II - DISCUSSION DES TEXTES ÉVANGÉLIQUES 1 - Passages métaphoriques ayant trait à la Divinité de Jésusa) Premier passage - « Moi et le Père sommes Un »Le premier passage est donné par Jean dans son Évangile au chapitre 10: « Moi et le Père, nous sommes Un. Les Juifs s'emparèrent alors de pierres pour le lapider. Il leur répondit en disant: "je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres venant de mon Père. Pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ?" Les Juifs répondirent: "ce n'est pas à cause des bonnes œuvres que nous te lapidons, mais à cause du blasphème, car alors que tu es un homme, tu te fais Dieu." - Jésus leur répondit: "N'est-il pas écrit dans votre livre sacré [Thora] « J'ai dit : Vous êtes des dieux. » - Si donc « elle a appelé "dieux" ceux à qui la Parole a été adressée -et «l'Écriture ne peut être anéantie - à combien plus forte raison «celui que le Père a sanctifié et qu'il a envoyé dans le monde ! » [Jean 10:30-36] Nous répondons: Ce passage est en faveur de la thèse que nous voulons établir à propos de la question de l'union. Voici comment: Lorsque les Juifs reprochèrent à Hadrat 'Issa sa déclaration « Moi et le Père, nous sommes Un », et c'est là proprement toute la question de l'union, croyant qu'il entendait ces paroles « Moi et le Père, nous sommes Un », dans leur signification littérale, et qu'il serait ainsi réellement Dieu, il écarta leurs reproches, en déclarant qu'il parlait en manière de métaphore. Puis il leur montra le fondement de la métaphore leur proposant une comparaison. Il leur dit: « Dans votre Thora, on vous a appelé dieux. Vous n'êtes cependant pas réellement des dieux. Ce terme vous a été cependant appliqué dans un certain sens et ce sens est que la Parole vous a été adressée, et moi, je partage cela avec vous. » Nous trouvons aussi dans notre livre sacré, le Coran, quelque chose de semblable. Le Maître des Prophètes a dit en s'exprimant au nom de Dieu le Très-Haut : « Ceux qui veulent se rapprocher de Moi, n'y arriveront jamais mieux qu'en accomplissant Mes préceptes. Puis Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les œuvres surérogatoire jusqu'à ce que Je l'aime. Et quand Je l'aurai aimé, Je serai pour lui l'oreille par laquelle il entend, l'œil par lequel il voit, la langue par laquelle il s'exprime, la main par laquelle il accomplit des exploits ». [Hadith qudsi, cité dans Sahih Al-Boukhâri n°6021] Or il n'est pas possible que le Créateur soit proprement présent dans chacun de ces membres ou qu'Il soit ces membres eux-mêmes. Mais le serviteur qui a fait tous ses efforts pour obéir à Dieu, Dieu lui donne force et assistance. Grâce à cela il est mis en mesure de parler avec sa langue et d'accomplir des exploits avec ses mains, et toute autre œuvre enfin qui rapproche de Dieu. C'est ainsi que celui qui donne à un autre de pouvoir frapper de l'épée, alors que sans Lui il n'aurait pu le faire, dirait: « Je suis la main avec laquelle tu frappes ». C'est là un genre de métaphore dont l'emploi est correct, parfaitement licite et incontestable. 'Issa, d'ailleurs, a indiqué dans ce passage le sens de la métaphore, en disant: « Parce que la Parole leur a été adressée ». Or il est impossible qu'il veuille entendre par Parole une expression matérielle formée de lettres, mais plutôt, a-t-il voulu dire par ce mot « Parole » un secret venant de Dieu, qu'il confie à qui il veut d'entre ses serviteurs. Ce secret leur apporte assistance pour supprimer l'obstacle qui les sépare de Dieu. Ils en arrivent ainsi à ne plus aimer que ce qu'Il aime, à ne haïr que ce qu'il hait, à répudier tout ce qui lui déplaît, à ne désirer que ce qu'Il désire, en toute parole ou action qui conviennent à sa Majesté (divine). Quand, par la faveur divine, ils ont été amené à cet état, ils réalisent en eux la disposition fondamentale qui justifie