barakatuhuQue la paix et la miséricorde de Dieu soit sur vous ! *
Auteur Mouminbilah - écrit le 27/03/2010
IntroductionSaches, ô lecteur, que le but de cet
article est d'éclaircir cette parole du Christ : "Moi et le Père nous sommes un" (Jn 10,30).
Les chrétiens prétendent que ces paroles font de Jésus Dieu
Tout-Puissant.
Mon argumentation sera construite comme suit : dans un premier
temps je parlerai du contexte de cette phrase, ensuite je démontrerai
qu'on peut retrouver la même sentence dans la Bible au sujet d'autres
personnes. Je finirai ensuite par expliciter cette phrase du Christ à la Lumière des
Écritures Saintes. Puisses Allah me guider dans cette tâche !
Le contexteNous lisons dans l'évangile selon Jean au chapitre 10 : "25 Jésus
leur répondit : Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au
nom de mon Père rendent témoignage de moi. 26 Mais vous ne croyez pas, parce que
vous n'êtes pas de mes brebis. 27 Mes brebis entendent ma voix ; je
les connais, et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle ; et
elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. 29 Mon Père, qui me les a
données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la
main de mon Père. 30 Moi et le Père nous
sommes un. 31 Alors les Juifs prirent de nouveau
des pierres pour le lapider. 32 Jésus leur dit : Je vous ai fait voir
plusieurs bonnes œuvres venant de mon Père : pour laquelle me
lapidez-vous ? 33 Les Juifs lui répondirent : Ce n'est point pour
une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce
que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. 34 Jésus leur répondit : N'est-il pas écrit dans
votre loi : J'ai dit : Vous êtes des dieux ? 35 Si elle a appelé dieux
ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut
être anéantie, 36 celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui
dites : Tu blasphèmes ! Et cela parce que j'ai dit : Je suis le Fils de
Dieu. 37 Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me
croyez pas. 38 Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez
point, croyez à ces œuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que
le Père est en moi et que je suis dans le Père." (Jn, 10,25-38)
Nous voyons bien dans ce
passage que Jésus n'a jamais affirmé être l'égal de Dieu et cela est
rappelé à plusieurs reprises. "Les œuvres que
je fais AU NOM de mon Père", dit Jésus, "rendent témoignage de moi" (Jn 10,25). Il
ajoute que son Père "est plus grand que tous" (Jn 10,29). Paradoxalement, le même passage utilisé par les
chrétiens pour affirmer la divinité du Christ montre l'exact contraire !
Quand Jésus dit que lui et le
père sont un, on notera la réaction des Juifs qui s'apprêtaient à le
lapider. "Je
vous ai fait voir plusieurs bonnes œuvres venant de mon Père",
dit Jésus avant d'ajouter "pour laquelle me
lapidez-vous ?" (Jn 10,32) Ce à quoi ils
répondent "Tu te fais Dieu" (Jn 10,33).
Les chrétiens devraient réfléchir maintenant aux paroles qui
vont suivre. Jésus, connaissant les lois judaïques, leur répond d'après
leurs propres écritures : "N'est-il pas écrit
dans votre loi : J'ai dit : vous êtes des dieux ?" (Jn 10,34). En d'autres termes Jésus renvoie les Juifs à leurs
propres écritures et il faisait référence à cette parole qu'on retrouve
dans les Psaumes 82 :
6 J'avais dit:
Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très Haut. 7
Cependant vous mourrez comme des hommes, Vous tomberez comme un prince
quelconque.
Notez bien que
le passage que Jésus utilise stipule que Dieu a appelé Ses serviteurs
parmi les humains "des dieux" et
qu'ils sont tous "fils du Très Haut".
Le passage ajoute, afin de lever toute ambiguïté, "cependant vous mourrez comme des hommes". Quand
Jésus utilise ce passage pour clarifier ses propos, il réfute par là,
l'interprétation littérale des Juifs comme il le fait ailleurs en
leur répondant : "vous ne comprenez ni les
Écritures, ni la puissance de Dieu" (Mt 22,29 ; Mc 12,24).