la métaphore. La légitimité de cette interprétation, par le recours au sens métaphorique ci-dessus, est démontrée par le fait que 'Issa lui même s'est défendu de vouloir user, dans ce passage, du sens propre exprimant l'union, en disant: « Combien plus celui que le Père a sanctifié et qu'il a envoyé » ! Il s'y est nettement proclamé Envoyé de Dieu est s'est défendu de prétendre à la divinité comme les Juifs l'avaient cru. Il s'est attribué, par contre, les prérogatives des prophètes et la supériorité de ce rang sur ceux qui ne le sont pas, par ces paroles: « Combien plus celui qu'il a sanctifié et qu'il a envoyé ». C'est-à-dire: « je partage avec vous la disposition fondamentale qui justifie la métaphore et je vous dépasse de tous les degrés et de la prophétie et de la qualité d'Envoyé ». En effet, si l'exemple qu'il leur a proposé n'écartait pas d'une manière décisive le sens littéral que les Juifs s'étaient imaginé, en cela il les eût trompés et il eût égaré leur croyance. Or l'erreur dans ce domaine conduit à la colère de Dieu, ce qui ne convient pas aux Prophètes et aux Envoyés qui ont charge de guider vers la Vérité. Car retenir la lumière quand le besoin s'en fait sentir, n'est pas permis à un Prophète. Comment en serait-il ainsi pour 'Issa, alors qu'il est dit dans leurs livres (des chrétiens), « qu'il a été envoyé pour le salut du monde », enseignant ce qui doit être attribué à Dieu et ce qui, au contraire, répugne à sa nature. Il serait, en effet, sauveur du monde, s'il leur montrait quel est Dieu à adorer. Si c'était lui-même Dieu qu'il faut adorer et qu'il les eût détournés de cette croyance en leur proposant la comparaison en question, il leur aurait ainsi enjoint d'adorer un autre que lui et les aurait détournés de l'adorer lui-même, étant toujours supposé que c'est lui, Dieu qu'il faut adorer. Ce serait là tromperie et supercherie peu compatibles avec la qualité de celui dont on prétend qu'il est venu pour le salut du monde, moins encore de celui qui du milieu de la foule s'est levé comme conseiller et comme guide, et qui, de plus, s'est réclamé de sa qualité d'Envoyé (Prophète) de Dieu, avec mission de guider et de conseiller. Si l'on dit qu'il ne leur a proposé cette comparaison que pour leur donner le change et pour détourner de sa personne leur malice, nous répondons que la crainte des Juifs ne convient pas à celui qu'ils prétendent être le Dieu de l'univers et le Créateur des Êtres. Je me demande ce que pourra dire encore l'adversaire après que ces vérités lui auront dévoilées à ses yeux plus clairement que le lever du jour et comment il pourra, se refusant à interpréter ce passage et autres semblables, continuer à tâtonner dans la nuit, alors que le fondateur de sa religion l'interpréta lui-même le tout premier. b) Deuxième passage - « Qu'ils soient un avec Toi comme Nous ».Jean, que nous avons déjà mentionné, l'indique dans son Évangile au chapitre 372: « Père Saint, garde-les dans ton nom que Tu m'as donné "afin qu'ils soient un avec Toi comme Nous" ». [Jean 17:11] Ce passage est semblable à celui qui précède. Il confirme que 'Issa (as) rejette le sens propre, en faveur de la métaphore indiquée. La preuve en est que 'Issa (as) prie Dieu pour ses disciples, afin qu'Il les garde dans son Nom comme Il le garde lui-même et que cette protection les conduise à l'union divine. Puis employant la particule de comparaison, il dit: « comme nous », c'est-à-dire que cette unité soit comme mon unité avec Toi. Si donc son unité avec Dieu lui conférait le droit à la divinité, il s'ensuivrait nécessairement qu'il aurait demandé pour ses disciples d'être, des dieux. La seule pensée en est déjà une honte, même pour qui rejette tout contrôle de sa raison; combien plus pour celui qui a gardé la moindre rectitude de pensée! Tout le passage, au contraire, s'appuie sur la métaphore indiquée, à savoir que 'Issa (as) a demandé à Dieu de déverser sur eux Ses dons avec les bienfaits de la sollicitude et de son assistance pour les guider vers le but désiré par Lui et qui est Seul Digne de sa Majesté. Ils en viennent ainsi à ne plus désirer que ce qu'Il désire, à n'aimer que ce qu'Il aime, à ne haïr que ce qu'Il hait, à ne rien dire ni faire qui ne Lui agrée et qu'Il ne souhaite voir arriver. Quand ils ont atteint cet état, la métaphore employée devient alors pleinement légitime. La preuve du bien-fondé de cette explication c'est que celui qui aurait un ami en parfait accord avec ses desseins et ses désirs, de sorte qu'il aime ce qu'il aime, qu'il haïsse ce qu'il hait, il lui serait possible de dire: « Moi et mon ami nous sommes un ». En outre, 'Issa a montré dans le même passage, que son unité avec le Père était métaphorique et que lui-même n'était pas vraiment Dieu. Voici ses paroles: « Qu'ils soient Un avec Toi, comme Nous ». Il veut dire par là: s'ils obtiennent de Toi une assistance qui les amène à ne désirer que ce que Tu désires, leur unité avec Toi sera semblable à ma propre unité avec Toi, puisque telle est ma condition à Ton égard. Je ne désire, en effet, que ce que Tu désires et n'aime que ce que Tu aimes. Pareillement ces autres paroles: « Père Saint, garde-les dans ton Nom! », par lesquelles il implore pour eux Dieu qui détient entre Ses mains les bienfaits et les maux. S'il avait été Dieu lui-même, il aurait été capable de les garder sans implorer l'assistance d'un autre et sans lui demander de les garder. Combien admirables toutes ces indications où il nous prévient de l'emploi du sens métaphorique et nous détourne du sens littéral ! Une déclaration du même genre a été faite par Paul dans la lettre qu'il a envoyée à Corinthe, quand il eut compris la signification de ces passages; il dit: « Celui qui s'appuie sur Dieu devient avec Lui un seul esprit » [1 Corinthiens 6:17]. Cette déclaration montre qu'il y a vu le même sens que nous, et compris que ces passages ne sont pas proposés au sens propre. c) Troisième passage - « Je leur ai donné la gloire.. afin qu'ils soient un comme nous sommes un ».Jean le mentionne dans son Évangile, également au chapitre 372: « Sanctifie-les dans Ta Vérité. Ta parole, en particulier, est la Vérité. Comme Tu m'as envoyé au monde, je les ai aussi en envoyé au monde. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils soient eux aussi sanctifiés dans la Vérité. Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin qu'eux aussi soient un, que tous soient un, comme Toi, Père, Tu es un en moi, et comme je suis en Toi, afin qu'eux aussi soient un en nous pour que le monde croie que Tu m'as envoyé. Et moi je leur ai donné la Gloire que Tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un ». Ce passage est très clair et corrobore ce que nous avons dit. La preuve en est que 'Issa a levé le voile de l'équivoque et a indiqué le sens de la métaphore par ces paroles: « Et moi je leur ai donné la gloire que Tu m'as donnée, afin qu'ils soient un », c'est-à-dire que : « cette Gloire les rassemble dans leur dispersion et fasse que dans toutes leurs actions ils rivalisent de soumission à ton égard, aimant ce que Tu aimes, haïssant ce que Tu hais, désirant ce que Tu désires. Ils deviendront ainsi pareils à un seul homme par la conformité de leurs opinions, de leurs actions et de leurs croyances, comme nous sommes un, c'est-à-dire comme je suis un avec Toi parce que la Gloire que Tu m'as donnée a fait que je n'aime que ce que Tu aimes, ne désire que ce que Tu désires, ne hais que ce que Tu hais, ne déteste que ce que Tu détestes et qu'aucune action enfin, ni aucune parole n'émane de moi, sans que Tu n'y consentes ». Sa condition à l'égard de Dieu étant ainsi établie, il a indiqué ici que lui obéir, c'était obéir à Dieu, et