En d'autres termes, Jésus veut
dire ceci :
« Dans votre Thora, on vous a appelé dieux. Vous n'êtes
cependant pas réellement des dieux. Ce terme vous a été cependant
appliqué dans un certain sens et ce sens est que la Parole vous a été
adressée, et moi, je partage cela avec vous. »
Comme
on le voit, le contexte de cette sentence christique ne permet nullement
de conclure à une quelconque divinité du Christ, bien au contraire !
Je t'invite,Ô
lecteur, à méditer attentivement sur ce qui va suivre. Le passage
présente une incohérence qui a été relevée même par les savants
chrétiens. Jésus, reprenant les Juifs, s'explique après avoir montré à
ces derniers que leur interprétation littérale était erronée. Il dit : "celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde,
vous lui dites : Tu blasphèmes ! Et cela parce que j'ai dit : Je
suis le Fils de Dieu."
Malheureusement, les Juifs n'ont pas lapidé Jésus parce qu'il
avait dit qu'il était le "fils de Dieu" mais parce qu'il avait dit "moi et le Père sommes un". Il semblerait que l'évangéliste ai rassemblé et rapporté
plusieurs traditions en même temps sans tenir compte de la cohérence et
de l'homogénéité des sources. Malgré cette incohérence textuelle, saches
que ce passage démontre que se déclarer "fils de Dieu" n'est pas un
blasphème et que Jésus ne l'utilisait pas au sens transcendant du terme. Les partisans de la divinité du
Christ ajoutent que le passage confirme leur point de vue car la fin du
passage stipule que le Christ fait ces miracles afin, comme il le dira
lui-même, "que vous sachiez et
reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père." (Jn 10,38).
Or cette interprétation littérale pose d'énormes problèmes,
car Jésus le reconnaitra plus loin "En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père,
que vous êtes en moi, et que je suis en vous." (Jn 14,20) et
encore plus loin il ajoute "Je leur ai
fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour
dont tu m'as aimé soit en eux, et que je sois en eux." (Jn
17,26).
Comme
nous le voyons, l'interprétation littérale du texte est à exclure pour
les raisons évoquées précédemment. Je vais maintenant démontrer que la
même expression est utilisée au sujet d'autres personnes dans le texte
sacré des chrétiens.
Père Saint, Garde en ton
nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous !
Certains partisans de la
divinité du Christ s'obstinent à s'accrocher à ce passage pour soutenir
le caractère divin de leur maitre. Cependant, nous lisons dans le
Nouveau Testament que le Christ a employé la même expression en parlant à
ses disciples :
"11 Je
ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi.
Père
saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un
comme nous. 20 Ce n'est pas pour eux seulement que
je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, 21 afin que tous soient
un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux
aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. 22 Je leur ai donné la
gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, 23 moi en eux, et toi en moi,
afin qu'ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu
m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé."
(Jean 17:20-23)
Jésus
emploie ici la même expression au sujet de ses disciples. Le
même "Un" est utilisé pour parler de ces derniers. Est-il nécessaire de
commenter ce passage ? Si les partisans de la
divinité affirment que le Christ est Dieu parce qu'il a dit qu'il était
un avec le Père, alors ils doivent revoir leur conception de la Trinité
et la changer en une croyance en un Dieu divisé en 15 personnes : Le
Père, le fils, le saint-esprit et les douze apôtres ! Or, il apparait
clairement qu'aucun partisan de cette doctrine n'admettra cette
éventualité.
Clarification par les Écritures Saintes L'interprétation correcte de cette union de
Jésus avec son Père doit se faire à la lumière de tous les passages
bibliques. En effet, il existe pourtant dans les évangiles, des passages
qui témoignent de l'humanité pure et simple de Jésus et d'autres qui
témoignent que lui attribuer la divinité est chose impossible. Mais
avant cela, il me faut poser deux principes sur lesquels les exégètes
sont d'accord :
- Le premier
est que les passages qui se présentent, s'ils sont
d'accord avec la raison, doivent être pris dans le sens littéral. Si au
contraire, ils contredisent l'évidence raisonnable, il faut les
interpréter : leur sens littéral n'est pas celui qu'on a voulu exprimer
et il faut les ramener au genre métaphorique.