qu'obéir à Dieu c'était aussi lui obéir. C'est là le propre des prophètes envoyés de Dieu. Puis mettant en pleine lumière le sens métaphorique, il a ajouté: « Comme Toi, Père, Tu es en moi, et moi en toi, afin qu'ils soient, eux aussi, Un en Nous », voulant dire par là: « Si leurs paroles et leurs actions rivalisaient pour être en accord avec Ton désir, Ton désir étant le mien, nous serions tous par là comme un seul être, en raison de la conformité de nos volontés ». Il ne s'en tient pas là, par crainte que l'imagination trop faible ne s'attachât à la lettre de ces passages, et il déclare qu'il est un envoyé et dit: « Afin que le monde croie que Tu m'as envoyé ». Il se fait plus explicite encore et déclare: « Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais aussi pour ceux qui croient en moi, afin qu'ils soient tous un, comme nous sommes un », voulant exprimer par là que son unité avec Dieu n'entraîne pas sa propre divinité ; sinon ce serait aussi le cas pour l'unité des autres avec Dieu, puisqu'il lui avait également demandé de les rendre un avec Lui. Admirons donc tout ce qu'il y a de beauté dans ce passage. Des choses évidentes, qu'on déclare prendre dans leur sens vrai ; d'autres qui ont un sens apparent mais on déclare que ce n'est pas ce sens apparent que l'on a en vue, et tant d'autres merveilles enfin dont nos (adversaires) se détournent au passage ! Que Dieu bénisse celui qui a dit: « Combien qui raillent une parole vraie et dont le seul malheur est d'être faibles d'esprit! Les oreilles de chacun n'en retiennent que ce qui est à la mesure de ses aptitudes et de sa science ». Dans le même Évangile de Jean, on trouve le témoignage que l'interprétation donnée plus haut correspond bien au sens qu'on a voulu exprimer: « Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi seulement, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit, voit Celui qui m'a envoyé » [Jean 12:44], ayant fait de la soumission à sa personne la soumission à Dieu lui-même ; puis, se considère comme chargé de manifester ce qui est en Dieu, il dit: « et celui qui me voit, voit aussi Celui qui m'a envoyé » [Jean 12:45], c'est-à-dire: « c'est moi qui manifeste réellement ce qui est en Lui, j'ordonne ce qu'Il ordonne et je défends ce qu'Il défend et toutes mes décisions émanent de Lui ». Or c'est là, la condition des Prophètes fidèles. Et ce qui montre encore de la façon la plus claire que ce n'est pas le sens réel de ces passages que l'on a en vue, mais qu'ils sont employés dans le sens métaphorique dont il a été question, c'est que l'Évangéliste Jean, fils de Zébédée, l'auteur de l'Évangile auquel ces passages sont empruntés, l'un des disciples qui comptent pour eux parmi les plus grands, au point d'être appelé le Bien-Aimé du Maître, lorsqu'il eut compris les acceptions indiquées et que ces passages étaient détournés de leur sens réel vers le sens métaphorique ci-dessus, Jean, dans sa première épitre que l'on trouve au livre des Actes, déclare ce qui suit: « Dieu, nul ne l'a vu. Si donc nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et sa charité est parfaite en nous, et nous connaissons que nous demeurons en Lui et que Lui aussi demeure en nous, parce qu'Il nous a donné de son Esprit. Et nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils "pour le salut du monde" ». [1 Jean 4:12-14] Il y a dit également: « Celui qui confesse que Jésus est le fils de Dieu, Dieu, demeure en lui et lui aussi demeure en Dieu ». [1 Jean 4:15] Ce disciple, vénérable à leurs yeux, a tenu ce langage pour signifier la présence de Dieu disant: « Et par là nous savons que, nous demeurons en Lui et que Lui aussi demeure en nous ». Si donc ce disciple, vénérable à leur yeux, avait compris que la présence dont 'Issa (as) avait parlé dans les passages précédents entraînait la divinité, il se serait attribué la divinité à lui-même et aux autres en disant: « Et par là nous savons que nous demeurons en Lui et qu'Il demeure aussi en nous ». En réalité, ils ne croient pas cela de Lui, ni aucun des autres disciples et adeptes de 'Issa, Il faut donc qu'il ait compris ces passages dans le sens métaphorique signalé par nous. Autre preuve dans le fait qu'il a lui-même laissé entendre le sens métaphorique par ces paroles: « En ce qu'il nous a donné de son Esprit ». Il veut dire par là qu'Il nous a prodigué de sa grâce et de sa perfection, par quoi nous apprenons ce qui convient à sa Grandeur, Il nous a ensuite assistés, pour que nous y conformions notre conduite de sorte que nous ne désirions plus que ce qu'Il désire et que nous n'aimions plus que ce qu'Il aime. On en revient ainsi de nouveau à l'emploi du sens métaphorique indiqué. Il reste cependant dans ce 3ème passage des considérations plus subtiles qu'on ne peut déduire que par l'exercice d'une réflexion attentive. Ainsi, lorsqu'il dit ('Issa): « je leur ai donné la Gloire que Tu m'as donnée », d'après le sens littéral, ce terme est pris dans son acception totale, car 'Issa a désigné d'abord la gloire au sens courant du mot, puis l'a spécifiée en disant: « celle que tu m'as donné », Il semblerait qu'il désigne par là tous les éléments que comprend la Gloire. Comme si quelqu'un disait: « J'ai donné à un tel les dirhems que tu m'as donnés ou le cadeau que tu m'as envoyé » : il semblerait désigner la totalité (des présents). Mais si l'on veut être impartial, l'on verra que ce n'est pas le sens propre que l'on a en vue, car les éléments de la gloire qui lui a été départie comprennent la qualité de prophète et celle d'envoyé, avec tout ce qu'elle comporte: rang, ascension au Ciel et puissance d'accomplir des merveilles extraordinaires. Et toutes ces choses ne sont pas comprises dans ce qu'il donne. D'où la nécessité de prendre le terme dans une acception bien déterminée, autrement, il faudrait le supprimer. Il reste donc que par le « don », il a voulu exprimer qu'il leur communiquait la science ce qui convient à Dieu. Il demanda ensuite pour eux l'assistance toute spéciale d'en haut, pour agir en vertu de cette science. Il dit donc: « Sanctifie-les dans Ta Vérité », c'est- à-dire: « Moi je leur ai fait connaître ce qui convient à Ta Majesté », et c'est là le role des Prophètes-envoyés. « Guide-les maintenant toi même, et assiste-les, afin qu'ils agissent «en conséquence ». C'est là le propre de Dieu qui Seul a le pouvoir de créer les actions (humaines). Si l'on dit: Pourquoi ne serait-il pas possible de comprendre dans la Gloire qui lui a été donnée l'union qui lui a valu d'être Dieu ? (bien qu'il soit prouvé que ce n'est pas ce qu'il a voulu dire et que cette union (spéciale) n'est pas donnée, et qu'elle n'est donc pas visée malgré qu'elle soit comprise sous le vocable général (de gloire). Nous répondons: il y a de quoi pleurer sur une argumentation aussi piteuse ! La Divinité se prête-t-elle donc à être donnée? Les gens de raison sont tous d'accord sur une pareille impossibilité. Et y a-t-il là autre chose qu'une pétition de principe ? sans le recours à aucune sorte de preuve en dehors des significations littérales que nous avons déjà expliquées et retirées dé leurs mains: Le fondateur de leur religion les a d'ailleurs lui-même interprétées, se défendant de les prendre d'une manière absolue et de les employer dans leur sens propre. 2- Passages ayant trait à l’humanité de 'Issa(as)Une
difficulté de ce genre, en outre, ne se tranche pas par simple
supposition et exige une argumentation par preuves solides, en
particulier pour un personnage dont la nature humaine est évidente,
clairement établie, avec tous ses tenants et aboutissants et toutes ses
notes “essentielles”, comme l’animalité, la parole, la fatigue, la faim,