- Le second principe est que s'il se
rencontre des assertions contradictoires, les unes affirmant une vérité,
les autres la repoussant, on ne les laissera dans cette opposition
qu'après s'être senti impuissant à les concilier, parce que la
conciliation est effectivement impossible et qu'elles n'admettent aucun
accord de convergence vers une signification commune.
Ces deux principes posés, on peut
maintenant comparer la formule "Moi et le Père nous sommes un"
(Jn 10,30) avec d'autres formules qu'on rencontre dans les évangiles.La première chose qui frappe l'esprit avec les partisans de la
divinité du Christ c'est qu'en prenant littéralement cette sentence,
ils en contredisent des dizaines d'autres dans le texte évangélique. On
peut se poser la question suivante :
Comment
peut-on croire que Jésus et Dieu forment une seule et même union alors
que leurs volontés sont distinctes dans plusieurs cas ?
Je vais citer plusieurs passages qui prouvent bien qu'il faut
distinguer entre les deux volontés. En effet, nous lisons dans
l'évangile selon Marc au chapitre 11 : "Le lendemain, après qu'ils furent
sortis de Béthanie, Jésus
eut faim. Apercevant de loin un figuier
qui avait des feuilles, il
alla voir s'il y trouverait quelque chose;
et, s'en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n'était pas la saison des figues." (Mc 11,12-13)
Je dis que
ce passage prouve qu'il y a deux Volontés bien distinctes. La première,
celle de Jésus qui eut faim. La deuxième, Celle de Dieu qui a déterminé
les saisons. Notez que
dans ce passage, la Volonté de Jésus voulait des dattes mais La Volonté
divine qui régit ce monde en a décidé autrement !
Autre
exemple flagrant. La célèbre prière de Gethsémani est très révélatrice
quant à la distinction qu'il faut opérer entre les deux volontés. En
effet, nous lisons dans l'évangile selon Matthieu au chapitre 26 :
"Puis, ayant fait quelques
pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi: Mon Père, s'il est possible, que
cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce
que tu veux." (Mt 26,39)
Ce passage montre clairement qu'il y a deux volontés en action
ici. La volonté propre à Jésus qui ne voulait pas se faire crucifier et
Celle de Dieu qui en a décidé autrement (selon les croyances
chrétiennes) ! Maintenant citons un
florilège de versets qui marquent de manière claire la distinction des
deux volontés. "que ton règne vienne; que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel." (Mt 6,10)
"Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! N’entreront pas
tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon
Père qui est dans les cieux." (Mt 7,21)
"Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant,
il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père." (Mt 10,29)
"Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux,
celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère." (Mt 12,50)
"Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là
est mon frère, ma sœur, et ma mère." (Mc 3,35)
"Jésus leur dit: Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui
m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre." (Jn
4,34)
"Je ne puis rien faire
de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste,
parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a
envoyé." (Jn 5,30)
"car
je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de
celui qui m'a envoyé." (Jn 6,38)
"Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est
que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le
ressuscite au dernier jour." (Jn 6,39)
Avec tous les exemples cités , il
apparait clairement que deux volontés distinctes l'une de l'autre ne
peuvent pas être unie au point de se confondre. Comment dans
ce cas, l'Union Parfaite peut-elle exister entre ces deux entités ? Il faut donc rechercher une autre explication à ce passage (Moi et le Père sommes un). Pour comprendre
cette union, il faut en effet se rappeler les paroles suivantes de Jésus
:
"Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit,
reçoit
celui qui m'a envoyé." (Mt 10,40) "Celui qui vous écoute
m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m'a
envoyé." (Lc 10,16)
Notez que se Jésus se met au même plan que ses disciples. En
effet, celui qui reçoit les apôtres reçoit Jésus, et celui qui reçoit
Jésus ne reçoit, en réalité que Dieu. De même que celui qui rejette les
apôtres, rejette au final Dieu. Jésus faisait ici allusion aux paroles
de Dieu, car comme il le dit lui-même :
"Celui qui ne m'aime
pas ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n'est pas de moi, mais du Père
qui m'a envoyé."