la soif, le sommeil, la gestation dans le sein maternel, et la
souffrance, d’après ce qu’ils prétendent du moins, dans la Crucifixion,
où il a dit: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” [Marc 15:34] Or tout cela est contraire à la Divinité. a) Le figuier mauditComment peut-on le nier d’ailleurs, alors qu’on trouve dans l’Evangile de Marc ce qui suit: « Et le lendemain, ils sortirent de Béthanie et il eut faim. Et il aperçut de loin un figuier qui portait des feuilles. Il s’en approcha pour y chercher des fruits, mais lorsqu’ils s’en fut approché, il n’y trouva rien d’autre que des feuilles, car on n’était pas au temps des figues ». [Marc 11:12-13]Il a témoigné dans ce passage qu’il éprouvait la faim et qu’il croyait les choses autrement qu’elles n’étaient, car il crut que l’arbre portait des fruits, en quoi il se trompait; et il crut que c’était l’époque des figues ou bien que l’arbre avait porté des fruits en dehors de l’époque des figues, ce qui dans l’un ou l’autre cas était contraire à la réalité. On pourrait demander quel intérêt il y avait alors à détruire cet arbre? Nous répondons: il ne l’a fait que pour confirmer ses disciples dans leur foi et pour les porter à multiplier des œuvres capables d’obtenir, (entre autres) de pareils effets. Les prophètes et les saints, quand ils reçurent l’assurance du paradis, ce fut celle d’un paradis entouré d’épreuves rebutantes. Endurer la faim et l’accepter (de bonne grâce) compte parmi les éprouves les plus rudes; or les malheurs que l’on endure minent le rempart de la piété chez les initiés, et chez le vulgaire, entraînent la perte d’un grand nombre. En leur montrant donc une pareille action comme une conséquence des bonnes œuvres, il les engageait eux aussi à multiplier ce qui porte de tels fruits, mettait dans leur cœur le mépris des misères de la vie et de ses souffrances. Il montrait en outre que l’épreuve de la faim et de la souffrance envoyée aux Prophètes ne signifiait pas un manque de considération pour leur personne ou leur dignité, mais avait pour but de les tenter et de les éprouver. Celui qui aura supporté l’épreuve avec reconnaissance et soumission, sera capable d’accomplir de pareilles choses. Ce qui justifie encore cette interprétation, c’est le discours de Hadrat Issa à Pierre dans la suite de ce passage; alors que ce dernier lui avait dit: « Maître, ce figuier que tu as maudit, s’est desséché” - “Si vous aviez de la foi en Dieu, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un dit à cette montagne: ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et qu’il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit se fera, il le verra s’accomplir pour lui ». [Marc 11:21;23] Tout cela montre bien que le dessèchement de l’arbre n’est qu’un simple prodige, car il leur a conféré de pouvoir par la sainteté, transporter les montagnes et les jeter dans la mer, ce qui est plus considérable que de dessécher un arbre. Il y a encore une autre chose de ce genre qu’il a présentée dans l’Evangile et qu’il a expliquée clairement. C’est quand il a dit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui observe mes commandements fera les œuvres que je fais et de plus grandes encore il fera ». [Jean 14:12] Confirmation nous en est, d’ailleurs, donnée dans le passage même
que nous examinons où il est nettement question de la faim et de la recherche d’un
fruit sur l’arbre. Par là se trouve également renversée l’affirmation de celui qui
dit: “Il n’a accompli ce prodige que pour montrer qu’il avait le pouvoir de faire
périr ce qui est vivant”. b) Quatrième passage: L’ignorance du “jour et de l’heure”
c) Cinquième passage: « Celui que tu as envoyé, 'Issa (as) »
************************** La mise en page de la suite pour bientôt insha'Allah ************************** « Alors le Fils se soumettra à celui qui lui a soumis toutes choses ».