(Jn 14,24)
Voila pourquoi
Jésus a dit qu'il était un avec Dieu, car Jésus était la
représentation de Dieu sur terre. Ainsi, Jésus et Dieu avaient le même
but, le même objectif. C'est dans ce sens qu'il faut voir l'union.
Et cela ne veut nullement dire que sa volonté propre est la même que
Celle de Dieu. Comme nous l'avons vu, Jésus utilise lui même cette
expression à propos de ses disciples : « Père saint, garde en ton
nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous ».
(Jn 17,11) Le même "Un" est utilisé ici à propos des disciples du Christ.
Cette unité n'entraine pas une communion parfaite au point de confondre
les éléments la composant. En réalité quand Jésus dit qu'il est Un avec
le Père tout comme pour ses disciples, il veut dire ceci :
J'ordonne
ce que Dieu ordonne, j'interdis ce que Dieu interdit, j'aime ce que
Dieu aime et je déteste ce que Dieu déteste, par cela je manifeste
réellement la volonté divine.
Il existe en
Islam d'innombrables traditions de ce genre, nous lisons par exemple
dans le Sahih d'Al-Boukhârî, le hadith divin (qudsi) suivant dans lequel
Dieu dit :
ما تقرب إلي عبدي
بشيء أحب إلي مما افترضت عليه وما يزال عبدي يتقرب إلي بالنوافل حتى أحبه
فإذا أحببته كنت سمعه الذي يسمع به وبصره الذي يبصر به ويده التي يبطش بها
ورجله التي يمشي بها
« [...]Ceux
qui veulent se rapprocher de Moi, n'y arriveront jamais mieux qu'en
accomplissant Mes préceptes. Puis Mon serviteur ne cessera de se
rapprocher de Moi par les œuvres surérogatoire jusqu'à ce que Je l'aime.
Et quand Je l'aurai aimé, Je serai pour lui son ouïe par laquelle il
entend, sa vue par laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et
son pied par lequel il marche [...] ». [1]
Or il n'est pas possible que le Créateur soit proprement
présent dans chacun de ces membres ou qu'Il soit ces membres eux-mêmes.
Mais le serviteur qui a fait tous ses efforts pour obéir au Créateur,
Dieu lui donne en retour force et assistance. Grâce à cela, il est mis
en mesure de parler avec sa langue et d'accomplir des exploits avec ses
mains, et toute autre œuvre qui le rapproche d'avantage de Dieu. C'est
ainsi que celui qui donne à un autre de pouvoir frapper de l'épée, alors
que sans lui il n'aurait pu le faire, dirait: « Je suis la main avec
laquelle tu frappes ». C'est là un genre de métaphore dont l'emploi
est correct, parfaitement licite et incontestable.
Ainsi quand
l'unité entre le serviteur et Dieu est parfaite, et cette unité ne se
manifeste que quand le serviteur appliquera les préceptes de Son Maitre,
alors le serviteur devient "Un" avec Son Créateur au point où Dieu
devient : "l'ouïe par laquelle tu entends, la vue par laquelle tu
vois, la main par laquelle tu saisis et le pied par lequel tu marches". Ce n'est qu'en se rapprochant de
Dieu, en
aimant ce qu'Il aime, en détestant ce qu'Il déteste, en interdisant ce
qu'Il interdit, et en ordonnant ce qu'Il ordonne qu'on manifeste
réellement Sa Volonté.
Ainsi avons-nous démontré par
l'aide de Dieu qu'il ne fallait pas prendre littéralement cette sentence
de Jésus.
Allah
Sait mieux ce qu'il en est - Allahou A'lam. Que la paix sur ceux qui suivent le droit chemin !
Références : [1]
Sahih
Al-Boukhârî hadith n°6502 Note : Je me suis servi du texte de l'imam Al-Ghazâlî sur la réfutation de la divinité du christ.
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