[1 Corinthiens 15: 28] Il attribue au Fils la soumission à Dieu le
Très-Haut lors de la Résurrection et c’est là fait des esclaves qui sont
soumis à la majesté divine. Il attribue, d’autre part, à Dieu, la
puissance de soumettre toutes choses à sa majesté, et c’est là le fait
de Dieu. Paul dit aussi dans son épître adressée aux Ephésiens: «
Je ne cesse de rendre grâces pour vous et de faire mémoire de vous dans
mes prières, afin que le Dieu de Notre Seigneur Jésus - Christ, le Père
de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de connaissance » [Ephésiens 1: 16-17].
Il exprime clairement ici que le don est sollicité du Dieu du Christ
Jésus et ayant dépeint Dieu comme le Père Glorieux, il le déclare le
Dieu du Christ, ce nom désignant chez eux la troisième essence. Il a fait les mêmes déclarations dans le livre des Epîtres, en disant: « Dieu est l’unique. Et le médiateur entre les hommes et Dieu, c’est l’ homme Jésus-Christ » [1 Timothée 2: 5]. Un texte évangélique dit clairement à son tour: « N’appelez
personne maître sur terre, vous n’avez qu’un seul maître, le Christ; et
n’appelez personne père sur terre, vous n’avez qu’un seul père, celui
qui est dans les Cieux »
[Matthieu 23: 9]. Il établit une distinction d’altérité, car 'Issa
(as) s’y attribue l’exclusivité de l’enseignement sur terre, et attribue
à Dieu la paternité exclusive. Dans son langage, quand il emploie le
terme “Père”, c’est Dieu qu’il veut désigner. Il aurait ainsi
décrit Dieu comme étant unique. Parlant ensuite de l’élévation de
Dieu(au-dessus de toute chose), il a ajouté: “Vous n’avez qu’un père celui qui est les cieux” [Matthieu 23: 9]. Ce passage est donné par Matthieu dans son évangile, chapitre 76 [3].
d) Sixième passage: “Moi, un homme qui vous ai dit la Vérité
3- Considérations sur le sens du mot “Hulûl” (Habitation divine dans l’âme; compénétration) le privilège théopathique spécial à 'Issa (as)Ici
doit intervenir une considération: c’est que l’emploi du langage
méthaphorique que nous venons d’étudier, c’est-à-dire l’usage du terme
de “hulul” et de l’expression “Moi et le Père nous sommes Un”,
n’a nullement été concédé, ni au fondateur de notre religion révélée
(Muhammed aleihissalâm) ni à aucun autre d’entre les musulmans. Mais
que, d’autre part, 'Issa (as) lui aussi était le fondateur d’une
religion révélée, et que chaque religion révélée jouit de privilèges qui
lui sont particuliers. Or, comme Hadrat ‘Isâ, lorsqu’il usait de ces
termes, s’est dégagé en proposant (aux Juifs) une comparaison, du
soupçon de les entendre suivant leur sens littéral, il demeure prouvé
qu’il avait bien été autorisé par Allah à en user librement et à
recourir à ce style métaphorique. 4- Récapitulation
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